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Art et Culture Publié le vendredi 13 août 2010 | L’expression

Portrait : Tus-Ty (Slameur) - Ne pas baisser les bras

Devenu aveugle des suites d’une maladie, l’artiste Tus-Ty ne baisse pas pour autant les bras. Il tire sa joie et sa force de vivre de son art.

La vie n’a pas été tendre avec lui. Mais il ne baisse pas pour autant les bras. Rendu aveugle par un glaucome au stade terminal en 2008, Tus-Ty (de son vrai nom Dabé Tusti Gilles Murris), est passé par plusieurs états d’âme – amertume, mélancolie, colère, incompréhension puis acceptation – avant d’user et d’utiliser sa musique comme une thérapie. Désormais, c’est avec des vers qu’il traduira ses émotions. C’est par des rimes qu’il dira ce qu’il ressent au tréfonds de son être. Le style qu’il s’est choisi prend une orientation nouvelle et swingue à souhait entre slam et rap. Nourrie aux sonorités africaines, sa musique chaude, envoutante, épouse, prend et rend des thèmes comme la prise de conscience de la jeunesse, la culture de l’espoir, le courage, la combativité…C’est depuis son jeune âge que cet homme de 38 ans a signé un bail de longue durée avec les sons. Avec les arts et la culture, devrait-on dire, puisque de son flirt avec les arts plastiques et l’écriture naîtront quelques distinctions dont il peut s’enorgueillir. Avec le dessin, l’imagination et l’originalité en plus, il remporte plusieurs concours nationaux d’arts plastiques, de nouvelles et de caricature. «J’ai toujours oscillé entre les lettres et le dessin. Ainsi, j’ai par exemple remporté le 2ème Prix du concours littéraire de nouvelles de Vacances culture avec mon texte Les larmes noires», explique-t-il. Après les études secondaires, Tus-Ty s’inscrit, selon le vœu de ses parents, à la faculté de droit de l’université de Bouaké. «Mais au fond, ce n’est pas ce que je voulais faire», affirme-t-il. Il ne terminera d’ailleurs pas ces chères études puisqu’il s’inscrit plus tard aux Beaux-arts et devient professeur d’arts plastiques. Affecté au lycée de Koumassi, il n’abandonne pas pour autant ses hobbies. Féru de communication, Tus-Ty travaille quelques années en tant que créatif infographe, avant d’exploiter cet autre don qui est sa voix. Une voix grave qui lui a permis de travailler dans plusieurs radios et de se faire remarquer. Son passage sur Radio Nostalgie, en tant que «Souris de la route» le fait connaître, même si son visage était resté jusque-là dans l’ombre. Riche d’une expérience musicale tentée dans les années 1990, Tus-Ty ne continue pas moins de s’adonner à la musique. En 1997, sous le pseudonyme de «T.o.p. L’exécuteur», il intègre l’une des plus grandes familles de Hip-hop d’alors, «La Flotte impériale» menée par Stezo. «Cette expérience ne s’étant pas révélée payante, j’ai senti le besoin d’aller voir ailleurs, ce qui m’a valu quelques inimitiés au sein de la Flotte impériale», explique l’artiste. Quelques années plus tard, épaulé par Angelo Dogba, une autre figure emblématique du rap made in Côte d’Ivoire, il fait la connaissance de MC Claver, animateur radio et l’un des précurseurs du mouvement Hip-hop. En décembre 1999, sous leur coupe, il émerge de l’underground et présente «Ecran noir», une œuvre solo qui lui permet de se faire connaître. «L’album n’a pas eu le succès financier escompté, même si sur le plan de la promotion de l’artiste, les choses se sont bien passées», note-t-il un brin nostalgique. «En 2003, j’intègre Radio Nostalgie où je suis chargé de faire la Souris de la route, parallèlement à mes fonctions d’enseignant», explique l’artiste. Ses ennuis de santé débutent en 2006. «J’ai senti que le glaucome avait pris de l’ampleur sur mes yeux, mais tous les traitements entrepris n’ont donné aucun résultat satisfaisant. L’année d’après, le mal m’écrasait», se souvient Tus-Ty. En 2008, il perd définitivement la vue. «J’ai cru que c’était la fin du monde. J’étais sur le point de me suicider. J’en ai voulu à Dieu. C’est comme s’il m’avait oublié», confesse-t-il. «Seul Dieu et le slam m’ont redonné la force et la joie de vivre», raconte le chanteur. Et de poursuivre : «Cette poésie est mon bol d’air, elle m’a fourni tous les ingrédients de ma renaissance» Tus-Ty conçoit le slam comme une thérapie, sa thérapie. Si Franck, son chauffeur, le trouve «gentil et facile à vivre», sa sœur aînée, Mme Kakou Françoise affirme qu’il est «très nerveux, peut-être à cause de son handicap». Tus-Ty, qui ne veut pas se laisser abattre par son handicap, veut mener un combat en faveur des handicapés et sensibiliser tout le monde à faire plus attention à eux. «Côté cœur, c’est…écran noir», affirme le chanteur qui ne désespère pas de rencontrer la perle rare. «On me dit que je suis difficile à vivre mais mon souhait est de rencontrer une femme qui me comprenne et qui comprenne l’art», conclut-il.
M’Bah Aboubakar
Légende : Malgré son handicap, Tus-Ty n’a pas baissé les bras. Il a trouvé en son art les ressorts nécessaires pour repartir de plus belle.

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