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Économie Publié le jeudi 2 décembre 2010 | Nord-Sud

Longue attente des résultats de la présidentielle/La galère frappe les transporteurs

Le transport est paralysé depuis plusieurs jours à Abidjan, à cause des incertitudes qui planent sur l’annonce des résultats du scrutin.

Les transporteurs sont à la peine. Quatre jours après le second tour de l’élection présidentielle dont les résultats sont encore attendus, rien ne semble aller au mieux dans le secteur des transports. Du fait de la psychose et des incertitudes et craignant également des actes de vandalisme sur leur outil de travail, de nombreux opérateurs ont momentanément stoppé leurs activités. Du côté de la population abidjanaise, la prudence est aussi de mise. A telle enseigne que les déplacements ont considérablement été réduits. Conséquence : les transporteurs sont durement éprouvés en raison d’un chiffre d’affairs quasiment inexistant.

Les gares sont vides

L’image qu’offre la nouvelle gare routière d’Adjamé, ce mercredi 1er décembre, ne laisse pas indifférent les visiteurs. Tout est calme. Plusieurs cars de transport sont immobilisés de part et d’autre de la voie principale. Malgré cette situation de non-activité, certains transporteurs viennent tout de même passer le temps à la gare. Par petits groupes, ils devisent çà et là. «Depuis dimanche, tout est bloqué dans le transport. Nos cars qui sont allés pour Odienné ne sont pas encore de retour à cause de la tension autour de l’attente des résultats de la présidentielle. Actuellement, il n’y a aucun départ, donc pas de recette», déplore Soumahoro Siaka, chef de gare à la compagnie Tcf (Transport Cissé et frères). Selon lui, la situation devient de plus en plus intenable et les transporteurs sont à bout de souffle. Dans la mesure où ils sont en train d’épuiser leurs petites économies pour faire face aux charges familiales. «L’argent ne rentre pas et le peu que j’ai épargné, sort à une vitesse incalculable parce que mes quatre enfants ne vont plus également à l’école à cause de la montée de la fièvre électorale. Tout le monde est cloué à la maison. C’est vraiment compliqué», fait remarquer le transporteur. Pour échapper momentanément à cette pression, il se voit obliger de venir échanger avec ses collègues à la gare. Non loin de lui, Diabaté Lanciné, caissier à Tcf, s’emporte : «Cette situation d’immobilisme qui se généralise est inacceptable. Nous ne pouvons pas continuer à subir les humeurs des hommes politiques. Nous sommes des opérateurs économiques et nous devons faire face aux charges liées au paiement de salaires, de la patente, de la vignette et autres taxes. Pourtant, notre activité est fortement paralysée depuis quatre jours maintenant». Estimant qu’il est hors de question de rester encore longtemps dans cette situation de blocage. «Il faut qu’on nous libère avec les résultats de la présidentielle afin qu’on puisse reprendre le travail dans la sérénité», lance-t-il visiblement remonté. Une poignée de conducteurs lui emboîte le pas. Au dire de Bamba Daniel, l’un d’entre eux, ils sont payés à raison de 2.500 Fcfa sur chaque départ. Mais, depuis le 28 novembre, c’est la misère totale. A la compagnie Tcy (sur le trajet Abidjan-Man) via la structure Ks (qui relie Abidjan-Gagnoa), le tableau est le même. Les responsables des deux sociétés ont tous fermé. Seuls quelques apprentis sont restés pour veiller sur les mastodontes. Les difficultés financières les ont contraints à être solidaires pour passer cette période assez délicate.

3 milliards Fcfa de pertes…

«Nous ne gagnons plus rien. Donc, nous essayons d’être solidaires pour survivre à la gare. C’est-à-dire que nous nous cotisons (150 à 200 Fcfa par personne) pour aller payer de la nourriture. Or habituellement, chacun allait de son côté», explique Koné Gilbert, jeune apprenti. Les chauffeurs de wôrô-wôrô (taxis intercommunaux) et de gbakas (minicars de transport) sont également à bout de nerfs du fait de la baisse drastique des chiffres. Concernant ces deux types de transport, les recettes ont chuté de 12.000 à 6.000 Fcfa pour les wôrô-wôrô et de 28.000 à 15.000 Fcfa pour les gbakas. Il en est de même chez les taxis-compteurs où les recettes se sont effondrées à moins de 15.000 Fcfa contre 30.000 Fcfa (y compris 8.000 Fcfa pour le carburant et 5.000 Fcfa pour le chauffeur). «Le transport est sérieusement perturbé. En plus de la rareté de la clientèle, le temps de travail s’est amenuisé avec le couvre-feu. Actuellement, je viens chercher juste l’argent de la popote avant d’aller garer à 13heures», soutient K. Zakarie, chauffeur de wôrô-wôrô sur la ligne Adjamé-Cocody. Ce contexte difficile impacte les activités des revendeurs de pièces détachées d’occasion. Diakité Djibril, l’un des revendeurs souligne qu’il n’y a plus de vente depuis le samedi 27 novembre, veille de la présidentielle. Alors qu’il gagne habituellement, 25.000 à 30.000 Fcfa par jour. «J’ai l’ordonnance de ma femme dans ma poche depuis plusieurs jours. Il me faut 20.000 Fcfa pour l’achat de médicaments. Je ne sais plus quoi faire», se demande-t-il, apparemment abattu. Le président de la Coordination nationale des gares routières de Côte d’Ivoire, Touré Adama, estime que les pertes dans le transport avoisinent 3 milliards de Fcfa par jour dans la seule zone gouvernementale. A l’en croire, les transporteurs seront plus éprouvés parce qu’il faut faire face au règlement de la traite en cette fin d’année. Dure, dure, l’attente des résultats de la présidentielle.

Cissé Cheick Ely
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