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Politique Publié le jeudi 17 juin 2010 | Le Patriote

Touré Mamadou, président de la CPC: "Les jeunes marocains sont fortement représentés dans les instances de leurs formations politiques"

© Le Patriote Par DR
Politique / Coalition pour le changement (Cpc): Le président Touré Mamadou, face à la presse
Mercredi 28 avril 2010. Abidjan, Hôtel du Golf


Vous revenez d’un voyage au Maroc où vous aviez pris part au comité exécutif de la jeunesse arabo-africaine. Que peut-on retenir de votre séjour au royaume chérifien ?

Ce que l’on peut retenir, ce sont 3 jours d’intenses activités. Tout d’abord, nous avons tenu à Rabat, notre deuxième comité exécutif au niveau du conseil de la jeunesse Arabo-africaine. Le conseil, je le rappelle, regroupe les organisations de jeunesses des pays africains (les conseils nationaux de jeunesses) et du monde arabe. Cette réunion avait pour objectif de valider le budget du CJAA, faire le point dans le suivi de nos activités depuis la première réunion qui s’est tenue l’année dernière, en décembre à Damas en Syrie. En marge de ce comité, nous avons été aussi invités au congrès de la jeunesse de l’Istiqlal qui est le parti au pouvoir au Maroc. C’est le parti de l’actuel Premier ministre El Fassi. C’est aussi ce parti qui a donné au Maroc son indépendance. Ce qui m’a beaucoup frappé c’est le niveau de formation, d’engagement et de maturité politique de la jeunesse marocaine. Là, où sous nos cieux les congrès des jeunes donnent lieux à des bagarres, souvent même avec des machettes où à des fraudes et manipulations de toutes sortes, à Rabat, les jeunes de l’Istiqlal, ont avec nous, pendant deux jours réfléchis sur des thèmes comme « jeunesse diplomatie et relations internationales », « jeunesse, formation et emploi », « jeunesse et développement », etc. Tous ces thèmes ont permis à cette jeunesse de faire ressortir sa propre vision de son avenir et de celle de leur pays.

La jeunesse arabo-africaine est une organisation qui n’est pas suffisamment connue en Côte d'Ivoire, quel est son domaine d’intervention et quelle place la Côte d’Ivoire occupe-t-elle au sein de ses instances ?

Le fait que cette organisation ne soit pas connue en Côte d’Ivoire est peut-être lié à la situation du pays. Dans la plupart des pays africains, dans le cadre des programmes jeunes, il y a un processus de mise en place des Conseils Nationaux de Jeunesse (CNJ). Les CNJ regroupent toutes les organisations de jeunesse dans un pays, qu’elles soient politiques ou de la société civile. Ces conseils existent au Ghana, au Burkina Faso, au Sénégal, en Ouganda, au Cameroun, au Mali, au Nigeria, au Niger, en Angola, bref dans pratiquement tous les pays africains où elles sont de véritables institutions. Tous les programmes jeunes passent par elles. Les conseils de la jeunesse arabo-africaine regroupent les CNJ pour l’Afrique et les organisations nationales de jeunesse pour les pays arabes. La Côte d’Ivoire n’a pas de Conseil National de Jeunesse, elle est en retard sur les autres pays africains. C’est vrai que j’y suis, avec le MIRA que je dirige, au titre de la jeunesse de la diaspora, mais en tant qu’ivoirien j’ai pu lutter pour obtenir lors de la dernière réunion, que la Côte d’Ivoire puisse être représentée au sein du Conseil en attendant qu’on ait un jour un CNJ. Nous allons donc y travailler pour que la prochaine réunion qui se tiendra en octobre en Libye, notre pays y soit représenté. Le conseil intervient sur toutes les questions liées à la jeunesse et à son épanouissement ; des questions de démocratie, de droit de l’homme, d’emploi, d’éducation, de développement et d’intégration entre les pays africains.

Quels ont été les grands thèmes qui ont été développés au cours de ce comité exécutif de Rabat ?

Au-delà des questions de budgets, nous avons établi notre agenda de travail pour les prochains mois. Le conseil a décidé de lancer un projet de coopération sud-sud au niveau de la jeunesse. Vous savez que nos états africains ont décidé avec leurs pairs de l’Amérique latine et de l’Asie, de créer des cadres de coopérations dans plusieurs domaines comme, l’éducation, les infrastructures, les NTIC, etc. J’ai été choisi par le conseil pour diriger le projet de création de cadre entre les jeunesses du continent Africain et celles de l’Amérique latine. D'ailleurs, une rencontre mondiale des jeunes se tiendra fin août au Mexique. En marge de cette rencontre, l’initiative sera lancée. Deux autres grandes rencontres mondiales auront lieu au niveau de la jeunesse, d’abord du 31 juillet au 13 août en Turquie et ensuite en décembre en Afrique du Sud. À ces rencontres, j’utiliserai ma position actuelle au sein du conseil, pour faire participer des organisations de jeunesses de notre pays.

Qu’est ce que la Côte d’Ivoire peut gagner en adhérant à cette organisation ?

D'abord, ce sont des cadres de collaboration entre jeunes venant d’horizons divers. Ces cadres nous permettent d’échanger vos visions et nos expériences. Nous définissons nous même nos priorités et nos actions. Ce que le pays gagne, ce sont des expériences nouvelles pour sa jeunesse et comme je vous l’ai dit plus haut, le Conseil intervient dans les questions de développement, dans le domaine des droits de l’homme, dans l’encadrement, la formation et le financement de certains projets jeunes. Tout ceci pourrait intéresser la jeunesse ivoirienne.

