Maurice Kakou Guikahué (Sga chargé de la mobilisation et de l`organisation du Pdci) : “La victoire de Bédié va venir de l`Ouest”

Du 07 au 12 octobre, le Président Henri Konan Bédié, président et candidat du PDCI-RDA, était en tournée dans l`Ouest montagneux de la Côte d`Ivoire. Ce lundi, il sera à Yamoussoukro pour le lancement de sa campagne présidentielle. Quelle leçon doit-on retenir de l`Ouest ? Que renferme le lancement de la Campagne à Yamoussoukro ? La suite de la campagne… C`est à toutes ces questions que répond, dans cette interview, le ministre Maurice Kakou Guikahué, Secrétaire général du PDCI-RDA chargé de la mobilisation et de l`organisation.


Le président Bédié sort d`une tournée importante à l`Ouest de la Côte d`Ivoire. En tant que Secrétaire général adjoint du Pdci, chargé de l`Organisation et de la mobilisation, quelles sont vos impressions après cette tournée ?

Je voudrais franchement vous dire que j`ai été agréablement surpris. Parce que c`est la tournée qui a bénéficié du délai le plus court de préparation. L`annonce de l`évènement et lui-même, le temps pour préparer cette visite, nous avons mis une journée et demie dans toute la région pour préparer cette tournée. Et c`est à notre arrivée à Duékoué que nous avons informé les populations de Man de la visite du président Bédié dans leur localité, à 4 jours de l`arrivée du président. Mais partout où nous sommes passés, les gens étaient prêts depuis longtemps. C`est une agréable surprise et une satisfaction que je tire de cette tournée du président dans la région du Moyen Cavally et des 18 Montagnes.



Aviez-vous des appréhensions quand vous parlez de surprise agréable ?

Nous avions beaucoup d`appréhensions parce que depuis 1999, beaucoup de choses se sont passées. Le président Bédié est revenu d`exil en 2001, au moment où nous nous apprêtions à élaborer un programme pour faire le tour de la Côte d`Ivoire pour saluer les militants restés au pays, il y a eu les évènements manqués par la crise militaro civile de septembre 2002, et depuis 1999 jusqu`en 2010, cela fait, 11 ans que nous n`avions pas tenu de réunion dans cette région. Ensuite, il y a cette particularité que tous ceux qui avaient été élus sous la bannière du Pdci se sont tous retrouvés dans un autre parti qui s`appelle l`Udpci. Donc nous nous posions la question de savoir ce qui nous restera. Mais nous avions des échos de nos responsables qui sont assez sérieux dans la zone même si les autres ont viré dans d`autres partis. A Bin Houyé, à Man, à Blolequin, à Duékoué… l`erreur monumentale que les cadres font, c`est que quand ils ont une renommée, ils croient que c`est leur personne mais c`est les militants qui font la renommée d`un cadre. Quand ils sont en rupture de ban, ils ne sont pas toujours suivis par les militants. Et c`est ce que les gens de l`Ouest nous ont montré par leur mobilisation qui traduisait bien le fait malgré le départ des cadres dans d`autres partis politiques, eux sont demeurés militants du Pdci. La fibre du Pdci-Rda existe. Et j`ai été impressionné par l`escale de Bangolo. Vous savez qu`il y a longtemps que le vice-président Bombet n`y a pas mis les pieds depuis les évènements douloureux. Il y a eu un déferlement de militants. Partout, c`était très bien. La surprise agréable a surtout été la mobilisation du stade Léon Robert de Man qui était archi comble. Les tribunes étaient pleines. Il y avait eu au départ des hésitations. Les délégués et responsables locaux voulaient qu`on fasse le meeting sur la pelouse avec des bâches. Mais je leur ai dit que le président pouvait remplir le stade. Donc les tribunes étaient pleines, nous avons installé en plus des bâches et c`était plein. Malgré la pluie, les militants étaient là.



En résumé, qu`est-ce qu`on retient de la tournée de l`Ouest ?

