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Politique Publié le lundi 7 juin 2010 | Nord-Sud

Pdci-Rda : Banny va-t-il fragiliser Bédié ?

© Nord-Sud Par Emma
Report de la marche du RHDP du 15 mai 2010 - Le président Bédié s`adresse aux Ivoiriens
Vendredi 14 mai 2010. Abidjan. Résidence du président du PDCI-RDA à Cocody. Le Président Henri Konan Bédié anime une conférence de presse pour expliquer la décision prise par la Conférence des leaders du Rhdp les 10 et 11 Mai 2010
La hache de guerre sera-t-elle déterrer à nouveau entre Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci-Rda) et son principal challenger de l'heure, Charles Konan Banny, ancien Premier ministre ? La question reste posée. Car, en attendant toute réponse sans équivoque des deux « frères », les agitations qui s'observent autour d'eux, laissent aisément penser que leurs relations qui s'étaient réchauffées après une période de brouille, couvent encore sous la cendre. Pour preuve, de jeunes gens, soutenus, pour l'heure, par des personnes non-fichées dans la direction du parti doyen se sont engagés pour la promotion de la candidature de Charles Konan Banny 68 ans en vue de la prochaine présidentielle. « Charles Konan Banny incarne le travail, la rigueur et l'honnêteté. Ces qualités manquent aujourd'hui sur la place. Il a exercé dans des institutions internationales, partout dans le monde, M. Banny est l'homme dont la Côte d'Ivoire a besoin. C'est lui, l'alternative véritable », ont argué les soutiens de Charles Konan Banny qui disent espérer fortement que celui-ci s'alignera pour la course à la prochaine présidentielle. L'ancien locataire de la primature a-t-il choisi d'avancer ses pions tout en restant dans l'ombre ? Malgré eux, certains cadres du Pdci-Rda sont persuadés de cela. Surtout que du côté du banquier, personne ne trouve à redire sur l'initiative d'Olivier Kouakou et de ses camarades qui ont donc donné naissance, ce week-end, à la Coordination de la jeunesse unie pour Banny (Cojub). Qui ne dit rien, consent, dit-on. Le deuxième signe palpable qui donne à penser que le prédécesseur de Louis André Dacoury-Tabley à la tête de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Beceao) n'est pas étranger à la menace qui plane sur la candidature et le fauteuil d'Henri Konan Bédié, c'est que l'initiative du Cojub intervient dans une campagne visant à remettre en cause la légitimité du candidat Bédié (notamment, en ressuscitant le débat sur l'âge de l'ancien chef de l'Etat). « Pourquoi insistons-nous tant à maintenir le président Bédié à la tête du Pdci-Rda ? Que peut-il encore nous prouver à 76 ans ? Il n'est absolument pas le seul qui a été formé par feu le président Félix Houphouët-Boigny pour lui succéder. Alors l'heure est venue pour lui de prendre une retraite bien méritée car il est grand temps qu'un plus jeune prenne la direction de notre parti si nous voulons gagner les prochaines élections présidentielles. A titre d'information, c'est le président Bédié lui-même qui aurait suggéré que la limite d'âge pour la présidence du Parti soit en deçà de 75 ans. Comment peut-il persister à se maintenir à la tête du Pdci-Rda alors qu'il en connaît la limite d'âge et espérer revenir au pouvoir malgré son âge ? », sont entre autres les critiques particulièrement acerbes formulées contre le sphinx de Daoukro. « Il est vrai que M. Banny a eu des divergence de vue avec son aîné, notamment après la dissolution du gouvernement en février dernier mais cela ne suffit pas à dire qu'il veut sa place. D'ailleurs, il ne fonctionne pas comme cela. N'oubliez pas qu'il est vice-président du parti et conseiller du président Henri Konan Bédié », confie un proche de l'ancien Premier ministre, convaincu qu'on « veut faire inutilement porter le chapeau » de ces agitations à Charles Konan Banny. Evidemment, les proches de l'ancien chef de l'Etat qui ont pris la mesure de la menace, ont jusque-là choisi de ne pas riposter. Elégants dans leur posture, ils auraient sans doute aimé que M. Banny se démarque des « anarchistes ». « C'est de la rêverie politique parce que le processus électoral avance. Nous n'allons pas toujours revenir en arrière. (…) Ils s'y prennent tard », leur oppose Niamkey Koffi, porte-parole du président Bédié que nous avons joint, hier. Tenant compte du parapluie dont dispose Henri Konan Bédié dont la candidature au prochain scrutin présidentiel a été validée par l'Accord de Linas-Marcoussis, ces « anarchistes » ont choisi, aujourd'hui, de battre campagne pour une réouverture des candidatures. Selon leur thèse, dès lors que la présidentielle n'a pu se tenir à la date du 29 novembre dernier, il convient d'ouvrir les candidatures. « Juridiquement, cela est possible puisque la constitution prescrit que les candidatures sont close 45 jours avant le scrutin. Vu que l'élection présidentielle n'a pu avoir lieu le 29 novembre 2009, il aurait été logique pour la Cei (Commission électorale indépendante, Ndlr) de rouvrir les candidatures, de sorte qu'elle les referme 45 jours avant l'élection », soutient Patrick N'Gouan, coordonnateur national de la Convention de la société civile ivoirienne (Csci) que nous avons contacté, hier. S'ils réussissent à faire passer leur idée, ils ouvriraient ainsi la voie de la course à leur mentor. Celui-ci a décidé de garder un silence pour le moins troublant qui ne rend pas service à son « frère » Bédié. « Il ne va pas répondre à chaque moment », nuance ses proches. Mais, la patience des partisans de Bédié n'est pas loin de ses limites.

Marc Dossa
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