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Politique Publié le mercredi 26 janvier 2011 | Le Temps

Crise post-électorale en Côte d’Ivoire : Le feuilleton se poursuit en diastole et systole

Cette crise ivoirienne, qui draine des menaces de recours à la force sur un fond d’imposture pour imposer Alassane Ouattara au pouvoir, montre avec le temps le caractère irréfragable, incompressible, insubmersible, de la vérité, donc la fragilité d’une telle ambition. Une vérité qui remonte de plus en plus en surface, montrant l’intelligence des hommes qui gouvernent ce pays mais aussi leur courage, la fidélité de ces Forces de défense et de sécurité dans une fusion patriotique. Des forces prêtes, avec un Mangou à l’image de son Chef, à faire obole de leurs vies pour la dignité, l’indépendance de leur pays et de l’Afrique. Au moment où s’annonce le Sommet de l’Union africaine, il est à prévoir que cette énergie mise au service de la justice et de la vérité y résonne fortement et séduit. Des pays qui, comme l’Afrique du Sud, l’Angola, ont conquis au prix fort leur liberté, ne sauraient y dénier aujourd’hui, leur fraternité à la Côte d’Ivoire engagée dans le même combat libérateur.

I. - Cette élection jouée à «malin/malin et demi»

Depuis la sortie du deuxième tour, la Côte d’Ivoire se trouve embarquée dans une crise post-électorale dont le monde n’a jamais été témoin, tout a
été dit sur les tenants et aboutissants de cette crise. Les uns et les autres, partisans de Laurent Gbagbo ou d’Alassane Ouattara, ont développé leurs thèses si bien qu’au jour d’aujourd’hui, celui qui dira qu’il n’a pas assez d’éléments sur
ce différend électoral et politique, c’est qu’il n’aura pas vraiment cherché, qu’il est de mauvaise foi ou bouché à l’émeri. Il reste tout de même un point sur lequel jusqu’à présent, on n’en a pas vu beaucoup s’exprimer : c’est celui qui met la lumière sur ce poker politique auquel se sont livrés les deux adversaires de cette bataille, Alassane Ouattara appuyé par la communauté internationale et Laurent Gbagbo appuyé par les patriotes africains et les défenseurs de la primauté du Droit.

Le pari du coup d’état électoral

Le premier camp, qui a la force avec lui, qui est convaincu d’avoir domestiqué les médias, la justice, pour l’aboutissement de sa «cause», a choisi, après l’échec du coup d’Etat militaire du 19 septembre, de faire le dos rond et de tout miser sur le coup d’Etat électoral. Les Commissions électorales indépendantes qui donnent des coups de main, les fichiers électoraux bidonnés qui vous tirent d’affaire, sont maintenant des techniques bien éprouvées qui économisent en temps, en argent, en vies humaines. Pourquoi ne pas y recourir en Rci ?
Mais comment ? C’est tout bête. Il suffit de maintenir le statu quo du point de vue territorial et du point de vue des forces militaires. On garde la partition de fait, on refuse le désarmement, la réunification et on pousse aux élections. Voilà l’option qui a été prise. Evidemment, tout cela est enrobé de mièvreries, de promesses, de financement du processus, d’engagement à convaincre les rebelles de désarmer et à réintégrer la République. Et pour convaincre Laurent Gbagbo d’aller dans ces conditions aux élections, on n’oublie pas de jeter à ses trousses les médias de France et de Navarre mais aussi ceux des capitales africaines complices. Et on y allait des insultes, des moqueries : le «boulanger mouille», il sait qu’il sera complètement rétamé aux élections, c’est pour cela qu’il n’a de cesse de les reculer. Quand ça ne suffisait pas, on commandait des sondages pour lui assurer une victoire haut la main, croyant par ce subterfuge, endormir ses appréhensions.
Dans cette stratégie, étaient embarqués tous ceux qui avaient nourri, formé, aidé, encouragé les rebelles dans leur cavalcade en 2002 pour l’évincer du pouvoir mais avec cette fois en première ligne, les Usa et les Nations unies. La pression était trop forte et le temps, cette fois-ci, ne se montrait pas un allié de Laurent Gbagbo. Il lui fallait sortir coûte que coûte du piège, montrer qu’il n’avait pas les pétoches sans pour autant aller se faire étriper dans un scrutin qu’il savait bidouillé, piégé à mort, un scrutin qui se déroulerait contrairement à la Constitution avec un pays non réunifié où des rebelles avaient toujours la haute main au plan militaire et économique sur les populations qu’ils contrôlaient. Il n’y avait pas besoin (cela crevait les yeux) de forcer ces rebelles à faire un hold-up électoral en faveur de Ouattara !

