Gagnoa : Deux coureurs de jupon se battent pour une femme

Pour l’amour d’une femme, deux collègues ont foulé au pied le respect mutuel qui devait en principe exister entre les membres d’un même corps de métier. Ils se nomment Kouadio Kouassi, 31 ans, vigile dans une société de la place et Coulibaly Mory, veilleur de nuit, 51 ans. Tous deux travaillent sur le même périmètre. Une voie bitumée sépare les magasins que surveille Kouadio de la villa sur laquelle veille Mory. La proximité de leur lieu de travaille aidant, les deux hommes sont presque tous les soirs ensemble pour éloigner les bandits des biens à eux confiés. Hélas, cette bonne entente sera mise à rude épreuve lorsque Kouadio fait la connaissance une charmante jeune fille, dont il tombe éperdument amoureux. Chaque soir, elle vient tenir compagnie à son amoureux. Kouadio ignore même l’existence de Mory son collègue d’en face à qui il n’ose pas présenter sa nouvelle conquête. Le collègue digère mal l’intrusion de la jeune fille entre Kouadio et lui. On ne sait par quelle magie, Mory retourne la situation en sa faveur. La jeune fille change de camp. Et, elle n’a d’yeux que pour Mory dont elle s’enamoure au nez et à la barbe de Kouadio. Celui-ci se sent victime de ce qu’on appelle ici prosaïquement ‘’tapez dos’’. Dès lors, l’amitié est fichue entre les deux gardiens. Mory prend même des dispositions pour éloigner davantage son collègue de la jeune fille. « Cette femme là, si tu ne la laisses pas, tu verras ce qui va se passer », menace Mory. « Il me narguait constamment et j’ai informé son patron », rétorque Kouadio à la barre, habillé en treillis noir à l’effigie de la société qui l’emploie. Et chaussé d’une paire de rangers luisante. Le feu qui attisait leurs ressentiments s’embraser le 5 juin 2010 à 2h du matin. «Il a été le premier à me donner un coup de poing au visage, j’ai riposté en utilisant ma matraque », reconnaît Kouadio. « Pendant qu’il me battait avec son arme en caoutchouc durci, je n’ai pas réagi, parce que si je lui portais main les conséquences allaient être désastreuses », a rétorqué le veilleur de nuit qui a vu son calvaire prendre fin cette nuit là grâce à l’intervention d’une patrouille de police. Néanmoins il a fait une incapacité temporaire de travail de dix jours. Muni de son certificat médical, il porte plainte contre son adversaire pour coups et blessures volontaires. Le tribunal retiendra contre chacun d’eux 3 mois de prison avec sursis. Au titre des amendes, Kouadio est sommé de payer à son adversaire 100 mille francs. Celui-ci en retour doit payer 70 mille francs à Kouadio. C’est dire que Kouadio ne fera que rembourser les 30 mille francs engagés par Mory dans l’établissement de son certificat médical.

Alain Kpapo à Gagnoa