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Politique Publié le jeudi 23 décembre 2010 | Le Nouveau Réveil

Tentative de confiscation du pouvoir d’Etat : Le sens du discours de l`ex-chef de l`Etat Gbagbo

Le mardi dernier à la télévision ivoirienne, l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo qui s'accroche au pouvoir après sa défaite à l'élection présidentielle du 28 novembre dernier, a cru bon de s'adresser aux Ivoiriens pour faire des propositions en "tendant la main" au président élu Alassane Ouattara. Pour la majorité des Ivoiriens, Laurent Gbagbo, en décidant d'appeler au dialogue à travers "un comité d'évaluation post-électoral" termine là où il aurait dû commencer. Depuis la proclamation des résultats par le conseil constitutionnel le 03 décembre 2010 le donnant gagnant, il s'est braqué contre le monde entier en dépit de la certification par l'Onu des résultats donnés par la Cei. Résultats qui donnent Alassane Ouattara gagnant. Ses miliciens et autres mercenaires libériens ont massacré des Ivoiriens et fait de nombreux blessés et des disparus. Par son entêtement, Laurent Gbagbo a mis le pays dans un isolement accru. Par-dessus tout, Laurent Gbagbo s'est mis dans la posture de quelqu'un qui est tellement fort qu'il n'a plus rien à voir avec personne et même qui se moque de la communauté internationale. Dans un tel contexte, les Ivoiriens ont été surpris son intervention à la télévision nationale. Surtout que tout le monde pense qu'il aurait dû commencer par la voix qu'il emprunte aujourd'hui. Mais, en réalité ceux qui savent lire entre les lignes, se rendent compte qu'il a fait cette sortie parce qu'il est pris entre le marteau et l'enclume. Laurent Gbagbo a le dos au mur et veut faire de la diversion pour souffler en essayant son jeu favori : la ruse.

Pressions nationales et internationales
En effet, il est pris à la gorge par les pressions venant de toutes parts. L'une des raisons de la sortie de l'ex-chef d'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, est bien les nombreuses pressions nationales et internationales qui pèsent sur lui et ses proches, ses seuls soutiens. L'Organisation des Nations unies lui ont signifié expressement de quitter le pouvoir. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao) par deux fois lui a intimé l'ordre de quitter le pouvoir. L'Union africaine (UA) emboitant le pas à la Cedeao, lui a demandé de s'effacer. L'Union européenne a même infligé à lui et à son camp des sanctions sévères. Les Etats unis ont pris aussi des sanctions ciblées contre lui et ses proches. Ainsi, lâché par son peuple, par ses frères chefs d'Etats africains à travers la Cedeao et l'Ua, par l'Onu, l'Ue et les Etats Unis, Laurent Gbagbo est étouffé par les pressions auxquelles il ne peut plus résister. En plus, sa demande de voir l'Onuci partir de la Côte d'Ivoire a été rejetée sans ménagement par le conseil de sécurité de l'Onu. Alors, il lui fallait desserrer un peu l'étau en proposant une "main tendue" et surtout son fameux "comité d'évaluation" d'une élection que tout le monde lui donne perdant. Plus grave, la banque mondiale vient de geler ses financements en faveur de la Côte d'Ivoire.

Décisions de la Cedeao
La réunion urgente de la Cedeao vendredi à Abuja y est pour beaucoup dans la sortie de Laurent Gbagbo. La peur gagne le chef de la refondation parce qu'il sait ce qui l'attend à l'issue de cette réunion spéciale de la Cedeao sur la Côte d'Ivoire. Il s'agit d'importantes mesures qui pourraient accélérer son départ du pouvoir. D'autant que l'Union africaine ne fera aucune difficulté à s'aligner sur ce que décidera la Cedeao. Et ces décisions auront leur pesant d'or dans le dénouement de cette crise absurde que mène Laurent Gbagbo contre les Ivoiriens.

Mouton du sacrifice
Au-delà de toutes les pressions, à l'intérieur même du parti de Gbagbo le tonnerre gronde. Des cadres du Fpi ne veulent plus être le mouton du sacrifice de Gbagbo. Ils commencent à s'interroger sur ce que l'entêtement de leur chef va leur coûté. Des sanctions qui pleuvent sur eux risquent d'obstruer leur avenir déjà compromis par toutes les violences et autres exactions sur les populations. C'est dire que certains éléments à l'intérieur du Fpi commencent à se désolidariser du bras de fer que Laurent Gbagbo a engagé avec le peuple ivoirien, les organisations africaines et surtout la communauté internationale. Du côté des Forces de défense et de sécurité (Fds), des murmures de mécontentement commencent à sortir des casernes. Laurent Gbagbo ne leur ferait pas confiance. C'est pourquoi, il aurait basé sa stratégie de répression sur des miliciens libériens et angolais. Le résultat, des morts et des morts. Or, c'est eux qu'on accuse. Ce qui serait à la base d'une énorme frustration pour les éléments des Fds.

Conclusion
Au total, si Laurent Gbagbo s'est précipité pour produire un discours à la nation, c'est parce que les contingences actuelles, la pression et son isolement l'y ont contraint. Il voulait par cette sortie se donner le temps de sortir du labyrinthe dans lequel il se perd de plus en plus. En plus, à la veille des fêtes de fin d'année, l'homme veut donner un peu d'espoir aux Ivoiriens en leur donnant l'illusion qu'il tient la barre. Enfin, l'appel du président du Pdci, Henri Konan Bédié, à son frère Laurent de quitter le pouvoir dans la dignité n'est pas à sous estimer. Et Gbagbo le sait. En Côte d'Ivoire lorsque le président Bédié parle, son avis pèse lourd. C'est pourquoi, un tel appel à Gbagbo à faire le choix de l'honneur en se retirer en digne fils d'Afrique, sonne comme la voix du peuple qui ne veut plus que le sang coule sur le sol ivoirien pour assouvir une ambition personnelle.

François Konan
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