La botte secrète du Conseil constitutionnel

Laurent Gbagbo finit par entrer dans le jeu, à si bien y entrer qu’il donne l’impression de ne pas soupçonner ce qui va venir. Il laisse faire cette Commission électorale indépendante composée à 90 % de ses opposants. Il met même à sa tête un président du Rhdp. Il satisfait toutes les demandes de l’opposition pour un scrutin transparent dans le Sud mais sans qu’on y prenne garde, il bétonne le Conseil constitutionnel grâce à un N’Dré compétent et fidèle. Il se dit «à malin, malin et demi. Vous allez”, se dit-il, “en amont, m’en faire voir de toutes les couleurs au Nord, vous disant qu’au Sud, vous allez faire le plein de vos voix sans me permettre à moi d’y resquiller puisque les contrôles sont là, vigilants, surabondants. Au Nord, je le sais, vous allez me laminer en faisant un vote si gourmand en faveur de mon adversaire que sa victoire y sera assurée». Mais voilà, ce que l’intelligence internationale a oublié, c’est que Laurent Gbagbo la voyait comploter à ciel ouvert, que la légitimation qu’elle voulait donner à l’homme de son choix ne pouvait s’opérer dans la méconnaissance que celle-ci, dans un Etat souverain, appartient au seul peuple souverain.
Ce que la communauté internationale a négligé, c’est que selon la loi des lois, selon les Institutions de la Côte d’Ivoire, selon la hiérarchie des normes juridiques qui prévalent dans ce pays, la décision finale en matière électorale revient au Conseil constitutionnel. Elle n’a pas suffisamment mis en perspective qu’elle courrait le risque de se trouver en contradiction avec elle-même en contestant la décision d’un juge suprême quand dans leurs propres pays, ses membres ne peuvent se le permettre. Voilà le carrefour auquel Laurent Gbagbo a su les amener en acceptant d’aller à une consultation qu’il savait pipée au Nord et qu’il comptait bien surmonter en aval grâce à un Conseil constitutionnel qui lui donnerait le dernier mot. Paré pour la bataille contre une proclamation de victoire prématurée grâce à un accord signé en ce sens avec son adversaire, il n’en oubliait pas pour autant qu’il lui faudrait éventuellement savoir compter avec le temps au cas où on marcherait sur cet engagement pour déjouer le complot électoral. Nous y sommes.
Avec le temps, la lumière a jailli, imposant la vérité aux consciences et aujourd’hui, ils sont de plus en plus nombreux, les pays mais surtout les peuples, à y voir plus clair, à dénoncer le complot électoral international, à affirmer qu’on ne peut pas résoudre la crise post-électorale en Rci par la force et à convenir qu’il faut procéder au recomptage des voix ou en tout cas à une solution politique. C’est un renversement de situation qui donne raison aux plus faibles contre les plus forts car là encore, Laurent Gbagbo sait qu’il a des pièces maîtresses en main ; il sait qu’en refaisant le compte, la duplicité des uns et des autres apparaîtra au grand jour. On saura qu’il y a eu bourrage d’urnes, qu’il y a eu falsification de Procès-verbaux, violences de toutes sortes, bref, qu’une association de malfaiteurs emportant bien de démocraties classées parmi les plus exemplaires du monde, a été à la base d’une méga-fraude électorale dont les conséquences, les placent véritablement dans l’antichambre de la Cour pénale internationale.
VT

