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Sport Publié le samedi 14 août 2010 | Nord-Sud

Dans l`univers de deux boxeuses ivoiriennes : Marie-Jeanne et Deborah mettent des gants de boxe

Réputée dangereuse, la boxe continue d'effrayer les femmes. Pourtant, quelques unes osent s'y aventurer. Et avec réussite. C'est le cas de Ambé Marie-Jeanne et de Deborah Yobouet. Internationales ivoiriennes, ces deux boxeuses de 22 ans apparaissent comme des exceptions. Faisant fi des préjugés, elles prétendent aimer le noble-art. Mieux, elles veulent ressembler à une certaine Laïla Ali (fille de Mohamed Ali). Jeudi, elles s'envoleront pour l'Amérique latine afin de prendre part aux championnats du monde de boxe féminine. Nord-Sud est allé à leur rencontre.

Un petit conseil. S'il vous arrive de vous rendre à Abobo Avocatier et d'apercevoir mademoiselle Ambé Brou Marie-Jeanne, continuez votre chemin. Pas la peine de jouer les Don juan avec elle. Bien que belle et attirante, vous ferez mieux de passer votre chemin sauf si vous voulez vous attirer quelques misères. « Je n'aime pas la bagarre. Mais je sais me défendre. Vous pouvez le vérifier auprès de mes parents. Abobo étant réputé dangereux, la boxe me permet de chasser la peur. Mais que les gens ne pense pas que je pratique la boxe parce que je suis une bagarreuse ». Bien dit ! Celle qui s'exprime ainsi, a juste 22 ans. Elle a un regard de tigresse et n'a peur de rien. Cela fait exactement trois ans qu'elle a mis les préjugés de côté pour s'ouvrir à un sport jusque-là prisé par les mecs. Et dans la catégorie coq, elle plane. « J'aime la boxe. Depuis mon enfance, je pratique le sport. J'ai joué au football. Je faisais aussi l'athlétisme avant de virer à la boxe depuis 2007. Voir le vieux Acikongo (menthe religieuse en langue Akan) entraîner les jeunes m'a séduite.

Ambé Brou Marie-Jeanne : «Pas de petit ami pour le moment…»

Et quand je lui ai confié que la boxe m'intéressait, il m'a dit que j'ai frappé à la bonne porte parce qu'il était à la recherche de filles. C'est comme cela que mon histoire avec la boxe a commencé». La précision est de taille. Ambé Brou Marie-Jeanne n'a pas arrêté les études. Inscrite en classe de 3è au collège Notre Dame du secours d'Abobo, elle trouve le temps de s'entraîner et d'évacuer son agressivité dans son club de Koumassi «Acikongo Boxing club». Son palmarès est encore léger avec sept combats pour cinq succès, mais Ambé Brou Marie-Jeanne veut réussir dans une discipline où ses copines n'osent pas se faire voir. «Mes parents m'encouragent surtout mon père Ambé René (employé au ministère des sports). Souvent quand je suis gagnée par la paresse et que je n'ai pas envie de m'entraîner, c'est lui qui me motive», raconte-t-elle. Tant mieux ! Ce mardi, à la salle d'entraînement de la sélection nationale de boxe, au pied du Palais des sports de Treichville, la jeune fille vient de terminer sa séance quotidienne d'entraînement. Il est presque 17h30. Elle est épuisée. Son entraîneur Zombo N'Da s'est montré «impitoyable» avec elle. Le short et le maillot qu'elle porte sont trempés. Sa respiration est saccadée. Mais Ambé est satisfaite. Elle a bien travaillé. Elle peut se désaltérer. Le sachet d'eau qu'elle a ouvert, étanche sa soif. Nous en profitons pour nous rapprocher d'elle. Et là, nous constatons qu'elle a des formes généreuses. Une question nous taraude alors l'esprit. Avez-vous un petit ami comme toutes les jeunes filles de votre âge ? «Pour le moment, je n'ai pas de petit ami…», lâche-t-elle. Sans hésitation. Sûr ? « Sûr ! Les garçons ne me fuient pas. J'ai des amis garçons. Mais pour le moment, avoir une relation amoureuse ne m'intéresse pas », insiste-t-elle. N'est-ce pas parce que la jeune boxeuse ne fréquente pas les endroits de beauté qu'elle n'est pas encore dans le bain? « Si j'ai envie de me faire belle, je le ferai. Dans mon quartier, on m'a surnommée « fille-garçon ». Et cela me plaît», rectifie Ambé. Nous n'insisterons plus. Lorsqu'elle parle de la boxe, le visage de la fille d'Abobo s'illumine. Il y a comme une passion qui agite ses yeux. « La boxe m'apporte beaucoup. La maîtrise, la confiance. Les garçons ne me bassinent pas parce qu'ils savent que je suis boxeuse. Je pratiquerai la boxe jusqu'à ce que mes forces me lâchent », jure-t-elle.

