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Politique Publié le vendredi 20 août 2010 | Le Patriote

Processus électoral : Gbagbo le candidat ivoiritaire

© Le Patriote Par DR
Sortie de crise: le président Laurent Gbagbo promet pour bientôt "la fin du film western"
Photo d`archives. Laurent Gbagbo
Demandes de radiation à la pelle et dénonciations calomnieuses à profusion. Depuis un certain temps, plus précisément depuis l’ouverture de la phase judiciaire du contentieux sur la liste électorale, une frénésie s’est emparée de certains Ivoiriens. Ces derniers, rivalisent d’ardeur pour demander la radiation de certains de leurs compatriotes qu’ils accusent de ne pas être suffisamment Ivoiriens. Sur quels critères se basent-ils pour s’adonner à ce jeu? C’est à ce niveau que réside tout le nœud du problème. Leur argumentaire ne repose sur rien du tout. Sinon que sur les patronymes des personnes qu’ils dénoncent. Ou même sur leur faciès. Comme s’il existait un trait caractéristique de la physionomie d’Ivoirien. Les auteurs de ces pratiques? En majorité, des sympathisants, militants et parfois des responsables au plus haut niveau du parti au pouvoir, le FPI et certains mouvements satellites se réclamant de lui. Ces personnes ont quadrillé tout le pays. Abidjan et la quasi-totalité des villes de l ‘intérieur du pays sont envahis par les dénonciateurs. Et ce sont des milliers de personnes que les ‘’émissaires’’ de la Refondation veulent voir disparaître de la liste électorale provisoire et donc qu’ils ne veulent pas voir aux urnes ou posséder les cartes nationales d’identité. Les arguments qu’ils avancent sont aussi farfelus les uns que les autres, s’ils ne sont tout simplement pas ridicules et enfantins. Tenez! A Abobo, les hommes du FPI ont demandé la radiation de plusieurs milliers de citoyens de la liste électorale. Sur les dossiers qu’ils ont présentés à la CEI locale figurent les raisons qui les poussent à agir de la sorte. Et savez-vous ce que nous avons lu sur certains de ces formulaires en question? Dans son témoignage en demande de radiation, le sieur Dibi N’Cho Claude a déclaré le 1er août que le nommé Kamagaté Moustapha dont il donne le numéro et le centre d’enrôlement «n’a pas le droit de figurer sur la liste électorale 2010, de la République de Côte d’Ivoire pour les raisons suivantes: est de père et de mère Maliens. Participe aux réunions de la communauté malienne de Djibi, participe aux festivités et aux mariages de la communauté malienne». Le même Dibi N’Cho Claude écrit sur une autre demande de radiation que le nommé Traoré Arouna «participe régulièrement aux réunions de la communauté burkinabé de Djibi, participe aux festivités de la communauté burkinabé».

