Désarmement : Gbagbo est-il sincère?

Le désarmement des ex-rebelles que réclame à cor et à cri la minorité présidentielle cachait en effet bien des desseins inavoués. Laurent Gbagbo n’a jamais digéré son échec dans la reconquête des zones centre-nord et ouest par les armes en novembre 2004. Les révélations du commandant Abéhi Jean Noël, commandant du Groupe d’escadron blindé (GEB) de la Gendarmerie, dans les colonnes de notre confrère l’Inter, annoncent une victoire de son Armée sur l’ennemi, les Forces nouvelles. Celui qui parle ainsi lors de sa retraite spirituelle à Lourdes (France) n’est pas n’importe qui. Il fait partie du carré restreint des officiers qui répondent directement aux instructions de la première Dame, Simone Gbagbo. Le chef de l’Etat l’a maintes fois répété, les rebellions dans le monde ont le même destin. Soit, elles disparaissent par une guerre interne entre factions soit elles sont rongées par le temps puis matées par le «pouvoir légitime».
Le commandant Abéhi Jean Noël qui piaffe d’impatience par rapport au plan B vis-à-vis des ex-rebelles a fini par craquer. Si officiellement, les Forces nouvelles n’ont pas réagi aux déclarations, il n’en demeure pas moins qu’elles ont saisi toute la gravité des propos du commandant du GEB. En cas d’offensive sur la zone CNO, cette unité de la Gendarmerie Nationale sera en première position avec le Bataillon blindé (BB) et la section blindée de la Garde Républicaine.
Le démantèlement du dispositif sécuritaire des ex-rebelles dans le cadre du processus de désarmement en cours va de toute évidence désarticuler leur système en cas d’une offensive sur cette zone. Ainsi, ils seront du pain béni pour un adversaire qui en fera une bouchée. Ce régime a la particularité d’énoncer et d’annoncer publiquement les choses avant de passer à l’acte. Chacun peut donc faire ses approvisionnements en attendant l’apocalypse. La guerre est au bout des lèvres…
Coulibaly Brahima