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Editorial Publié le lundi 20 septembre 2010 | L’expression

L’Editorial : Gbagbo, Bédié, Ado, Soro face à l’histoire

Le 14 octobre prochain, la campagne officielle pour les élections du 31 octobre 2010 sera ouverte. Telle est la conviction et la décision de la Commission électorale indépendante, Cei. Si rien de fâcheux ne vient compromettre la dynamique en cours, les Ivoiriens accompliront donc bientôt un geste simple : mettre le bulletin dans l’urne, et doteront le pays d’un nouveau et légitime chef. Un rêve qu’ils caressent depuis huit ans.
Le 19 septembre 2002, cela est désormais dans le granit de l’histoire du pays, la Côte d’ivoire est réveillée par des détonations assourdissantes. La ville d’Abidjan est prise d’assaut par des commandos lourdement armés. Les combats durent des heures et au petit matin, passé la stupeur, les habitants apprennent qu’une tentative de coup d’Etat venait d’échouer. Mais, ils apprendront plus tard que les villes de Bouaké et Korhogo venaient dans le même temps de changer de maîtres. Un mouvement, le Mpci, mouvement patriotique ivoirien, s’en était emparé. Ce sera le début d’une longue crise militaro politique. Elle va être trainée de pays en pays, d’accord en accord sans que la solution politique se soit effectivement au rendez-vous. Lomé, Accra, Dakar, Bamako, Marcoussis, Pretoria, Ouagadougou….les Ivoiriens se sont familiarisés avec ces villes. Elles ont porté chacune tour à tour l’espoir d’un règlement du conflit vite oublié. A la différence des autres, la capitale du Burkina Faso, ce sera aussi un des éléments notables de l’histoire de cette crise, est la ville actuellement porteuse de la fin du tunnel pour les Ivoiriens. Longtemps vilipendée, à raison de forts soupçon de soutien à la rébellion ivoirienne, Ouagadougou a réussi à faire apposer la signature des belligérants au bas d’un accord. Et l’Accord politique de Ouagadougou, malgré de graves soubresauts, a permis à la Côte d’ivoire de réaliser des pas de géant même si le rythme a été plus lent que beaucoup l’auraient espéré. Retour d’une paix acceptable, reprise des mouvements des populations et des biens, réinstallation de l’administration centrale et des services sociaux de base dans les zones sous le contrôle des insurgés des Forces nouvelles… La normalisation s’est accentuée par la relance du processus politique et militaire. Audience foraine, enrôlement des électeurs, fixation de la date du premier tour de la résidentielle, établissement de la liste électorale provisoire puis de la liste définitive, encasernement des militaires et mise sur pied du centre de commandement intégré. De solides avancées à mettre à l’actif du président burkinabé, Blaise Compaoré, du chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo et de son Premier ministre, Soro Guillaume, au premier chef, mais aussi, des deux leaders de l’opposition que sont l’ancien chef de l’Etat, Henri Konan Bédié, et l’ancien Premier ministre, Alassane Dramane Ouattara. Il leur a fallu, dans bien des cas, du courage pour que le pays d’Houphouët Boigny renoue avec la logique politique. Mais la lueur d’espoir qui pointe à l’horizon ne sera une véritable réalité que si les quatre acteurs majeurs de la scène politique ivoirienne acceptent deux vérités primordiales. La première. La compétition qui s’ouvre portera au pouvoir un seul parmi les trois postulants que sont Gbagbo, Bédié et ADO. Cependant, elle ne saurait être la victoire d’un, et la défaite des trois autres. En d’autres termes, il faut donner des gages sûrs à chacun pour que la perte des élections ne soit pas la descente aux enfers. Laurent Gbagbo, actuellement aux commandes par exemple, va-t-il jouer franchement le jeu de la démocratie s’il est persuadé de quitter le pouvoir pour connaître un sort à la Charles Taylor ? Soro sera-t-il, jusqu’au bout, un arbitre impartial si lui et ses hommes ne sont pas sûrs de connaître des jours paisibles après la rébellion ? Bédié et Ouattara peuvent-ils lâcher le morceau s’ils sont convaincus d’être réduits à néant par un Gbagbo qui rempile ? Ces préoccupations sont centrales. Les occulter boucherait la voix à des élections tranquilles. Deuxième vérité. Le nouveau chef de l’Etat sorti des urnes ne peut avoir qu’une priorité. Souder le pays et entamer la modernisation de l’Etat. Ce chantier dépasse de loin les capacités d’un parti politique. Même celui des deux groupements que sont le Rhdp, coalition de l’opposition et la Lmp du camp présidentiel pris individuellement. La remise en l’état du tissu social, de l’école, de l’économie, de la justice, des forces de sécurité, sans compter l’énorme demande sociale exige que toutes les intelligences soient mises à contribution. Elles sont dispersées dans tous les camps. Le pays, dans son état présent, ne peut se passer des compétences actuellement disponibles parce qu’elles seraient des Forces nouvelles, du Pdci, du Rdr ou du Fpi. Mandela l’avait compris. En 1994, brillamment élu avec un ras-de-marrée de l’Anc, il a mobilisé autour de l’Afrique du Sud, martyrisée par les années de l’apartheid, ceux qui étaient ses ennemis mortels d’hier : les blancs et le parti zoulou de Buthelezi. L’histoire dira si Gbagbo, Soro, Bédié et ADO ont su imiter l’exemple Mandela et sauver la Côte d’Ivoire.
D. Al Seni
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