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Politique Publié le jeudi 12 août 2010 | Le Patriote

A propos des dénonciations calomnieuses - Doumbia Brahima (RDR Elections) aux militant du rdr : “Ne vous laissez pas intimider!”

La direction centrale de campagne d’ADO chargée des questions électorales, élève une vive protestation contre les opérations de dénonciation entreprises par le FPI. Doumbia Brahima, DCCQE adjoint, analyse la situation et appelle les militants du RDR à la détermination et à ne pas se laisser intimider par les activistes du FPI.

Le Patriote : Le contentieux sur la liste électorale a pris fin. Pouvez-vous nous faire un point à cet stade de l’opération ?
Doumbia Brahima : Ce que nous pouvons dire, c’est que la réception des demandes de réclamations par les différentes CEI locales est terminée. Certaines CEI à l’intérieur du pays ont déjà statué sur ces demandes de réclamation. D’autres sont dans le délai de 5 jours d’observation. Donc sur la phase suivante, c’est-à-dire la phase judiciaire qui commence.

LP : Que pensez-vous à ce niveau des demandes de radiations abusives annoncées ça et là?
DB : Effectivement, les deux derniers jours ont été marqués par les demandes massives de radiations venant principalement du FPI et de ses responsables locaux. Je dois dire que les populations ivoiriennes ne se sont pas associées à cette opération. Les demandes de radiation émanent essentiellement des Directeurs de campagne de Gbagbo et responsables locaux, c’est-à-dire, les députés, les maires, les présidents des conseils généraux du FPI. Ces demandes de radiations portent essentiellement sur une catégorie d’Ivoiriens. Ce sont les populations du Nord ou ceux qui ont des noms à consonance nordiste. Deuxièmement, les demandes de radiations ne sont accompagnées d’aucune preuve matérielle. Je prends par exemple le cas de Zuénoula où le président du Conseil général qui est du FPI a demandé la radiation de plusieurs personnes sur la base farfelue, ridicule que leur jugement supplétif serait établi postérieurement à leur date de naissance. C’est une grave erreur, une grave méconnaissance des choses car un jugement supplétif, c’est une pièce qui est faite justement après la naissance du pétitionnaire (c’est le cas des audiences foraines qui ont octroyé en 2009 des jugements supplétifs à des milliers d’Ivoiriens). Donc un jugement supplétif peut être établi 50 ans après la naissance du pétitionnaire. Pour un responsable, c’est grave de méconnaître cela. A moins qu’il n’abuse tout simplement des Ivoiriens. En fait, c’est une stratégie savamment planifiée dans les officines du FPI. La plupart des documents qui accompagnent ces dénonciations calomnieuses sont rédigés dans les mêmes termes. Par ailleurs, le FPI fait croire qu’il y a un fichier d’étranger et que cela aurait été prouvé par l’INS, l’ONI et la SAGEM. C’est archi-faux. Il n’ y a aucun document dans ce sens. Car tout le monde sait que dans le cadre de l’élaboration de la liste provisoire, il y a eu des fichiers dits historiques qui ont permis de faire le croisement. Le résultat de tous ces croisements a été prouvé par toutes les structures techniques et tous les leaders politiques, après avoir été validé par le groupe de travail sur l’identification. D’où vient alors ce prétendu fichier confectionné par le FPI ? Nous les voyons venir. Le FPI fait du faux et usage du faux pour atteindre un objectif bien précis.

LP : Comment expliquez-vous cette frénésie du FPI à la dernière minute à chercher à radier autant de personnes de la liste électorale ?
DB : Les gens du FPI sont pris par une peur panique, parce qu’ils savent que, n’ayant pas des projets à proposer aux Ivoiriens, la sanction du peuple leur sera fatale, c’est tout cela qui les effraie. Donc, cette perspective les effraie. C’est pourquoi, ils se sont donnés comme pour mission de faire radier des milliers d’Ivoiriens de la liste électorale de manière aussi saugrenue. L’objectif est de se tailler une liste électorale. C’est un rêve irréalisable.

LP : Quelles démarches faites-vous au RDR pour endiguer cette situation et rassurer vos militants ?
DB : Nous demandons à nos militants de ne pas se laisser intimider, car dans cette opération, certains éléments de forces de l’ordre ont été mis en mission par le FPI, pour exercer des pressions sur des citoyens pour qu’ils se dédisent. Cela est inadmissible. Et nous ne l’accepterons pas. Nous demandons à nos militants de rester calmes et en général à tous les Ivoiriens qui sont victimes de ces dénonciations calomnieuses du camp présidentiel. Le peuple ivoirien sait maintenant ceux qui veulent de l’unité et y travaillent et ceux qui ne la veulent pas et travaillent contre la cohésion sociale. Ce sont des leçons que les Ivoiriens devront tirer de cette opération saugrenue planifiée par le FPI et ses mouvements satellites. On ne peut comprendre que des pétitionnaires qui ont pu satisfaire toutes les étapes de vérification, de croisement, de recherches aussi minutieuses que celles du processus électoral en cours, puissent à la fin de ce processus, être rejetés. Ce serait de l’arbitraire. Nous demandons à nos responsables de continuer d’encadrer les militants et de porter plainte systématiquement contre les auteurs de toutes les dénonciations sans preuves. Ce soient des ministres, des députés, des maires ou autres cadres qui se rendent coupables d’une telle situation, ils doivent répondre de leurs actes devant la justice.