Il faut dire que si les responsables politiques qui encadrent Toulépleu, Blolequin, Guiglo, Duékoué et Man se mettent résolument au travail, dans la cohésion, la solidarité et enseignent les consignes du président qui sont d`apprendre à voter à tous les militants partout où ils se trouvent, notre victoire va venir de cette région. Quand on comptabilisera les voix, cette zone sera très importante pour le Pdci. Les gens avaient pensé qu`il n`y avait pas le Pdci dans cette région mais c`est le contraire que nous avons vu. Surtout que le président Bédié est dans l`opposition, il n`a rien à donner aux gens. S`il était au pouvoir, les gens allaient dire que c`est parce qu`il distribue l`argent ou c`est le fait du pouvoir. Mais le président est dans l`opposition. Ce qui veut dire que celui qui sort pour le voir, c`est avec conviction qu`il le fait et non par contrainte parce qu`il n`a pas le pouvoir. Des villages qui n`étaient pas prévus dans les escales nous ont arrêtés systématiquement. Les gens fondent beaucoup d`espoir sur le président Bédié. En tant que mobilisateur qui ai fait toutes les régions de Côte d`Ivoire, ce n`est pas la victoire du président Bédié qui m`inquiète, c`est demain, quand il sera au pouvoir, ce sont les tâches, le travail qu`il aura à faire. Mais mon inquiétude se dissipe totalement parce que c`est un homme d`expérience. Et quand on lit son programme de gouvernement, il a balayé tous les problèmes. J`ai été très heureux par une chose. C`est que ne sachant comment aborder la question des jeunes ex combattants, le président Bédié a dit une chose à Toulépleu qui est : " Il y a eu la guerre, la rébellion, vous vous êtes levés pour défendre la République. Normalement, on ne doit pas vous mêler aux Forces de défense et de sécurité. On devrait faire quelque chose d`égalitaire avec la rébellion pour éviter les frustrations " Donc s`il arrive au pouvoir, il va régler le problème.



C`est justement sur cette note d`espoir venue de l`Ouest qu`on entame la campagne. Comment se déroulera-t-elle?

Cette campagne a des articulations. D`abord, le président se rendra à Yamoussoukro pour confier la campagne au président Houphouët-Boigny par une messe le dimanche 17 octobre à la cathédrale Saint Augustin. Le lendemain, il y aura la signature du programme de gouvernement du Rhdp. Et l`après midi, le président lancera à partir de Yamoussoukro son site Web et son film de campagne. Donc nous allons confier la campagne au président Houphouët. Après cela, le président va dérouler un programme dont les détails seront connus dans quelques heures. Il a été arrêté un grand meeting au stade Félix Houphouët-Boigny le mercredi 27 octobre 2010. Ça sera l`apothéose pour tout le district d`Abidjan. On verra un giga meeting pour que le président Bédié s`adresse à la nation.



Comment se fera la coordination des différentes étapes ?

Nous lançons la campagne par une série de manifestations. Le président Bédié se confie d`abord au président Houphouët. Ensuite, il est prévu une tournée dans le N`zi Comoé, dans la région de Bongouanou, Daoukro… Après, il fera Séguéla, Daloa, Gagnoa, San Pedro, Odienné. Il fera des meetings dans toutes les capitales régionales mis à part Touba qu`il a déjà confiée au Premier ministre Charles Konan Banny. Sinon il ira partout.



On peut donc dire que la campagne du président Bédié commence proprement à partir du lundi ?

La campagne est déjà lancée. Le président, à la dernière réunion du Comité de campagne, a dit : " Je veux une campagne de proximité. Il faut une décentralisation maximum ". Le grand meeting qu`on fera, ce sera au stade Félix Houphouët-Boigny. Le reste, ce sera de la responsabilité des délégués. Ce qu`on fera à Gagnoa, Daoukro, Port-Bouët etc, c`est la campagne qui est lancée.



Quels seront les grands axes du programme du président Bédié qui sera présenté aux populations ?

Le président a fait une vaste tournée de pré-campagne qui l`a conduit de Dabou à Man du 22 septembre 2007 au 12 octobre 2010. Cela fait 3 ans. L`année 2010 a été grignotée sur 10 mois par la double dissolution de la Cei et du gouvernement qui n`a pas permis au président Bédié de tourner. Mais il a pu faire une vaste tournée. Donc il a eu le temps de développer son programme. Et lors de sa dernière tournée à l`Ouest, il a lancé un appel à apprendre à voter, à ne pas avoir peur, à sécuriser les votes et à être dynamique et à aller voter massivement. Voilà la trame de son discours à l`Ouest. Il a suffisamment tourné et tout ce qu`il a dit lors de ses tournées a été largement relayé dans la presse et par les délégués sur le terrain. Maintenant, le message, c`est de savoir voter et bien voter pour éviter les bulletins nuls. Mais il va reprendre le programme. Il y a aussi une émission de 90 mn face à la nation au cours de laquelle, il va développer son programme et donc pendant les meetings, il va surtout instruire les militants sur comment voter.



Après tout cela, peut-on avoir espoir en la victoire de Bédié ?

Moi, je le dis. Si nous les hommes politiques, les délégués, faisons 80% du travail qu`il faut pour une campagne ; Si on va à la proximité, vers les gens par le porte-à-porte ; Si on sait encadrer la journée électorale parce que cette journée-là est capitale en matière de supervision, en matière d`animation, en matière de représentation dans les bureaux de vote, en matière de sécurité, en matière de décompte des voix, en matière de P. V des résultats, en matière de convoyage des résultats aux CEI locales, en matière de vigilance pendant la proclamation des résultats ; Si on fait 80% du travail réel et si nous réussissons à mobiliser les gens que le taux de participation est élevé, je ne doute pas de la victoire du président Bédié au premier tour.

Interview réalisée par Eddy Péhé et Jean Prisca