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Politique Publié le mercredi 16 mars 2011 | Notre Voie

Atsé Atsé Jean-Claude à cœur ouvert : “Bédié m’a demandé de sauver le Pdci-Rda”

Le samedi 19 mars prochain, le Palais de la Culture de Treichville abritera, à partir de 9h, les Etats généraux du PDCI-RDA. Atsé Atsé Jean-Claude, porte-parole du Comité de sauvegarde du PDCI-RDA, mouvement politique initiatrice de ces assises, explique tout. Il parle également de Bédié, du RHDP et du complot, selon lui, dont le PDCI-RDA est victime.

Notre Voie : Pourquoi avez-vous fondé un comité de sauvegarde du PDCI-RDA ? Le parti créé par Félix Houphouet-Boigny est-il menacé par les flots ?
Atsé Atsé Jean-Claude : Je suis très heureux que Notre Voie, quotidien proche du FPI, parti au pouvoir, ait accepté de me recevoir en interview. Le PDCI-RDA nouveau considère que nous devons pouvoir nous exprimer dans tous les organes de presse sans distinction aucune. Autant nous parlons dans Notre Voie, autant les cadres du FPI doivent pouvoir s’exprimer dans les quotidiens proches du PDCI-RDA ou de tout autre parti politique. C’est cela la démocratie. Nous considérons l’action politique comme un jeu. Nous devons pouvoir accepter la différence d’opinion. La politique, à notre sens, ce n’est pas la guerre. Le PDCI-RDA est un parti de paix qui refuse la violence.

N.V. : Vous n’avez pas encore répondu à notre question ?

A.A. J.C. : J’en viens. Mais, retenez que notre philosophie au PDCI-RDA étant la paix, nous considérons qu’en cas de crise, les textes du PDCI l’enjoignent à prôner la voie du dialogue. Le PDCI-RDA n’a jamais recommandé la violence comme voie de règlement des conflits. Depuis la tenue du 2ème tour du scrutin présidentiel, le comportement de certains dirigeants du PDCI nous a conduit à nous demander s’il s’agit du même parti. Voyez-vous, depuis plusieurs mois, des dirigeants du PDCI se sont retrouvés dans le camp de ceux qui ont des lance-roquettes et des Kalachnikov en main. Ils sont avec les rebelles, les ennemis de la Côte d’Ivoire, qui tuent et brûlent vifs des Ivoiriens.

N.V. : Vous faites visiblement allusion au RDR qui est pourtant l’allié du PDCI-RDA dans le cadre du RHDP…

A.A.J.C. : Je parle du RHDP parce que vous devez savoir que cette entité est le nouveau parti politique auquel ont adhéré certains ex-dirigeants du PDCI. Le RHDP veut éteindre le PDCI-RDA. Et ces ex-dirigeants du PDCI qui sont au RHDP veulent faire croire que le PDCI-RDA est dans ce moule. Ils partagent donc les actes de violence en cours dans le pays et refusent de soutenir la légalité. Alors que le PDCI est un parti légaliste et républicain.

N.V. : Qui qualifiez-vous d’ex-dirigeants du PDCI-RDA ? Henri Konan Bédié en fait-il partie ?
A.A.J.C. : Il s’agit de tous ceux qui sont au Golf Hôtel. Ils ne sont pas en mission pour le PDCI-RDA et ont décidé d’étouffer le parti, de l’éteindre afin de le substituer par le RHDP. Le PDCI-RDA originel que nous incarnons refuse de mourir. Nous marquons notre refus d’adhérer au RHDP et nous disons que le PDCI-RDA doit être reconstitué, sauvé. En tant que porte-parole d’un certain nombre de membres des instances du parti, d’élus et de cadres, nous avons décidé de mettre en place le Comité national de sauvegarde du PDCI-RDA qui organise ses états généraux le 19 mars prochain pour jeter les bases d’un PDCI sérieux et organisé. Un PDCI-RDA qui va aller à la reconquête des populations afin de revenir au pouvoir en 2015 par la voie démocratique.