LP : A ce niveau, quelles actions mène actuellement le RDR pour soutenir et orienter ses militants ?
DB : La cellule juridique du RDR s’est mise en branle. Nous, en tant que direction centrale de campagne chargée des questions électorales, coordonnons nos actions avec la cellule juridique. Des juristes sont disponibles pour assister nos militants au cas échéant mais une fois de plus, nous demandons aux responsables locaux d’assister les militants sur le terrain pour porter plainte.

LP : Il nous revient que le guide opératoire a été remanié. Qu’en est-il ?
DB : La différence avec l’ancien guide opératoire, c’est que la CEI a indiqué qu’elle est incompétente pour trancher sur des questions de nationalité. Or il aurait fallu que la CEI rejette toutes ces dénonciations qui ne respectent pas le mode opératoire. Ce que les gens ne disent pas souvent, c’est que tous ceux qui sont sur la liste électoral de 2000, tous ceux qui sont sur les fichiers historiques ivoiriens, tous ceux qui ont été repêchés de la liste grise vues les preuves qu’ils ont apportées, ne peuvent pas faire l’objet de radiation. Sauf s’ils sont condamnés à une peine privative ou s’ils sont décédés. Ils ne peuvent pas être radiés pour des questions de nationalité parce que cette question a été en amont réglée par les phases précédentes. Alors tout magistrat qui s’adonnerait à des jugements qui vont dans le sens contraire, ne feraient que se mettre au service du FPI, au service de l’arbitraire.

LP : Qu’attendez-vous donc des Magistrats ?
DB : Nous n’attendons rien d’eux de manière particulière ; sauf qu’ils disent le Droit et rien que le Droit. Et dans ce sens, ils doivent poursuivre les auteurs des dénonciations calomnieuses qui sont assis dans les officines pour fabriquer du faux. Enfin, les demandes de radiation ne doivent pas prospérer car infondées et injustifiées.

LP : Quel est l’objectif visé par le FPI selon vous à travers ses dénonciations massives de radiation ?
DB : L’analyse est simple. A court terme, le FPI veut provoquer des troubles comme cela a été aux mois de janvier, février derniers et par la même occasion retarder la tenue de l’élection du 31 octobre 2010. A moyen terme, il veut se tailler une liste électorale à sa mesure. Rêve impossible, comme je l’ai dit plus haut. Nous demandons au FPI de ne pas créer les conditions d’autres troubles. Car les Ivoiriens ont assez souffert de cette situation. Tout le monde veut des élections et des élections propres. Les différentes procédures mises en place ont permis d’élaborer une liste électorale acceptable. Alors qu’on aille aux élections et qu’on laisse les Ivoiriens choisir librement leur nouveau Président de la République.
Recueillis par Ibrahima B. Kamagaté


Dénonciation calomnieuses du FPI
SAN-PEDRO / Les mis en cause : “C’est une provocation du FPI”
A la suite des dénonciations calomnieuses contre des pétitionnaires tous originaires du Nord de la Côte d’Ivoire, certaines victimes nous ont confié leurs sentiments. « Ce n’est plus une affaire d’étrangers mais c’est une pure provocation du FPI, le parti au pouvoir » fulmine-t-on dans les rangs de ces personnes très, très révoltées qui consultaient la fameuse liste. Il est grand temps que les autorités administrative (surtout) et politiques interviennent pour éteindre ce feu qui couve par la faute des militants ivoiritaires qui ignorent l’histoire du peuplement de la Côte d’Ivoire.

Koné Souleymane, commerçant: « C’est inadmissible ; j’ai tous mes documents ivoiriens »
Je me nomme Koné Souleymane, suis né à San-Pedro. Mon père se nomme Siaka Koné et ma mère, Masséni Konaté, tous deux originaires de Tengrela où ils sont nés. Je suis étonné. Etant Imam et commerçant, j’étais en tournée islamique. Dès mon retour, je reçois un coup de fil m’informant que mon nom est sur une liste ‘’noire’’ de ceux qu’on accuse de n’être pas Ivoiriens. Je me suis donc rendu au bureau de la CEI où j’ai vu effectivement mon nom. J’ai été dénoncé par une dame du nom de Koffi Sylviane qui me connaitrait très bien et qui soutient que je ne suis pas Ivoirien. Je ne peux pas comprendre qu’après l’enrôlement et les différents croisements qui ont démontré que je suis ivoirien, quelqu’un vienne me traiter d’étranger sans aucune preuve. C’est inadmissible. J’ai tous les documents ivoiriens. J’ai même la CNI de mon père qui date de 1964. Je veux que celle qui m’accuse soit confrontée avec moi pour qu’elle me donne les preuves de ses affirmations.

