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Économie Publié le lundi 31 janvier 2011 | Nord-Sud

Occupation illégale de la Bceao - Les banques rejettent les chèques

Les banques ivoiriennes sont en train d’adopter une attitude d’extrême prudence vis-à-vis de leurs clients. En effet, les chèques sont en pertes de crédit dans les banques.


Est-ce le retour aux années post-indépendance ? Tenez ! Les moyens modernes de paiement scripturaux, en l’occurrence, les chèques, les cartes bancaires et autres effets de commerce sont en passe de perdre du crédit au profit de la vieille tradition de monnaie fiduciaire. Dans plusieurs banques ivoiriennes, les caissiers mettent en évidence des affiches du genre : « Les chèques ne sont pas acceptés jusqu’à nouvel ordre». Les commerçants aussi se méfient des paiements par chèque ou par carte bancaire. «Il y a trop de troubles dans l’espace financier. Nous devons rester attentionnés », explique Vamoussa Doumbia, président de la Coopérative des exportateurs de denrées et produits divers. Cette suspicion qui pèse sur les relations entre clients et opérateurs économiques, est aujourd’hui appelée à s’aggraver. Un coup de pied à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) qui doit faire le même constat, et s’en désoler, malgré la note d’information sur les garanties liées au chèque dans l’espace monétaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Avec l’occupation illégale des agences locales de la Bceao par le groupe illégitime de Laurent Gbagbo, la confiance que suscite cet instrument de paiement est de plus en plus limitée. De nombreux usagers, des particuliers, des commerçants et des opérateurs économiques, observent que depuis la «réquisition illégale» du personnel et des locaux de la Banque des banques par le clan Gbagbo à Abidjan, les chèques émis par les tiers retournent quasiment impayés. En réalité, les banquiers n’ont plus confiance au chèque, comme moyen de transaction commerciale. «J’ai donné un chèque à mon locataire mais il n’a pu faire de retrait», rapporte un client d’Ecobank.

Retour à la pierre taillée

A cause de cette tourmente occasionnée par les difficultés à réaliser les compensations, la communauté bancaire nationale a mis en place une sorte de cellule de suivi chargée de filtrer ses relations d’affaires avec les autres banques ainsi qu’avec les clients. La crainte est motivée par la grande inconnue qui pèse sur les conséquences des actes posés par un certain Katinan Koné et ses comparses, tous membres du groupe d’Aké N’gbo dont les signatures ne sont pas reconnues par la Banque centrale. En plus de la panique liée au cambriolage, l’autre incertitude qui vient encore déstabiliser le marché est la découverte de manœuvres frauduleuses qui ont causé des préjudices chiffrés en dizaines de milliards de Fcfa. «Beaucoup de banques de dimension internationale ont révisé leur mode opératoire dans leur relation avec les clients, et ce, à l’occasion des multiples opérations de commerce qu’elles ont à traiter quotidiennement », explique un banquier. Pas question donc de prendre le moindre risque. Cela se traduit, dans la pratique, par une autre orientation du mouvement d’affaires que les banques confient désormais à leurs clients en prenant soin d’éviter autant que possible de passer par des établissements susceptibles d’avoir été de quelque manière que ce soit, touchés ou sur le point de l’être par les effets du scandale. Car, aujourd’hui, tout n’a pas été encore révélé sur les réels préjudices définitifs. Il est utile de rappeler que cette démarche prudentielle est en train de bouleverser toute la composante des correspondants bancaires étrangers qui avaient coutume de travailler avec leurs homologues ivoiriens. Pour elles, l’effet surprise peut à tout moment surgir dans ce climat de méfiance. Au plan interne, cette méfiance est visible sur le marché monétaire. Pratiquement, toutes les banques privées semblent s’être donné le mot pour s’interdire toute relation engageante avec les banques publiques réputées enclines aux actions douteuses. Elles leur ont pratiquement fermé l’accès à la ressource sur un marché censé être ouvert et régulé par la Banque centrale. En conséquence, sur le marché monétaire, les banques privées et à leur tête BNP Paribas et Société générale peinent à emprunter des fonds publics émis par leurs homologues publiques qui préfèrent travailler exclusivement entre elles. C’est une exclusion que les banquiers privés justifient par une prudence nécessaire et une liberté de gestion dans un climat de concurrence et dans une ambiance bancaire qui dicte des mesures dites de sauvegarde. En 2011, les populations ivoiriennes sont bien réduites à se comporter comme si l’on était dans l’antiquité où l’on transportait les devises dans des sacs … avec tout le risque sécuritaire que cela comporte. Un peu comme les acheteurs de produits agricoles dans les zones rurales.

Lanciné Bakayoko

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