A l’occasion de la date de la présidentielle - Gbagbo tremble et se cache derrière l’Armée

Il est pris à son propre piège. Laurent Gbagbo, le camarade socialiste, « l’enfant des élections », croyait pouvoir se dérober à la présidentielle et la renvoyer régulièrement aux calendes grecques. Devant l’insistance des Ivoiriens et de la classe politique, il a fini par donner une date. Le 31 octobre prochain, la Côte d’Ivoire se choisira un nouveau président, pour conduire ses destinées. En dépit de ses nombreux sondages, commandés et commandités, l’ancien opposant historique ne croit nullement pouvoir venir à bout de ses principaux concurrents que sont Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. Depuis lors, il cherche des voies et moyens, pour confisquer les rênes du pouvoir. Après la tentative d’intimidation, développée par sa métaphore de la brousse brûlée, des « herbes jaunies » et des « arbres déracinés », synonyme de lutte pour la survie, Gbagbo vient de se trouver un allié pour la présidentielle : L’armée. Le 7 août dernier, au Palais Président, il a lié son destin, voire sa survie politique à celle de son armée. Il l’a dit sans détour : « Il y a beaucoup de gens qui circulaient dans les casernes, la nuit, en disant ; « faites ceci ou cela ». Les officiers sont là : si moi, je tombe, ils tombent aussi. Il y en a qui croient qu’un coup d’Etat est facile ! C’est comme un édifice qui a plusieurs poteaux. Si tu le fais, tes poteaux tombent aussi. Je voulais féliciter l’armée qui est restée républicaine ». Ce discours étonnant pour un homme qui se présente comme un démocrate véhicule sans nul doute deux messages. Le premier, c’est certain, démontre que les galons décernés aux officiers supérieurs de son armée, ne répondent à aucune logique, si ce n’est de la pure complaisance. Avec pour objectif majeur, de les attendrir. Le second, c’est de lier leur destin à la pérennité de son régime avec la présidentielle à venir. S’il perd les rênes du pouvoir, eux perdront leur poste et privilèges. Un tel discours, il faut en convenir, est une menace pour la transparence du scrutin à venir et surtout, fait planer le spectre du chaos sur notre pays. Le danger est réel, si les évènements d’octobre 2000, où une grande partie de la « Grande Muette » a pris fait et cause pour Gbagbo, devraient se répéter. Comment vouloir des élections transparentes et démocratiques en faisant entrer l’armée en politique ? En quoi une armée qui a l’obligation d’assurer la sécurité du pays peut-elle s’arrimer au destin d’un président dont le mandat est inscrit dans un temps bien déterminé ? Le 7 Août dernier, le vrai Gbagbo a parlé. L’homme qui se veut « un enfant des élections » et qui, la veille, lors de son message à la nation, nous promettait « un Etat démocratique » ne veut pas lâcher le pouvoir. Au prix de la force, il entend se succéder à lui-même. Ouvrant donc, pour la Côte d’Ivoire, le temps de toutes les aventures. C’est à croire que Gbagbo a définitivement compris que la prochaine présidentielle pourrait être la dernière pour lui. Indubitablement, il est effrayé par cette perspective.

Bakary Nimaga