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Société Publié le mercredi 11 août 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Santé / Cinquantenaire de l’indépendance : Quelle protection sociale pour la Cote d’Ivoire ?

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Fatchwé festival : Déroulement des festivités.
Déroulement de la 1ère édition du fatchwé festival dans le cadre de la célébration du cinquantenaire dans le district d`Abidjan du 31 juillet au 08 août 2010. Photo : Le carnaval.
Après son accession à l’indépendance en 1960, la Côte d’Ivoire, à l’instar de nombreux pays d’Afrique noire, sous la houlette du Président Houphouët-Boigny, s’est engagée dans la modernisation de son économie. Soutenue par une agriculture (café, cacao) en plein essor, bénéficiant de meilleurs prix internationaux, notre pays a mis en place une administration appuyée par une brochette d’entreprises publiques. L’option du libéralisme économique et la stabilité politique ont favorisé l’émergence d’un secteur privé dynamique. Une telle embellie économique ne pouvait que permettre une politique sociale selon les normes internationales. Ainsi la CNPS, la CGRAE, la MUGEFCI ont vu le jour pour jeter les bases de la sécurité sociale à l’ivoirienne.Les employés du privé et les fonctionnaires pouvaient désormais cotiser pour la prise en charge des risques sociaux liés à leur travail, à savoir la retraite, la maladie, les accidents de travail et la maternité. A ce système assurantiel qui veut que le bénéficiaire ait au préalable cotisé, le président Houphouët a ajouté une politique de gratuité des soins, des primes diverses aux fonctionnaires, la gratuité des transports pour les élèves et étudiants, des bourses pour les démunis, etc. Cette forme d’état-providence pouvait être assimilée à une protection sociale acceptable. 50 ans après notre indépendance, que reste-t-il de cette politique ? Il n’est plus à le nier, notre protection sociale a été laminée par les programmes d’ajustement structurel (PAS). La gratuité des soins à été supprimée sans compensation. Cette élection présidentielle sera l’occasion, à jamais, de situer les responsabilités. La suppression de la gratuité des soins a été d’autant plus ressentie que la santé est le risque social qui cause le plus de désagréments dans une famille, une communauté. C’est cela qui explique que dans toutes les politiques sociales institutionnelles à travers le monde, le financement de la santé constitue la préoccupation prépondérante. C’est cela qui justifie aussi l’engagement qui est le nôtre pour l’assurance maladie universelle (AMU). Aujourd’hui, le débat sur le financement de la santé en Afrique suscite des intérêts au delà même des frontières du continent. Les ivoiriens qui viennent de fêter le cinquantenaire de leur indépendance doivent y prendre part. Cette élection présidentielle sera donc l’occasion de les éclairer sur l’importance d’un système national comme l’AMU pour l’ensemble de la population, surtout les pauvres. Car ce système permettra essentiellement le financement public de la santé. Le moment sera propice de démontrer que la mutualisation qui a déjà échoué en Afrique et qui est présentée par certains candidats comme l’alternative à l’AMU, n’est pas la solution, car dangereuse pour notre pays ; du fait qu’elle favorise essentiellement le financement privé de la santé. Toutes les statistiques s’accordent d’ailleurs à reconnaître que la protection sociale est de bonne qualité dans un pays quand, dans la part du produit intérieur brut (PIB) consacrée à la santé, plus de 50% provient de l’apport public. L’AMU devra donc être le socle de notre protection sociale. Cependant, une protection sociale satisfaisante exige qu’on aille au delà de l’AMU pour étendre les formules classiques de la couverture sociale à tout ivoirien qui occupe un emploi, quelle que soit sa rémunération, afin que la solidarité nationale repose d’abord sur la solidarité professionnelle. Pour cela, une réforme du secteur du travail est nécessaire pour lutter contre la précarité de l’emploi. Ainsi, tout emploi doit être immatriculé, protégé afin que l’employé finance sa sécurité sociale par des cotisations et qu’il ne soit plus licencié abusivement par son employeur. Cela exige aussi que le combat contre l’économie informelle soit mené avec courage, rigueur et intelligence pour faire la place à une économie formelle, fortement contributive. Toutes ces réformes ne seront effectives que si le ministère des affaires sociales cesse d’être le dernier des ministères dans notre pays. Mieux, ce ministère et celui du travail devront être fusionnés dans le but de permettre enfin au travail de financer la sécurité sociale. Après 50 ans, la Côte d’Ivoire dont l’économie regorge de potentialités énormes doit mener ce combat, car elle mérite une meilleure protection sociale.

Donatien Robe
Président de «Orphelins secours Côte d’Ivoire»
Spécialiste de la protection sociale
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