N.V .: Le RHDP est né le 18 octobre 2005 à Paris (France), quelques années après la table-ronde de Linas-Marcoussis de janvier 2003. Pourquoi est-ce maintenant en 2011 que vous récusez la présence du PDCI au sein de ce groupement politique ?

A.A.J.C .: A son origine, le RHDP a été présenté au Bureau politique du PDCI-RDA dont je suis le plus jeune membre comme une alliance stratégique pour les élections présidentielles. Mais ce n’était pas un parti politique. Dans notre entendement au PDCI, cette alliance stratégique était à notre profit. Parce que nous étions convaincus que Bédié serait au 2ème tour et que ses petits frères le suivraient. Mais ce n’était pas pour que nous les suivions. Ça, jamais ! Lorsque l’accident (l’échec de Bédié au 1er tour, NDLR) s’est produit, vous avez constaté que de nombreux militants du PDCI-RDA n’ont pas suivi le mot d’ordre lancé par Bédié (en faveur de Ouattara). Puisqu’il nous avait dit, dans son livre « Les chemins de ma vie », qui sont ces gens-là. Le PDCI est le parti moteur ; ce n’est pas le PDCI qui doit être remorqué. Quand le RHDP était une alliance stratégique pour nous suivre, on était d’accord. Mais lorsqu’il devient un parti politique pour tuer le PDCI, nous le combattons.

N.V. : Comment interprétez-vous le fait que le président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié, se soit retranché depuis décembre dernier au Golf Hôtel et qu’il soit dans une attitude de belligérance vis-à-vis de la République ?

A.A.J.C. : Sachez que le président Bédié n’est pas un rebelle. Il y a eu beaucoup de banditisme au terme du scrutin du 2ème tour. Nous savons tous dans quelles conditions Youssouf Bakayoko (président de la Commission électorale indépendante) s’est retrouvé au Golf Hôtel, le 2 décembre 2010. Ce banditisme a été orchestré par la communauté internationale au profit du candidat perdant du scrutin. Dont Bédié est l’une des victimes qui est prise en otage au Golf Hôtel. M. Bédié est « mon père », je le connais. Mon « papa » Bédié n’est pas un sanguinaire ni un assassin. Il ne peut pas vivre dans une poudrière. Il ne supporte pas tout ce qui est contre la paix. Malheureusement, il est pris en otage au Golf Hôtel.

N.V. : Il y est pourtant allé de son propre gré…

A.A.J.C. : Non pas du tout. M. Bédié est bel et bien pris en otage au Golf Hôtel.

N.V .: Par qui ?

A.A.J.C. : Par la communauté internationale associée aux rebelles qui tuent les Ivoiriens.

N.V. : Avez-vous le soutien des membres du Bureau politique du PDCI-RDA et de certains barons du parti pour l’organisation de ces états généraux ?

A.A.J.C. : D’abord sachez que moi-même, je suis un baron du parti (rires). J’ai le droit de veto au même titre que tous ceux qui sont membres du Bureau politique. Notre mouvement a l’adhésion de tous les militants du PDCI qui ne veulent pas voir leur parti disparaître. Effacer le PDCI-RDA au profit du RHDP, c’est tuer de nouveau Houphouet-Boigny. Et c’est tuer l’histoire moderne de la Côte d’Ivoire. Ceux qui sont en train de le faire sont ingrats et ne méritent pas de se faire appeler Houphouétistes ou disciples d’Houphouet-Boigny. Je considère cela comme un parricide. Notre mouvement compte, en son sein, 77 députés et 18 maires issus du PDCI-RDA. Nous avons aussi le soutien de 600 personnalités sur les 800 membres que compte le Bureau politique. Le PDCI est âgé de 65 ans. Depuis son émergence, il n’a pas perdu d’élection présidentielle. En décembre 1999, nous avons été renversés par un coup d’Etat militaire organisé par ceux qui sont aujourd’hui avec le président Bédié au Golf Hôtel. En octobre 2010, le PDCI a perdu les élections au premier tour. De premier parti, nous devenons de fait le troisième parti. C’est qu’il y a problèmes d’ordre stratégique et organisationnel. Mais aussi un problème de crédibilité de ceux qu’on a désignés comme directeurs de campagne. Tenez-vous bien, comment peut-on comprendre que le candidat Bédié n’ait pas pu obtenir les procès-verbaux de bureaux de vote pour constituer sa requête devant le Conseil constitutionnel ? Est-ce sérieux qu’un parti politique vieux de 65 ans ne puisse pas avoir de procès-verbaux au terme d’une élection pour formuler un recours ? Est-ce normal que des personnes qui étaient des directeurs locaux de campagne de Bédié ne puissent pas retrouver les procès-verbaux pour constituer le dossier à soumettre au Conseil constitutionnel ? Est-ce normal que le PDCI perde la présidentielle à Abengourou, Agnibilékrou, Grand-Bassam, Aboisso où les élus sont issus du PDCI ? Vous trouvez normal que le maire de Port-Bouët, qui est le directeur local de campagne de Bédié, n’ait pas fait campagne pour Bédié ? Que la situation soit identique à Treichville, Plateau, Attécoubé, etc. ? Alors quand il s’agit d’eux-mêmes, on sait comment ils sont motivés.