Vous vous frottez à des jeunes du Maghreb, du Moyen-Orient et d’autres pays africains. Qu’est ce que vous pouvez dire de la jeunesse ivoirienne en termes de comparaison à ces jeunes ?

Le premier constat est que notre jeunesse est insuffisamment représentée au niveau des organisations internationales de jeunesses. Là où des pays comme le Sénégal, le Nigéria ou l’Afrique du Sud sont très actifs. J’ai été très frappé par le niveau de culture politique et le niveau d’organisation de la jeunesse marocaine. Au niveau national, la représentativité de la jeunesse ivoirienne reste faible. Au niveau du parti au pouvoir au Maroc par exemple, il y a un quota de 20 % qui est réservé aux jeunes au sein de toutes les instances du parti, cette jeunesse est partie prenante à la prise des décisions et à leurs mises en œuvre. Des quotas sont aussi prévus au niveau du parlement, des conseils municipaux ou même des conseils régionaux. Ici malheureusement, le constat qui est fait est que nous avons encore un combat à mener à ce niveau. La jeunesse n’est qu’un instrument, alors qu’elle représente près de 70 % de la population. Je suis un peu déçu de la place qu’on lui accorde et de l’image qu’elle-même renvoie dans l’opinion.

Il existe pourtant des structures de jeunesse dans tous les partis politiques, comment se fait-il que la jeunesse soit à la traine ?

Je peux énoncer deux explications. Il y a d’abord la responsabilité de la jeunesse elle-même et ensuite celle des aînés. Au niveau des aînés, il y a eu une rupture en termes de promotion de la jeunesse depuis la mort du Président Houphouët Boigny. De 1946 jusqu’à sa mort, le Président Houphouët a réussi à faire émerger à différentes époques des jeunes sans qu’il y ait une rupture entre les générations. On a eu la première vague qu’on a appelée « génération 46 ». Après cette première vague, il y’a en eu d’autres en qui le président Houphouët à fait confiance très tôt. Tous ceux que vous voyez aujourd’hui, surtout les anciens du PDCI, ont eu à occuper des responsabilités politiques et administratives très jeunes. Le Président Bédié ambassadeur à 26 ans, Mr Jean Konan Banny, ministre à 29 ans. Ceux à qui Houphouët a fait confiance ont opéré une rupture en termes de relais. À partir de 1990, il y a eu un tournant décisif et négatif pour la jeunesse. Elle est devenue un instrument de lutte politique et rien d’autre, surtout avec le FPI. Sa formation, tant sur le plan académique que politique ou citoyenne est passée en second plan. Cela sert de prétexte à un manque de volonté politique réelle pour la faire émerger et lui accorder toute la place qu’elle devait occuper au niveau de la société et dans les instances des partis politiques. Aucune politique cohérente en sa faveur depuis le départ d’Alassane Ouattara de la primature en 1993. La jeunesse du fait de sa situation précaire (80% des chômeurs selon les chiffres officiels), ne peut être qu’une proie facile. Avec l’arrivée du FPI aux affaires, cette instrumentalisation s’est accentuée. À cela s’ajoute une certaine déchéance morale. Ceux qui sont censés lui donner l’exemple, ou être pour elle des repères ont failli à leurs missions. Ceux dont on fait les promotions dans l’administration publique aujourd’hui ne sont par forcement les meilleurs qui sortent des universités et grandes écoles. Pourtant, l’on trouve encore ici comme ailleurs, de nombreux jeunes Ivoiriens modèles, cadres ou pas. Nous avons aujourd’hui de jeunes entrepreneurs, de jeunes avocats, de jeunes médecins, ingénieurs, banquiers ou artisans. Leur présence dans les formations politiques, permettra d’y relever le niveau des débats. Je souhaite ardemment que mon candidat, Alassane Ouattara, arrive au pouvoir pour renverser cette situation. La politique ne doit pas être le refuge de ceux qui ont échoué ailleurs ou espèrent y trouver un moyen d’ascension rapide, en prenant des raccourcis.

Faut-il pourtant désespérer de cette jeunesse ?

Désespérer de la jeunesse ivoirienne, c’est désespérer de l’avenir de la Côte d’Ivoire. Nous pensons qu’il faut créer des cadres et des conditions pour permettre à cette jeunesse de s’exprimer et de la meilleure manière. Il faut surtout lui faire confiance. Nous sommes pour qu’il y’ait une meilleure représentativité dans la société. Les jeunes ne doivent pas être réduits à assurer la sécurité, à ramasser des chaises ou à installer des bâches au cours des meetings et autres rencontres politiques. Une jeunesse réduite à exécuter sans possibilité d’être à la conception des choses, surtout en ce qui la concerne. Ce combat, nous allons le mener aussi.

Le processus électoral semble encore piétiner et nous n’avons toujours pas un chronogramme pour les élections, quelle est la position de la CPC par rapport à cette situation ?

Ce qui se passe en ce moment est révoltant, mais souffrez que je vous réserve ma position et celle de la coalition pour le changement pour ce dimanche 20 juin. Nous organisons une importante assemblée générale extraordinaire qui regroupera à Anyama à partir de 10 h avec toutes les structures membres, en plus des coordinations et des universités des temps libres. Cette assemblée sera combinée avec un séminaire sur l’évolution du processus électoral. Après cet exercice, nous ferons savoir notre lecture de la situation et les actions à mener. Une chose est sûre, nous ne resterons pas les bras croisés.

Source :www. ivoircampagne.net
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