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Politique Publié le lundi 6 décembre 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Le soutien de Soro à Ouattara a été décisif

Guillaume Soro était dans la raison avec Laurent Gbagbo. Les deux ne s’aimaient pas forcément, mais au nom de la paix, ils avaient chacun mis du bémol dans leurs griefs personnels pour tenter de s’entendre sur l’essentiel depuis Mars 2007. Cette situation n’avait pas fait que des heureux dans les deux camps. Désormais Guillaume Soro, avec la crise née du résultat du second tour de la présidentielle, a trouvé des justifications objectives pour marier son coeur et sa raison. Son coeur c’était les revendications identitaires, sa raison c’était l’unité de la Côte d’Ivoire et le nécessaire dialogue direct avec Laurent Gbagbo. Au-delà des réactions internationales, la position du Premier ministre semble être un fait majeur. Le constat est que de part et d’autres les esprits ne sont pas sereins. Tout le monde se chauffe et s’échauffe. Depuis le 28 Novembre dernier, l’élection présidentielle divise les Ivoiriens et la Côte d’Ivoire. Le scrutin qui devait nous aider à sortir de la crise née de l’élection calamiteuse de 2000, crise aggravée par l’attaque du 19 Septembre 2002, après tant d’autres tentatives de déstabilisation contre le régime Gbagbo, a échoué. Nous voici donc plus divisés qu’avant le scrutin, plus divisés que jamais! Cette division transcende les familles politiques pour atteindre les familles biologiques, et peser sur les alliances familiales. Des parents, des frères, des sœurs et des amis ne se parlent plus. Des couples se boudent après des discussions orageuses.

L’atavisme est généralisé. Dans les villages et villes du pays, dans les quartiers, on se regarde en chiens de faïence. La Côte d’Ivoire est à bord de l’explosion. Les positions restent très tranchées. Que faut-il faire dans ces conditions en tant qu’éditorialiste ? La neutralité peut-elle toujours prévaloir ?

Est-il possible d’être bien compris par les uns et les autres ? Plus que jamais en cette circonstance difficle, nous estimons que la Côte d’Ivoire a besoin de dialogue et d’espace d’échanges et de médiation. La mort de l’Accord de Ouagadougou marquée par l’arrivée de Mbeki et le retrait apparent de Blaise Compaoré indique à nouveau et surtout clairement, qu’en Côte d’Ivoire, il n’y a pas de sages dont la parole peut être juste et peut mettre d’accord tout le monde. La Côte d’Ivoire a pourtant besoin de sages, et surtout de personnes dont les intérêts et les destins ne sont pas liés au fait qu’ils sont avec Laurent Gbagbo ou avec Alassane Ouattara. Notre souveraineté commande cela. Nos hommes de Dieu, nos chefs de villages, ni nos rois et chefs traditionnels sont si impuissants ! Hélas notre pays manque cruellement de ces valeurs et références. L’intelligent d’Abidjan voudrait être cet espace qui nourrit l’audace de servir de tribune de réconciliation et d’échanges. Pourtant la tentation est forte de choisir et de se rallier ouvertement et officiellement à un camp, ou à un autre, en en tirant des prébendes, les avantages. Tout en étant prêt à assumer les inconvénients. Le temps est-il propice pour parler des causes de la crise, alors qu’il faut gérer les conséquences ? Laurent Gbagbo pouvait-il gagner le second tour de la présidentielle en dehors des moyens constitutionnels et de l’intelligente victoire sur tapis vert? Le RHDP est-t-il tombé dans le piège de la LMP ? Après avoir pris toutes les dispositions pour lutter contre toutes les possibilités de fraudes, les partisans du RHDP ont-il trop fait pour sécuriser leur victoire, en exerçant des actes d’intimidation ? Le temps n’est certes pas encore au bilan. Mais demain, il faudra bien répondre à ces questions, car ce sont les non-réponses, les demi-vérités, l’injustice contre les uns et les autres depuis 50 ans, et non les seuls dix ans de Laurent Gbagbo, qui ont conduit à la crise. En Afrique comme partout ailleurs, les élections restent un piège à cons. Maintenant que le vin est tiré, ne faut-il pas le boire ? Fort de sa qualité de maître d’ouvrage du processus de sortie de crise, le Premier ministre Guillaume Soro a donc démissionné.

Quoi qu’on martèle que c’était prévisible et évident. Même si on estime qu’il a rejoint le vrai père de la rébellion à savoir son maître et mentor Alassane Ouattara en oubliant bien de faits vécus depuis la signature de l’Accord de Ouaga,le fait est que Guillaume Soro était une sorte de caution et d’allié objectif pour Laurent Gbagbo, heureux pendant longtemps de nourrir le sentiment d’avoir sauvé et réintégré le ‘’petit’’ dans la République. En tournant le dos au Président Laurent Gbagbo, Guillaume Soro a affirmé qu’il a choisi le camp de la vérité, et a prévenu que les objectifs de réconciliation du pays restent menacés. Le tableau est sombre et inquiétant. Un regard sur le code électoral permet de relever l’article 64 : « Dans le cas ou le Conseil constitutionnel constate des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d’ensemble, il prononce l’annulation de l’élection. La date du nouveau scrutin est fixée par décret en Conseil des ministres sur proposition de la Commission chargée des élections. Le scrutin a lieu au plus tard quarante-cinq jours à compter de la date de la décision du Conseil constitutionnel ». Hier quand la rébellion attaquait Laurent Gbagbo, elle n’avait pas d’arguments crédibles et défendables aux yeux de la communauté internationale. Cela a aidé Laurent Gbagbo à tenir ces huit dernières années malgré toutes les pressions et tracasseries du complot international. Toutefois cette absence de légitimation n’a pas empêché que le régime Gbagbo soit emmerdé durant huit années. Depuis le 28 Novembre dernier, la rébellion armée, et alliés, notamment la branche politique qui était le G7 d’alors détient ce qu’elle considère une carte maîtresse, c’est-à-dire une légitimité sortie des urnes, certifiée par la CEI et par les Nations Unies. Cela rend la crise plus difficile face à un Laurent Gbagbo pourtant habitué à se battre. Les urnes n’ont pas pu départarger,mais assurement nous sommes sur la voie de la sortie de crise cette fois-ci. Car la Côte d’Ivoire ne peut pas supporter cette situation durant les cinq prochaines années à venir. Parce que nous sortons déjà de dix années de crise. Vivre donc cinq nouvelles années avec des gouvernements saupoudrés et N’Zassa que la communauté internationale aime imposer ça et là ne résoudra rien. Que peut bien faire le président Thabo Mbeki, un homme honnête et intègre ?

L’ex-président sud-africain arrive en pompier comme en Novembre 2004. Il avait réussi à décanter les choses et fait avancer considérablement le processus de sortie de crise dans notre pays. Mais Thabo M’Beki, qui reste avec le Président Angolais, l’une des rares personnalités à pouvoir parler avec Laurent Gbagbo, et est réputé avoir eu de bonnes relations par le passé avec Alassane Ouattara, n’a pas la tâche facile, si on s’en tient à la position de l’Union africaine, qui soutient la victoire d’Alassane Ouattara. Partisan de la renaissance africaine, Thabo Mbeki, pour qui nous avons personnellement une profonde admiration, avait favorisé le dialogue direct, en rapprochant Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré quand il a perçu que sans le Burkina Faso, la crise ivoirienne ne pouvait pas connaître de règlement. Il faut souhaiter bonne chance au père M’Béki, même si chaque camp reste réservé et sceptique

Charles Kouassi
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