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Économie Publié le jeudi 17 juin 2010 | Le Mandat

Filière Café-cacao / Comité de gestion - Les producteurs s’opposent à la reconduction d’Ano Gilbert

Président d’un comité de gestion mis en place le 19 septembre 2009, juste avant la campagne de commercialisation, Anoh Nguessan Gilbert devait disposer de sept mois pour mettre de l’ordre dans toutes les structures de la filière café-cacao en Côte d’Ivoire. Malheureusement, l’homme, selon les producteurs, n’a pas répondu à leurs attentes. C’est pourquoi, soutiennent-ils que la mission du Comité de gestion ne soit pas reconduite.

A la tête d’un comité provisoire comprenant également deux vice-présidents et les administrateurs de trois structures (la Bourse du café-cacao et le Fonds de régulation et de contrôle (FRC), l’Autorité de régulation du café et du cacao (ARCC), et, enfin, le Fonds de développement et de promotion des activités de producteurs de café et de cacao (FDPCC)) Anoh Nguessan Gilbert était chargé de réorganiser l’ensemble de la filière café-cacao en Côte d’Ivoire. Il était en charge d’un secteur qui rapporte chaque année plus de 200 milliards de F CFA à l’État ivoirien et qui fait vivre quelque 3 millions de producteurs. Seulement, voici que les producteurs se disent trahis par celui qui a été coopté par le chef de l’Etat pour reformer la filière. Des humeurs de contestations ont commencé à fuser de toutes parts. Dans des déclarations, des responsables de différents syndicats dont Bilé Bilé, président des agriculteurs de Côte d’Ivoire, ont fini par relever des faits de malversation à l’encontre d’Anoh N’ guessan Gilbert. Un signal pour signifier qu’il n’y a plus d’idylle entre les producteurs et le comité de gestion de la filière Café-Cacao mis en place par le Chef de l’Etat Laurent Gbagbo. En termes de bilan, M. Bilé Bilé avait estimé que la libéralisation de la filière Café-Cacao n’avait profité qu’aux gestionnaires de ladite filière nommés par décret, plutôt qu’aux producteurs. C’est dans ce contexte que les producteurs ont exigé la démission du président du comité de la reforme.

De la confiance à la méfiance
« Notre argent a encore été volé. M. Anoh Gilbert a pris sur lui de passer un contrat d’achat d’engins de travaux publics au profit de Forexi-SA, sur financement du fonds d’investissement en milieu rural (FIMR) », ces propos de M. Bilé Bilé avaient donné le ton de la crise de confiance qui régnait entre les producteurs et le comité de gestion de la reforme. En effet, aux dires de M. Bilé Bilé, les engins (bulldozers, graders, compacteurs, chargeuses) en provenance de la Chine, achetés par le président Anoh Gilbert, devaient permettre à l’entreprise Forexi-SA, d’entretenir les pistes villageoises en état de dégradation avancée, afin de faciliter l’évacuation de leurs produits. Le président des agriculteurs de Côte d’Ivoire, avait révélé que ces engins ont plutôt été retirés à Forexi-SA par M. Anoh Gilbert, pour être mis à la disposition d’entreprises privées auxquelles le président du comité de gestion a versé 4 milliards de f Cfa pour les travaux de reprofilage effectués, au moment où Forexi-SA traîne une ardoise de 1,5 milliards. Ces engins qui ont coûté 3.648.461.206 f Cfa sur la fiche de renseignement d’importation, sont revenus à 7,200 milliards de francs selon M. Anoh Gilbert. « La gestion scandaleuse de ce dernier a d’ailleurs entraîné la démission du DG de Forexi », a ajouté M. Bilé Bilé. Pour lui et l’ensemble des producteurs, l’arrivée du comité de gestion à la tête de la filière a fait plus de mal que de bien aux planteurs. En quatre mois, ce sont environ 44 milliards de f Cfa qui ont été dépensés, pour dit-on, éponger les dettes sur un solde créditeur disponible de 54 milliards. « Aucun justificatif, à ce jour, n’a pu être produit », avait précisé le président des planteurs de Côte d’Ivoire. Le producteur ivoirien qui était censé vivre décemment du fruit de ses durs labeurs, est aujourd’hui déçu. Car l’argent de la filière ne profite qu’aux bureaucrates et non aux producteurs. Face à tous ces faits, les producteurs de Côte d’Ivoire, exigent la démission de M. Anoh Gilbert, suivie de la dissolution du Comité National des sages et la mise en place d’un nouveau Comité de gestion.

Non à la prolongation
En principe, c’est le 23 juin 2010 prochain, que devrait prendre fin la mission reconduite par décrets. Pour protester contre toute éventuelle reconduction de cette mission, le Syndicat National des Producteurs Individuels de Café et de Cacao en Côte d'Ivoire (SNAPRICC-CI) qui reste opposé à cela, entend rester vigilant quant à la suite que donnera le chef de l’Etat. Ils souhaitent cependant que leur volonté de ne plus voir reconduite la mission provisoire du Comité de Gestion de la Filière Café et Cacao (CGFCC) et de son Comité des Sages de la Filière Café-Cacao, soit prise en compte par le président Gbagbo. Parce que pour eux, trop souvent, dans notre pays, des missions provisoires se muent malheureusement en mission définitive. « La Filière Café-Cacao a besoin d'une bonne lisibilité et d'une parfaite orientation au moment où la crise ivoirienne semble s'achever, selon les dires des hommes et femmes politiques. Nous ne souhaitons pas que le CGFCC soit reconduit dans ses missions qui n'ont pas été positives pour notre portefeuille, dans aucun cas. Nous faisons confiance au Président de la République de Côte d'Ivoire pour arrêter "l'hémorragie financière" décriée par tous, et dont souffre notre corporation, à la veille des élections générales en Côte d'Ivoire », soutiennent-ils. A la vérité, les remous et malversations dans la filière café-cacao pouvaient déboucher, sans intervention énergique de la puissance publique, à la sape du leadership économique sous-régional du pays. Qu’a gagné, en fait, l’Etat, en libéralisant cette filière, en optant pour le « laisser-aller et le laisser-faire » dans un secteur qui, naguère, lui a procuré à travers la Caistab, des moyens nécessaires au financement de nombreux projets régaliens ? Rien ! Vraiment rien ! Car, depuis la fameuse libéralisation, les conditions de vie des producteurs ne se sont guère améliorées plus que par le passé, les prix bord champ fixés n’ayant jamais été respectés. Le comité de gestion venu aussi à la rescousse, n’a pas été à la hauteur de la tâche comme l’ont toujours dit les producteurs. Leur cri de détresse sera-t-il pris en compte ? Attendons de voir.
Jules César
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