N.V. : A vous entendre, Henri Konan Bédié a été victime d’une cabale menée par des cadres du PDCI…

A .A.J.C. : Au-delà de M. Bédié, il y a eu une haute trahison contre le PDCI-RDA. Nous comprenons donc que c’était une stratégie pour faire le RHDP. Mais, également, tout cela entrait dans la droite ligne de la guerre de succession. Bédié ayant fini son combat, il l’avait dit lui-même, ses successeurs éventuels se sont battus pour que Bédié perde les élections. Afin qu’il ne leur impose pas, s’il revenait au pouvoir, un dauphin qui pourrait les gêner. 70% des directeurs de campagne de Bédié sont candidats à sa succession. Alors la victoire de Bédié à la présidentielle ne les arrangeait pas. C’est donc à dessein qu’ils ont fait perdre Bédié. La preuve, ils ont confisqué les procès-verbaux pour empêcher Bédié de faire ses réclamations.

N.V. : Le président du PDCI, Henri Konan Bédié, a produit, le 4 février dernier, depuis le Golf Hôtel, une déclaration rendue publique par la presse dans laquelle il vous a demandé de surseoir à l’organisation des états généraux du PDCI. Pourquoi ne l’avez-vous pas suivi ?
A.A.J.C. : Cette déclaration n’émane pas de M. Bédié.

N.V. : Qu’est-ce qui vous le fait dire ?

A.A.J.C. : M. Bédié a toujours signé ses adresses aux militants. Cette déclaration n’est pas signée. Il s’agit d’une manipulation du RHDP. De ces personnes qui font croire qu’elles sont encore au PDCI-RDA alors qu’elles œuvrent pour le RHDP. D’ailleurs, après le 19 mars, tous ceux qui parlent au nom du RHDP ne seront plus autorisés à le faire pour le PDCI-RDA. Nos militants sont dans la confusion. Ils se demandent s’ils sont PDCI ou RHDP.

N.V. : Votre attitude pourrait s’apparenter à un lâchage de Bédié…

A.A.J.C. : Sachez que nous entreprenons toutes les initiatives dans l’intérêt du parti avec l’autorisation du président Bédié. Il me soutient entièrement dans tout le processus que nous conduisons actuellement.

N.V. : Il vous soutient pour les états généraux du PDCI-RDA ?

A.A.J.C. : Tout à fait, il nous soutient. M. Bédié est un démocrate. Il aime le débat au sein du parti et du pays. M. Bédié et moi avons deux façons de communiquer. Soit on se rencontre physiquement et on échange, soit il m’appelle au téléphone pour me donner des instructions. Depuis que je suis en mission pour que le PDCI ne disparaisse pas, il ne m’a jamais appelé au téléphone pour me demander d’arrêter. Quand il m’appelle, c’est pour me parler d’autre chose.

N.V. : Vous êtes donc toujours en contact avec lui ?

