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Politique Publié le lundi 17 janvier 2011 | Nord-Sud

Duékoué - Dans l`univers des déplacés

Le conflit inter-ethnique qu'a connu la ville de Duékoué les 03, 04 et 05 janvier a eu de lourdes conséquences sur les populations. La ville s'est vidée des trois quarts de sa population. Duékoué donne l'image d'une ville fantôme où les habitants se comptent au bout des doigts. La circulation a repris mais elle reste timide. Le commerce est au point mort. La plupart des magasins du commerce pour ceux qui n'ont pas été incendiés ont les portes fracassées par des pillards.

ILS DORMENT SOUS 
DES BÂCHES
Plus loin, à la mission catholique sainte Thérèse de l'enfant Jésus, de loin, l'on aperçoit une vingtaine de bâches dressées comme s'il y avait une grande cérémonie de commémoration de la première messe d'un prêtre. Que non ! Il suffit de s'y approcher pour se rendre compte que c'est là que loge plus de la moitié des populations restées sur place à Duékoué. Environ 12 à 13 mille personnes selon le père curé de la paroisse. « C'est sous ces bâches que dorment les déplacés dont la plupart d'entre eux sont devenus des sans abri », nous dit notre guide du jour, Kouassi Kader, diacre de l'église Miva de Duékoué. La chance de ces personnes, c'est que nous sommes en saison sèche. En cas de pluie, ce sera la grande désolation. Etant donné que les bagages de ces personnes déplacées sont à même le sol et à l'air libre. Des femmes, des enfants et des hommes sont assis pour certains à même le sol. Quelques rares d'entre eux disposent de matelas. Ces personnes sont couchées sur des nattes pour les uns et sur des morceaux de pagnes pour les autres. Ils sont pour la plupart des autochtones Wê. Parmi eux il y a une trentaine de Dan. « Quand il y a eu l'attaque, nous avons fui nos maisons avec ce que nous pouvons transporter facilement. Le reste a été brûlé y compris la maison où nous habitions », indique dame T. Marguerite. Toute désespérée, elle n'a que quelques trois tenues vestimentaires et compte sur des personnes de bonne volonté pour lui venir en aide. G. André est lui, menuisier. Devenu sans abri, il n'a que la mission comme refuge en attendant de se trouver un gîte. Ces personnes regroupées par milliers à la mission catholique sont confrontées à un véritable problème humanitaire. La manifestation de la solidarité est très timide. Certains pensionnaires se sentant lésés ont voulu détruire ce que les autres ont eu en déchirant les sacs de riz à l'aide de couteau. « Si tout le monde ne peut pas avoir ce riz mieux vaut qu'on perde nous tous », fulminent les plaignants. Des personnes sont arrivées au camp des déplacés avec leur seul vêtement qu'ils portent sur eux. Aujourd'hui, ils sont nombreux les sinistrés qui ont besoin d'assistance. Quelques personnes se sont déjà manifestées par des dons. Notamment des fidèles chrétiens catholiques et ceux de l'église Miva. « Nous continuons les quêtes mais, il faut l'apport de l'Etat et des organismes humanitaires. Sinon, comme vous le voyez, l'église est débordée », souligne Kouassi Kader. À côté de cela, il faut craindre les risques d'épidémie. Depuis l'éclatement du conflit, l'eau est coupée. Et la Sodeci a fait venir une citerne d'une capacité de 10 mètres cubes pour transporter l'eau de Guiglo pour servir les zones sensibles et les zones à fortes densités de populations. Notamment, l'hôpital, la mission catholique, le poste de commandement des forces de défense et de sécurité et les quartiers Carrefour et Kôkôma. Mais cela s'avère très insuffisant et coûteux pour l'entreprise. Selon le coordonnateur de la Sodeci, la station de distribution d'eau pourrait reprendre son fonctionnement d'ici à mardi si tout rentre dans l'ordre.
À notre arrivée dans la cité du Guemon, nous avons aussi constaté que la ville continue de se vider de ses populations. Renseignement pris auprès des voyageurs « Il y a trop de rumeur d'attaques. Il faut donc prendre ses précautions en mettant la famille à l'abri des atrocités que nous avons connues ces dernier temps » prévient l'un des voyageurs.
Au foyer des vacances de la Cnps à Man, les déplacés sont au nombre de 2.193 pour 606 ménages. 97% sont malinké et 3%, yacouba qui sont presque dans un paradis par rapport à ceux de Duékoué. « Nous sommes bien logés, les Mannois s'occupent bien de nous, ils sont à nos soins et nous mangeons à notre faim », témoigne Shérif Mamadi. Ce dernier ne compte pas retourner à Duékoué de si tôt parce que sa maison a été incendiée et il a tous perdu. Le vieux Yacouba Diomandé s'est retrouvé dans la capitale des montagnes avec ses deux femmes après avoir été menacé.

LA FAMINE MENACE
Il compte retourner chez lui dès qu'il aura l'assurance de ce que la sécurité est de retour. Diomandé Kadidja, après l'accalmie est retournée à Duékoué, mais la persistance des rumeurs a fait qu'elle est revenue accompagnée de ses deux sœurs à Man où la sécurité est de mise avec une prise en charge adéquate. Cependant s'il n'y a pas de nouveau dons, dans une semaine, le problème de nourriture peut se poser à en croire les responsables de la coordination de la prise en charge des déplacés. Du point de vue médical, les pensionnaires de Man on deux médecins à leur disposition. Il s'agit du docteur Koné Zoumana du district sanitaire et du docteur Brin Kouakou Parfait de l'ONG IDEE Afrique. Selon ce dernier, la prise en charge médicale des déplacés est gratuite et ce avec la bonne collaboration de centre hospitalier régional. Cependant malgré l'appui de l'UNICEF, les médicaments restent insuffisants surtout pour les enfants qui sont plus de 800, les nourrissons au nombre de 41 et les femmes enceintes qui ont atteint la quarantaine. Le PAM, le CICR, les communautés chrétiennes et musulmanes se sont mobilisées dés les premières heures de l'arrivée des déplacées avec un grand élan de solidarité. Mais aujourd'hui, si les organisations humanitaires ne viennent pas vite en renfort, il faut craindre la famine», avertit un agent du ministère de la famille, de la femme et des affaires sociales.
Kindo Ousseny à Man

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