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Politique Publié le mardi 9 novembre 2010 | Le Patriote

Affi : Le “masque de la mort” de Gbagbo

Le 1er novembre dernier, c’était la «Toussaint», le jour de la commémoration des morts. La veille, le 31 octobre, les enfants d’Amérique du Nord ont porté des masques de fantôme pour fêter l’Halloween. Comme d’habitude.

Ce jour-là, exceptionnellement en Côte d’Ivoire, ce sont les «treize masqués» de Gbagbo qui ont fêté en enterrant dans les urnes les Refondateurs de «La Mouvance Présidentielle (LMP)». Le troisième jour, le beau rêve des treize candidats de l’opposition ressuscita en cauchemar lorsque l’odeur de l’argent refondu à la CEI transfigura l’humeur électorale des Ivoiriens en rumeur de tricherie. Bédié resta sans voix et ADO, esseulé.

C’est alors que, tout de sueur trempé, Affi N’Guessan sortit de son dernier retranchement pour créer et laisser croire qu’il n’avait pas fui comme Blé Goudé et ses autres confrères évanouis dans la nature à l’instant où tout sembla fini pour eux.

Or, la messe est déjà dite car la volonté du peuple est une loi divine. Le verdict des urnes du 31 octobre dernier ne peut donc en être autrement le 28 novembre prochain. Date fixée pour le 2e tour des élections par le Refondateur et président du Conseil constitutionnel, et ce, précipitamment en vue de devancer et rendre caduque la plainte écrite du RHDP contre le dépouillement du 1er tour. Alors, vivement arrive ce jour J de l’extrême onction pour que l’oracle s’accomplisse et que Gbagbo ne soit plus que le feu follet d’outre-tombe qui empêche Houphouët de reposer en paix.
Le Canadien Jacques Ferron disait : «Un homme qui prétend se connaître, est un grand ignorant sentencieux». C’est ainsi que Ferron prêcha l’humilité, lui qui fut à la fois écrivain, dramaturge, médecin, journaliste et homme politique. Pascal Affi N’Guessan grandirait à lire ce Canadien dont l’action littéraire ne venait que compléter son action réelle et non pas s'y substituer. Le président du défunt FPI cesserait peut-être de porter le «masque de la mort» de Gbagbo et de fondre dans le verbalisme creux en attendant sa réincarnation en Woody de Bongouanou.

Comme de raison, le nouveau leitmotiv de la campagne présidentielle a été annoncé par Affi sous la verbosité que «Gbagbo est le rempart de la République et Ado, le parrain de la rébellion». Preuve que le Ciel est tombé sur la tête des Refondateurs et que sous l’effet de l’hallucination, le concourt littéraire pour succéder au Woody de Mama ne fait que commencer. On ne perd rien donc à attendre l’encens lècheculatif que s’apprêtent à clamer ses concurrents.

En attendant, Affi est le premier des derniers des Mohicans à exhiber sa langue de vipère. Il se rebelle en fustigeant la rébellion et s’en dissocie en sermonnant son parrain présumé. Tout le monde sait qu’Affi sait tout, y compris ce qu’il ne devrait pas savoir. C’est ainsi que le pyromane se fait pincer sur le lieu de l’incendie. À quel moment la rébellion venue du Burkina devait frapper le Régime ? Affi le sait s’étant refugié dans le bunker d’Houphouët à Yakro dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002. Cette rébellion est-elle une attaque de Blaise Compaoré ? Affi le sait, car il s’est attribué la paternité de la réclamation auprès de Chirac, de l’application de l’Accord de défense franco-ivoirienne, témoignage que la «guerre de Soro» n’est pas civile mais une agression extérieure. Pourquoi et comment Robert Guéï a été tué ? Affi le sait en ayant affirmé que le Général s’en allait à la RTI se proclamer Président. La boîte de Pandore étant ainsi ouverte, la population ivoirienne exige qu’Affi lâche les masques de Gbagbo pour faire le bilan des Refondateurs en expliquant les tenants et aboutissants de la création des Escadrons de la mort, des circonstances de l’assassinat de Balla Kéïta, de Dr Dacoury-Tabley et de Boga Doudou, de la structure des dépenses budgétaires des 2,3 mille milliards de FCFA gérés annuellement par les Refondateurs et des autres crimes économiques et contre l’Humanité dont il fait partie du petit panel de co-auteurs.

De fait, comme au pays de l’Oncle Sam, n’y sont interdits de séjour que les terroristes de tout acabit dont les criminels d’État, Affi au visa américain de persona non grata, devrait s’inquiéter de son propre sort avant de se rebeller contre le parrainage imaginaire fleuri d’un esprit en panne de vérité.

La vérité est que ramper pour accepter des Accords, Résolutions, Alliances et Arrangements dont on ne respectera ni sa parole ni sa signature, ne mérite en rien le vocable comportemental de rempart. A fortiori de «rempart de la République». C’est plutôt le propre des archivistes de phraséologies à la recherche permanente de mots insidieux, c’est-à-dire la marque de commerce de ceux-là mêmes qui porteraient bien le chapeau de Louis XVI pour vivre l’émotion du sort d’un roitelet. C’est indubitablement une leçon d’histoire qu’il faut inculquer à Affi N’Guessan afin qu’il se rappelle de la valeur républicaine de la rébellion de masse. Le Woody de Mama dont il est l’émule n’avait-il pas avoué, après l’insurrection de Noël 1999, que certains coups d’État sont porteurs de démocratie ? C’est dire que la dénonciation puérile et chronique d’actes de déstabilisation contre le régime dont Affi porte le masque, est symptomatique du faciès dictatorial de la Refondation.
Or, dans le royaume des roitelets où des profiteurs de guerre légitiment la pauvreté des autres, la légitime-défense finit par prendre la forme de coup d’éclat. N’en déplaise à Affi, le peuple ivoirien a rendu son verdict : le départ de Gbagbo du Palais est devenu la seule et unique condition de paix en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi, les Refondateurs les plus sages vont rester cois durant les deux prochaines semaines, résignés enfin à plier l’échine avec une résilience un peu tardive mais opportune. Quant aux résistants, détenteurs exclusifs du patriotisme, qui continueront à se battre contre les moulins à vent, leur débat les étranglera comme un gibier pris aux collets de leur propre fourberie. Oui, irrésistiblement, le 21 novembre prochain verra le soleil se lever de nouveau sur la Côte d’Ivoire après dix ans de noirceur dû à l’éclipse de la démocratie.

Dr Antoine Ahua Jr
Québec, Canada

antoineahua@hotmail.com"
antoineahua@hotmail.com
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