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Société Publié le samedi 12 février 2011 | L’expression

Enlevés à l’hôpital Houphouët Boigny d’Abobo - Les blessés civils tués à l’hôpital militaire d’Abidjan

© L’expression Par DR
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Jeudi 16 décembre 2010 Abidjan. Photo: les soldats ont encore ouvert le feu sur les populations civiles
Les blessés enlevés mardi à l’hôpital Houphouët-Boigny d’Abobo par les miliciens proches de Laurent Gbagbo ont été assassinés à sang froid dans la nuit de mardi à mercredi, selon des proches des victimes.

Rien ne peut arrêter la machine à casser de l’opposant Laurent Gbagbo. Mardi soir, les blessés civils de l’attaque meurtrière d’Abobo ont été enlevés à l’hôpital Houphouët-Boigny par des hommes armés à la solde de Laurent Gbagbo. Malgré les supplications du corps médical et des parents des blessés, les soldats du Machiavel des lagunes ont extirpé et déporté le jeune Diomandé Falikou et plusieurs autres blessés à l’hôpital militaire d’Abidjan (Hma). Les parents, qui s’étaient vite rendus compte des dangers de ces enlèvements, se rendent immédiatement à l’Hma pour empêcher le pire aux leurs. Après les avoir fait tourner en rond pendant des heures, les militaires les conduisent auprès des blessés et leur demandent de garder le silence sur la présence de ces blessés dans l’établissement hospitalier. «Ils nous ont dit qu’ils étaient là pour surveiller les blessés et ont demandé qu’on ne dise à personne que les blessés étaient là-bas sinon des mercenaires pourraient venir les tuer», raconte la femme du défunt Falikou. Les parents commencent à comprendre que les ravisseurs cherchaient plutôt à ôter la vie aux blessés lorsqu’un des médecins prescrit une ordonnance pour acheter du sang destiné à être administré à Falikou. Celui-ci a subi, lundi, une opération à l’hôpital Houphouët Boigny. Mais la pharmacienne qui a pris soin de regarder l’ordonnance puis le groupe sanguin du malade refuse de servir le sang. En effet, la dame déconseille aux parents d’accepter cette transfusion qui coûterait la vie au malade. Ces ravisseurs ont été sans pitié pour les blessés et leurs parents. «A minuit, je tentais de faire avaler un peu de Yahourt à mon mari qui n’avait rien mangé depuis le matin lorsque des cargos de miliciens débarquent à l’hôpital (Ndlr, Hma) et évacuent de force les chambres des blessés. Ils ordonnent à tout le monde de quitter auprès des malades», raconte la jeune mère, la voix étreinte de douleur. Personne n’explique aux parents ce qui se passe mais ils se rendent à l’évidence: c’était l’heure du crime. «J’étais devant la porte avec la maman de Falé (Ndlr, Falikou) et on voyait ces hommes arracher les ballons de sérums et enlever les tuyaux qui lui permettaient d’uriner». Les Diomandé ne pourront rien faire pour sauver Falé. Leurs pleurs et lamentations n’ont pu empêcher ces chacals d’arracher le jeune transporteur à l’affection de sa femme et ses deux enfants (l’un d’eux a à peine deux ans). «Ils ont suivi tous nos mouvements, nous ont interdit de sortir et d’avoir des communications téléphoniques jusqu’à hier soir (Ndlr, mercredi)», confie la mère de Falikou. Selon les parents de ce jeune transporteur, quatre autres blessés déportés depuis l’hôpital Houphouët Boigny ont connu le même sort que Falé. Parmi eux, un ferrailleur malien nommé Diallo Souleymane. Les parents de ce dernier leur ont expliqué que “Solo ne s’intéressait pas à la politique“. Si Falé et Solo ont été exécutés par des miliciens à l’Hma, les deux autres blessés ont été emmenés pour une destination inconnue. Selon la jeune veuve, le médecin traitant n’appréciait pas que les miliciens maltraitent les malades mais “ces hommes (Ndlr, miliciens) étaient de plus en plus menaçants“. Jeudi, il est 14h lorsque nous quittons le domicile des parents de Falikou et l’hôpital militaire refuse de leur donner le corps du jeune-homme. Ce n’est qu’à 16 heures que les parents nous donnent l’information suivante au téléphone: «L’hôpital militaire vient de nous remettre le corps de Falikou. L’enterrement aura lieu demain (Ndlr, hier) au cimetière d’Abobo». Les amis du défunt restent persuadés que son assassinat a été suscité par un de leurs proches qui est par ailleurs, un fanatique du Fpi. Selon eux, le prénommé Alain était à la recherche de Falé quelques jours avant le drame. Il aurait même confié à des gens qu’il dénoncerait Falikou comme étant un rebelle. Car, disait-il, «son affaire de Rdr est trop». Lorsqu’il a été admis à l’hôpital Houphouët-Boigny, Falé a même confié à son épouse qu’il avait l’impression d’être suivi lorsqu’il quittait la maison pour aller payer une facture que son père lui avait confiée. A son retour, il rend visite à un ami à derrière-rail, un sous quartier d’Abobo. Et c’est au moment où ils allaient prendre un café qu’un véhicule de type 4x4 ralentit à leur niveau. A son bord, des miliciens armés habillés en tenues civiles, ouvrent le feu sur eux. S’en suit alors la débandade et le jeune-homme qui prend une balle au ventre se réfugie dans une cour avant d’être évacué à l’hôpital.

Stéphane Assamoi
(Stagiaire)

Légende: Par la faute des mercenaires de Laurent Gbagbo, Diomandé Falikou laisse une femme et deux enfants inconsolables.
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