Délit de patronyme et de faciès

Oui, vous avez bien lu. On accuse des personnes de ne pas être des Ivoiriens parce qu’elles «participent régulièrement aux réunions de la communauté burkinabé de Djibi, participent aux festivités de la communauté burkinabé ou malienne» Quelle belle aberration ! A Port-Bouêt, un autre dénonciateur soutient que lui, «quand il voit un étranger, il le reconnaît tout de suite.» Ainsi se résument les arguments des dénonciateurs. Pourtant, en la matière, la loi est bien claire. La nationalité ivoirienne est régie par des textes et ce sont les mêmes textes qui disent qui est Ivoirien et qui ne l’est pas: « (…) Le voisin peut être d’origine malienne, il peut être dans les mariages et baptêmes de la communauté malienne, mais il peut être Ivoirien. Moi qui vous parle, quand j’étais plus jeune, tous mes amis étaient des jeunes baoulé. De sorte qu’on croyait que j’étais baoulé. Alors que je ne suis pas baoulé. (…) Au stade où nous sommes arrivés, surtout pour ce qui concerne la nationalité, le débat est technique. Ce n’est pas parce qu’une personne s’appelle Kaboré, Diouf ou Dupont, qu’elle est forcément étrangère. M. Dupont peut avoir sa mère ivoirienne. Il peut s’être marié à une Ivoirienne. Il peut s’être naturalisé. Or ce sont des actes qu’on ne porte pas forcément devant le public. Il peut s’appeler Dupont, être de teint blanc et être Ivoirien. Nous souhaitons que ce débat soit laissé aux techniciens. Cela, pour ne pas qu’on soit mis devant les faits accomplis qui seront préjudiciables à chacun de nous. Evitons donc d’entrer dans ces débats qui relèvent plus des techniciens. Les médecins ont été formés pour exercer la Médecine. Les mécaniciens sont formés pour faire la mécanique. Et les Magistrats sont formés pour dire le Droit. Il ne faut pas s’immiscer dans leur fonction. Sinon, cela donne une forme de cacophonie et ce n’est pas bien. Les choses sont aujourd’hui très sérieuses », avait fait remarquer M. Kuibiert Ibrahime, chef de cabinet du ministre de la Justice, se prononçant sur la question du contentieux dans une interview qu’il nous a accordée. Et il a raison. Parce que récemment, un dénonciateur a été débouté à Bondoukou parce que ses accusés portant des noms d’origine burkinabé, étaient de mère ivoirienne bon teint.

Le vrai visage de Gbagbo et du FPI

La question que les uns et les autres se posent, est de savoir ce qui peut bien expliquer cette chasse aux sorcières surtout par des collaborateurs de Gbagbo qui se disait attaché aux valeurs du socialisme? La réalité, c’est que Gbagbo a toujours été un partisan de la politique de l’ivoirité. Sous ses fausses apparences de défenseur des droits des opprimés, se cache en réalité, un ivoiritaire convaincu. Et il l’a montré et démontré à plusieurs reprises. Déjà en 2000, Laurent Gbagbo avait présenté de nombreuses cartes nationales d’identité vertes comme étant des cartes appartenant à des fraudeurs de la nationalité ivoirienne. Auparavant, ses collaborateurs et des membres très influents de son parti avaient annoncé les couleurs. C’est en effet Mme Simone Gbagbo qui a défendu becs et ongles, lors de l’élaboration de la nouvelle constitution sous Guéi en 2000 que l’épouse du candidat à la présidence de la République, doit être «Ivoirienne et de teint noir» Cette précision que Simone Gbagbo voudrait voir figurer dans la constitution ivoirienne est symptomatique de la politique ivoiritaire que le FPI devrait mettre sur pied dès sa prise du pouvoir. Et cela n’a pas manqué. En 2000, lorsque l’ancien parti d’opposition parvient au pouvoir ‘’dans des conditions calamiteuses’’ comme l’a reconnu le chef de file lui-même, la preuve par quatre n’a pas tardé à se faire. C’est le ministre de l’Intérieur d’alors, Emile Boga Doudou, qui monte au créneau. Il fait adopter en mars 2001, une loi selon laquelle, pour prouver qu’on est Ivoirien, il faut avoir un village, y être connu ou à défaut, être reconnu par un notable qui dira si oui ou non, untel qui n’a jamais mis les pieds dans son village ou qui n’y est pas connu est du village en question parce qu’un de ses parents ou aïeul y est né. C’est ce que l’on appelé la ‘’Loi Boga Doudou’’. Et qui ramène la nationalité ivoirienne à la tribu. Véritable ‘’révolution’’ dans le monde juridique, cette loi est morte de sa belle mort, à la suite des négociations de Linas Marcoussis signés dans la banlieue parisienne en janvier 2003. Seulement voilà, près d’une décennie plus tard, elle semble être revenue sous une autre forme portée par le candidat Laurent Gbagbo. A l’occasion de la prochaine présidentielle du 31 octobre, le FPI est en train de bâtir toute la campagne de son candidat autour d’un nationalisme débridé. Il s’était présenté au départ comme le candidat des Ivoiriens. Au finish, il s’est avéré être celui des Ivoiriens de souche multiséculaire. Un véritable venin pour la cohésion sociale et un obstacle à la paix.

Yves-M. ABIET
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