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Politique Publié le mercredi 23 juin 2010 | Nuit & Jour

Désarmement des ex-rebelles - Pourquoi il faut y croire

© Nuit & Jour Par Guy Lasme
Regroupement et encasernement des ex combattants : Rencontre des FAFN à Bouaké.
le général Soumaïla Bakayoko a animé une conférence de presse le jeudi 27 mai 2010 à Bouaké pour annoncer la date du début du regroupement et de l`encasernement des ex combattants FAFN.
Anonncé pour le 15 juin dernier, le début du désarmement des ex-combattants des Forces Nouvelles a effectivement eu lieu. Cette fois pourrait être la bonne. Pour au moins une raison.

Le mardi 15 juin dernier, s’est déroulée à Korhogo, comme annoncé, la cérémonie d’encasernement des ex-combattants de l’ex-rébellion. Mais, s’il faut se réjouir de l’effectivité de cette opération, il y a cependant lieu de s’interroger sur la réelle volonté des Forces Nouvelles à désarmer leurs troupes. Puisque seulement 500 ex-rebelles ont déposé les armes ce jour-là. Or, les FN revendiquent des dizaines de milliers d’ex-combattants. Et l’arsenal déposé ne dépasse pas les 500 fusils. Ainsi, au-delà du nombre très réduit d’ex-rebelles qui se sont délestés de leurs armes, ce qui pose problème, c’est la quantité d’armes déposées : 500 fusils ! « Nonobstant les problèmes de trésorerie de l’Etat, la question du désarmement doit faire partie des priorités du gouvernement car, la guerre coûte cher, mais la paix n’a pas de prix » a indiqué Soumaïla Bakayoko, Cema des FAFN.
Certes, un filet sécuritaire a été prévu pour les ex-combattants démobilisés et désarmés afin de faciliter leur insertion sociale. Mais, cela ne saurait constituer un obstacle. D’autant que l’Etat de Côte d’Ivoire a des problèmes de trésorerie.
En tout état de cause, les FN tiennent là l’occasion de démontrer et leur volonté de paix et leur patriotisme. Co-signataires de l’Accord politique de Ouagadougou (APO), elles ne peuvent, sauf à se renier, faire moins. Elles ont d’ailleurs déjà mis trop de temps à passer à l’acte.
D’autant que de la réussite de cette opération dépend, pour partie, la sortie de crise. Il est vrai que la question du filet sécuritaire est importante mais, vu la situation économique du pays, était-il juste et pertinent de lui subordonner le début du désarmement ?

Aucune arme lourde n’a été déposée

C’est pourquoi, le respect de la date du 15 juin dernier est un signal fort qui mérite d’être salué. Il marque à la fois la bonne foi et l’engagement des FN à aller à la paix. Mais pas seulement. Puisqu’il contribue aussi au retour de la confiance entre Ivoiriens. Car tant que les FN garderont leurs armes, il est douteux de croire à un retour effectif et durable de la normalité.
Mais le seul hic, on l’a dit, ce sont, et le petit nombre d’ex-combattants qui ont répondu à l’appel et le très faible niveau d’armes déposées. Sans parler de leur qualité : des pistolets et des fusils. Aucune arme lourde n’a donc été déposée !
Comment ne pas penser à une autre opération du même type. Précédés d’un battage médiatique digne du grand évènement qu’il était censé être, le désarmement et la démobilisation des milices du Grand Ouest s’étaient révélés au final, comme une grosse farce. Qu’on en juge. Alors que le chef de ces milices revendiquait plus de 10 mille combattants, l’on ne vit que 1027 fusils, des machettes et quelques lance-pierres ! Et dire que cela s’est passé devant les caméras de la télévision et les projecteurs des photographes.
De surcroît, en présence du Chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Et depuis, plus personne ne parle du désarmement des milices ou groupes d’auto-défense. « Le désarmement des milices du grand Ouest est achevé… » avait alors déclaré Kadet Bertin, conseiller spécial de Laurent Gbagbo chargé des questions militaires. Comparaison n’est certes pas raison. Mais, il faut craindre que le désarmement des ex-combattants des FN ne suive le même schéma. Et déjà, ici et là, des voix se sont élevées pour dénoncer ce qu’elles qualifient de farce. « C’est une farce… non seulement, ils ont juste maquillé leur refus du désarmement mais, leur patron prétexte de problèmes financiers pour retarder le réel désarmement tant attendu… » écrit, entre autres amabilités, le Dr. Guehoun dans le quotidien Le Temps du samedi 19 juin dernier. Il dit là tout haut ce que de nombreuses personnes ont pensé après la cérémonie du 15 juin dernier qui a marqué le début du désarmement à Korhogo.

Les rébellions finissent souvent comme elles ont commencée

Vrai ou faux ? Il appartient désormais aux FN et à elles seules, de faire mentir leurs contempteurs. Ou alors, il faudra désespérer des ex-rebelles. Ce sera alors la preuve que la question du financement n’est qu’un prétexte et qu’elles ne sont pas prêtes à déposer les armes. Mais, elles devront savoir qu’aucune rébellion n’a défié le temps. Car les rébellions finissent souvent comme elles ont commencé : dans la violence et le sang.
Le désarmement volontaire de l’ex-rébellion pourrait donc à la fois lui éviter une fin brutale et lui assurer des lendemains meilleurs.
Le désarmement constitue donc pour les FN la voie de la libération de la Côte d’Ivoire et de la liberté. C’est pourquoi, le général Soumaïla Bakayoko et ses collaborateurs gagneraient à ne pas jeter le manche après la cognée.
Et si l’Etat de Côte d’Ivoire ne peut faire face seul au financement du désarmement, la communauté internationale qui n’a jamais mégoté son soutien à la sortie de crise pourrait aussi mettre la main à la poche. Et qu’est-ce qui pourraient mieux décider celle-ci à venir à la rescousse que la bonne volonté et la détermination des Forces Nouvelles à désarmer leurs troupes ?
Cette fois pourrait donc être la bonne. Pourquoi ne pas y croire ? Si le désarmement volontaire a été préféré au désarment forcé, les FN n’ont aucune raison de laisser croire que la communauté internationale s’est fourvoyée. Il est donc temps que les choses s’enclenchent dans le bon sens. Pour une sortie de crise heureuse. Tout le monde y gagne. Et plus encore, les ex-rebelles qui, de prisonniers de la guerre, deviendront alors des acteurs de paix. C’est tout le mal qu’on pourrait leur souhaiter.

Jean Henri Kwahulé
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