Konaté Adama,
chauffeur ligne San-Pedro/Abidjan
« Je suis indigné. Je vais porter plaine»
Lorsque les listes ont été affichées, j’étais sur la liste blanche. J’ai reçu un appel qui m’informait qu’une dame a dit à la CEI que je ne suis pas Ivoirien mais Guinéen. Cela m’étonne et me choque à la fois. Je suis donc venu voir pour savoir si ce qu’on m’a dit est vrai. Je suis né à Kokoun, Madinani, mon père, Tiémoko Konaté, né à Madinani et ma mère, Waraba Koné née à Sofrèdougou, fille du chef du village, s/p de Morondo. J’ai tous mes papiers et j’ai même la CNI de mon père de l’époque coloniale. Cette dame, je suis prêt à la poursuivre en justice. Je n’ai pas beaucoup à dire. Qu’elle sache que je la poursuivrai jusqu’au bout, afin qu’elle me démontre que je suis Guinéen. Trop, c’est trop.

Cissé Sékou,
chauffeur taxi-ville
« Je suis très choqué
et en colère »
Je suis Cissé Sékou et suis chauffeur de taxi à San-Pedro. Je suis ivoirien. Lorsque la liste provisoire a été affichée, suis allé la consulter et j’ai vu mon nom. Après, j’apprends que des gens sont allés dire que je ne suis pas ivoirien. Actuellement, je suis très choqué et en colère. Quand je pense que mon père et ma mère sont tous des Ivoiriens, je n’en reviens pas. Mon père et ma mère sont tous de Torôh dans la sous-préfecture de Madinani.

Koné Seydou, chef de communauté et père de Koné Moussa, le mis en cause
«Nous rétablir dans nos droits »
Je suis Koné Seydou, chef de la communauté Odienné à Gabiadji. Je viens de découvrir que mon fils Koné Moussa fait partie des personnes à qui on conteste la nationalité ivoirienne. Alors qu’il est bien sur la liste. En tant que parent de Moussa, je suis né à Séguelon et ma femme est à 15 km de là. Comment peut-on comprendre que ma femme et moi sommes ivoiriens et que notre fils ne l’est pas ? Je viens me renseigner pour connaître ceux qui s’amusent à ces dénonciations calomnieuses de telle sorte que je puisse porter plainte. On ne doit pas permettre qu’un individu pose ce genre d’acte alors qu’il n’a aucune preuve. Nous sommes là afin de nous rétablir dans nos droits.

Doumbia Siaka,
planteur à Blahou, parent de victimes « A l’Etat et à la CEI, que ce genre de situation ne perdure pas »
Je me nomme Doumbia Siaka, président des jeunes ressortissants du Nord. A Blahou, beaucoup de nos parents étaient sur la liste blanche. Ensuite on vient nous apprendre que certains ne sont pas Ivoiriens alors que nous connaissons presque tous leurs parents. Ceux-ci sont de purs Ivoiriens et on dit que leurs enfants ne le sont pas. C’est ce qui m’a poussé à accompagner ces personnes pour trouver une solution à la CEI locale. Je tiens à demander à l’Etat ivoirien et la CEI de faire en sorte que ce genre de situation ne perdure pas. Sinon, cela va amener des troubles dans le pays car cela n’est pas normal. On doit identifier les Ivoiriens qu’il y ait élection ou pas, c’est un droit. Ceux qui ont tous leurs papiers et à qui on vient de dire qu’ils ne sont pas ivoiriens, vous voyez ce que cela peut faire ? Il faut que l’Etat rectifie cela au plus tôt.

Barakissa Koné,
femme planteur à Blahou
« Qu’on arrête
ce jeu dangereux»
C’est notre frère qui nous a informées que des gens disent que nos papiers ne sont pas bons et que nous sommes des étrangers. C’est pour cela que nous sommes venues montrer nos papiers ivoiriens à ceux qui nous accusent. Qu’ils arrêtent ce jeu dangereux.

Mariam Koné, de Blahou
« Je possède tous mes papiers et on m’accuse »
Ils ont remis un papier à mon grand frère lui disant que nous ne sommes pas ivoiriens mais étrangers. Nous sommes donc venues pour savoir ce qui nous transforme subitement en étrangers. Il faut que nous voyions clair dans cette affaire. Je suis originaire de Touba, je possède tous mes papiers et on m’accuse d’être étrangère. Pourquoi ?