II. Réunion à Bamako des chefs d’Etat de l’Uemoa : les leçons à en tirer

La réunion des chefs d’Etat de l’Uemoa à Bamako le 22 janvier 2011, marque (tout porte à le croire) un grand tournant dans la vie de l’institution, du Franc Cfa. Les chefs d’Etat ont confirmé les décisions prises par le Conseil des ministres de l’Uemoa du 23 décembre 2010 et en conséquence ont donné tous les pouvoirs et toutes les signatures à Alassane Ouattara. Ils ont, par la même occasion, fait démissionner le Gouverneur de la Bceao, Philippe Henri Dacoury Tabley. Il s’agit d’une position de fermeté extrême dont on sent qu’elle n’a pu être prise qu’avec le soutien de la France qui est un partenaire-clé de la zone Cfa. C’est dans la guerre des défis entre Laurent Gbagbo et la communauté internationale, l’escalade pour signifier au Président ivoirien et aux siens que la bataille financière est bien lancée et qu’elle ne s’arrêtera pas. Cette option du reste semble rencontrer un consensus au niveau de l’union beaucoup plus que celle de la guerre pour en finir avec le régime ivoirien.
Si l’on peut se réjouir des progressions enregistrées dans ce domaine du rejet de la guerre, encore que rien ne garantisse qu’elle soit à jamais conjurée, il reste que l’asphyxie économique et financière, à terme, risque de poser autant de dommages que la guerre proprement dite.
Quoi qu’il en soit, après ces décisions, le pouvoir ivoirien est au pied du mur. On attend sa réaction. Acquiescer aux décisions, c’est un signal de recul qui ne peut que déboucher sur la reconnaissance d’Alassane Ouattara auquel tous les pouvoirs sont conférés pour gérer le pays. Refuser contraint à en tirer toutes les conséquences, départ de l’Uemoa et création d’une monnaie nationale.
Il faudra alors aux Ivoiriens un surcroît de volonté, de courage, pour mener de front la lutte contre la déstabilisation militaire, diplomatique, médiatique, économique avec celle financière qui risque de s’amplifier même dans ce cas de création de monnaie. Il ne faut pas espérer que tout s’arrête là. Il est certes possible de battre monnaie et de vivre en économie fermée, ne serait-ce que quelque temps, mais il faudra compter avec la guérilla financière qui sera livrée à cette monnaie. On ne laissera pas la Côte d’Ivoire tranquille comme on le fait du Puntland, ce non-Etat qui n’en existe pas moins même privé de reconnaissance internationale.
Au total, nous restons toujours dans la question de la gestion du Temps, dans celle du redoublement d’ardeur pour une plus vaste sensibilisation. A l’horizon, pointe un espoir : le nombre grandissant d’Etats qui écartent la guerre et acceptent comme solution le recomptage des voix. Cela peut amener l’Union africaine à faire des choix ultimes qui minimisent l’impact négatif des décisions de Bamako.
Sans doute que les jours qui nous séparent de cette grande rencontre verront se déployer un ballet diplomatique sans précédent pour ramollir les ardeurs des grands Etats africains dont la voix convaincante risque de servir la cause ivoirienne à ce Sommet de toutes les attentes.
Si en Afrique de l’Ouest, les pressions peuvent s’exercer plus facilement sur les dirigeants, surtout lorsqu’ils restent très dépendants de l’ancienne métropole française, il est peu probable que des Etats comme l’Afrique du Sud, la Libye, l’Angola, dans une certaine mesure la Guinée Equatoriale, la Gambie, les Iles du Cap vert, soient sensibles à des intimidations ou à des « motivations » pour abjurer leurs prises de position.

sanfinna.com
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