Deborah Yobouet : «Mes amies sont étonnées de voir qu'il n'y a pas de plaies sur mon visage …»

Avant son départ, jeudi, pour l'Amérique latine où elle représentera la Côte d'Ivoire aux championnats du monde féminin, Marie-Jeanne qui veut ressembler à Laïla Ali (fille de Mohamed Ali) se veut optimiste : « je vais pour gagner des médailles. Je suis confiante car je me suis bien préparée. Je suis au top. Je rassure la Côte d'Ivoire ». Ambé Marie-Jeanne, l'air rêveuse, nous fait cette confidence avant de nous quitter : « après la boxe, j'ai envie de devenir une femme d'affaires… ». Une autre fille aime se défouler sur les sacs suspendus dans la salle d'entraînement. Elle est également trempée de sueur. Moins forte physiquement que sa camarade et coéquipière en sélection, Deborah Yobouet est concentrée. Elle évolue dans la catégorie mouche (49-51 kg). Et c'est la championne de Côte d'Ivoire ! Sa particularité, c'est que son père est l'actuel président de la Fédération ivoirienne de boxe, Arsène Yobouet. Celui-ci porte un jugement sur les deux Eléphantes boxeuses en route pour les prochains championnats du monde en Amérique latine. « Deborah a la boxe scientifique. Marie-Jeanne a le punch. J'espère que la scientifique et la puncheuse ramèneront la médaille d'or de leurs catégories », analyse Arsène Yobouet. Etudiante en communication d'entreprise, Deborah tient à faire cette précision : « ce n'est pas parce que mon père est le président de la Fédération ivoirienne de boxe que je suis devenue boxeuse. J'aime cette discipline ». Comment l'êtes-vous devenue alors ? « J'ai commencé en 2002 sous l'ère Rash N'Guessan Kouassi (ex-président de la FIB). A l'époque, j'avais 12 ans », répond-elle. Et de poursuivre : « mes amies sont surprises de me voir faire la boxe. Beaucoup n'y croyaient pas jusqu'à ce qu'elles me voient boxer sur un ring. Elles sont aussi étonnées de voir qu'il n'y a pas de plaies sur mon visage et que je ne suis pas défigurée ». Fortement encouragée par son père, Deborah révèle que sa sœur cadette, Danielle, pratique aussi la boxe. Sociétaire d'un club de boxe de Koumassi, Deborah se désole de voir les filles s'orienter vers le football, le handball, le basket-ball, le volley-ball, etc. Pour elle, la boxe est un sport complet. Et elle n'a pas tort. La boxe qui fera son entrée aux Jeux Olympiques de Londres en 2012 est de plus en plus pratiquée par les filles. Mieux, elle est devenue une tendance. Aux Etats-Unis, des actrices comme Eva Longoria pratiquent cette discipline. Pour celles qui sont stressées et timides, la boxe peut les aider à s'affirmer. Subjugué par son beau sourire et ses connaissances, nous orientons la causerie vers sa vie sentimentale. Mais Deborah s'arc-boute, presque. « Je ne peux pas répondre à ça. Je n'ai pas envie de parler de ma vie privée… », tranche-t-elle. Là encore, nous n'insisterons pas.


Guy-Florentin Yaméogo
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