Coulibaly Brahima,
mécanicien à Touih
« Nous l’attendons à la justice pour nous dire pourquoi ? »
Des gens sont venus nous informer que nous ne sommes pas ivoiriens. Après échanges, on nous a dit de prendre tous les papiers de nos parents pour venir les présenter. Nous sommes venus avec tous ces papiers ainsi que les certificats de nationalité. Je suis originaire de Ouangolo, né à Divo. On nous a communiqué les noms de nos accusateurs et ce sont des personnes que nous ne connaissons pas. Nous avons appris que l’accusateur et nous allons nous rencontrer à la justice. Nous l’y attendons pour nous montrer pourquoi et comment nous ne sommes pas Ivoiriens.

Mme Coulibaly Saly,
épouse de Coulibaly Brahima
« Dieu seul le paiera pour son mensonge »
Nous sommes venus à la suite d’une dénonciation prétextant que nous ne sommes pas Ivoiriens. Nous sommes venus pour nous informer. Celui ou celle qui dit que nous ne sommes pas Ivoiriens, va nous le démontrer. Je ne connais pas nos accusateurs. Où connait-il mes parents pour savoir ma nationalité ? Dieu seul pourra le payer pour son mensonge. J’ai avec moi, tous les papiers de mes parents et les miens. Nous attendons de voir.

Sylla Zakaria, Touih
« Dire à un citoyen qu’il n’est pas ivoirien, ce n’est pas avec plaisir qu’on apprend cela »
Je suis originaire du Nord, précisément d’Odienné. Mon père se nomme Adama Sylla et ma mère, Sylla Djénéba, tous de la sous-préfecture de Seydougou. Nous avons appris avec surprise et tristesse que mon petit frère Sylla Seydou n’est pas ivoirien. Nous autres, sommes Ivoiriens sauf Seydou, pourquoi ? Nous sommes venus donc pour fournir les preuves avec tous nos papiers. Il faut dire que la situation qui prévaut à Touih est grave, dangereuse qui peut pousser à la violence. Dire à un citoyen qu’il n’est pas ivoirien, ce n’est pas avec plaisir qu’on apprend cette nouvelle. Quand on sait que nous sommes Ivoiriens d’origine.

Ouattara Adama, pisteur à Goh « C’est de cette manière que nous sommes traités »
Je suis à San-Pedro pour un autre problème de nationalité. Depuis le 02 de ce mois, j’ai un petit, Bamba Djibril qui a été arrêté avec sa mère par la gendarmerie. Soit disant qu’ils ne sont pas Ivoiriens. Au cours d’un voyage à Méagui, le gendarme l’a arrêté à Koussi-kouassikro après lui avoir demandé s’il s’est fait enrôlé et qu’il ait répondu par oui. Le gendarme lui intime l’ordre de descendre et le menotte sur le champ. Informé, j’y ai trouvé un gendarme avec sa moto et le petit menotté et assis près de lui. Après renseignement, il soutient que le petit a fait du faux avec ses papiers. Après des discutions, tout le monde se déporte dans la famille du jeune où après avoir consulté les papiers de la maman, il donne le même verdict : faux papiers. Après, il a demandé 300 000 FCFA pour les libérer, ce que les parents n’ont pas voulu payer, se sentant dans leur droit. Au moment où je vous parle, ils doivent être déférés au tribunal de Sassandra. A la suite de cela, je viens d’apprendre que ma mère et moi sommes sur la fameuse liste. On m’a donné le nom de celui qui nous a accusés mais je ne le connais pas. Ce qui est sûr, je vais fournir les papiers qui prouvent que je suis ivoirien. Je vais rentrer au campement pour revenir avec tous les papiers.

Coulibaly Mohamed,
chauffeur à San-Pedro
« C’est vraiment dommage pour l’unité nationale
et la paix »
Hier j’ai appris à la gare que mon nom est sur une liste et que je ne suis pas Ivoirien. J’ai appris cette nouvelle avec douleur et tristesse. Je suis Ivoirien et depuis 1995, j’ai ma carte d’électeur. Cette année, je n’ai pas eu de problème quant à la liste blanche. Ce matin, à ma grande surprise, j’apprends qu’hier, quelqu’un est allé me dénoncer à la CEI que je ne suis pas ivoirien. Pour moi, ce sont des gens qui ont été achetés, instrumentalisés pour éliminer des adversaires de la liste électorale. Depuis hier, tous les noms que je vois sont des noms nordistes. Cela me choque vraiment. C’est dommage pour l’unité nationale et la paix.
SORY BLINTIAKA (Correspondant)
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