A.A.J.C. : Depuis quelques jours, il ne m’appelle plus parce que ceux qui l’ont enfermé au Golf Hôtel lui ont arraché son téléphone portable. M. Bédié est pris en otage. Il est enfermé quelque part et les personnes ordinaires qui sont au Golf Hôtel ne le voient pas. Mais je ne vais pas entrer dans ce débat. Retenez simplement que M. Bédié m’a demandé de sauver le PDCI-RDA, de me battre pour que le parti ne disparaisse pas. Parce que, selon ses propres termes, il ne saura pas comment justifier à Houphouet-Boigny la disparition du PDCI-RDA lorsqu’il le rejoindra un jour dans l’au-delà.

N.V. : Le président de la Jeunesse du PDCI-RDA, Kouadio Konan Bertin (KKB), n’approuve pas non plus la tenue des états généraux du 19 mars prochain. Comment expliquez-vous cela ?

A.A.J.C. : La JPDCI n’est pas un organe de décision du PDCI-RDA. Je suis membre du Bureau politique qui est un organe de décision du parti. Je ne voudrais pas faire de polémique. KKB est un aîné et d’où il est au Golf Hôtel, je le salue.

N.V. : Votre soutien au président réélu de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, semble avoir été diversement apprécié par les militants du PDCI. Certains cadres vous ont quasiment qualifié de traître. Que répondez-vous ?

A.A.J.C.: Aucun membre statutaire du PDCI-RDA ne me qualifie ainsi. Parce qu’au PDCI-RDA, nous nous connaissons. Ceux qui disent cela ne sont pas du PDCI, mais du RHDP. Dans l’action que nous menons, nous ne soutenons pas un homme, mais une logique. La Côte d’Ivoire est un Etat souverain qui a une Constitution qui a prévu comme arbitre, pour les élections, le Conseil constitutionnel. Au 2ème tour, le Conseil a rendu un arrêt qui a donné vainqueur un candidat. Le nom du vainqueur nous importe peu. Nous restons attachés à la Constitution et aux institutions de la République. Tous les Ivoiriens doivent soutenir la personne que le Conseil constitutionnel a désignée comme président de la République. Le PDCI doit se préparer pour 2015. C’est dans quatre ans. Ceux qui ont perdu les élections et qui sont au Golf Hôtel doivent se ressaisir. Qu’ils arrêtent la violence et attendent 2015. Ceux qui combattent aujourd’hui la Constitution sont les mêmes qui, en 1993, après le décès du président Houphouet, s’opposaient à l’application de la Constitution. Nous, au PDCI-RDA, ne sommes pas surpris de leur attitude présente. D’ailleurs, en décembre 1999, ils sont les auteurs du coup d’Etat contre Bédié.

N.V. : Il nous revient que des cadres du RHDP retranchés au Golf Hôtel vous accusent d’être le commanditaire du pillage dont sont l’objet leurs domiciles. Qu’en dites-vous ?

A.A.J.C. : Il s’agit d’accusation diffamatoire et sans fondement aucun. Mais je sais d’où tout cela est parti. Ma maison était voisine à la Riviera (Abidjan) à celle de M. Banzio (Dagobert, ex-ministre du gouvernement Soro). Il y a quelque temps, la maison de Banzio a été prise à partie par les rebelles. On m’accuse d’avoir assisté sans réagir au pillage de la maison de Banzio. D’abord, sachez que, depuis le mois de septembre 2010, j’avais quitté la maison que j’occupais. Je n’étais donc plus le voisin de M. Banzio. Mais, le samedi 5 mars, date à laquelle la maison de Banzio a été saccagée, j’étais en meeting à Adzopé. Je ne pouvais pas être à la fois à Adzopé et à Abidjan pour saccager la maison de Banzio.

N.V. : On vous accuse d’avoir donné des ordres à des quidams pour le faire ?

A.A.J.C. : Je ne suis pas coutumier de telles pratiques parce que ma philosophie, c’est la paix et la non-violence. Et puis, Banzio est un aîné avec qui j’ai des rapports cordiaux. D’ailleurs, je l’ai appelé au téléphone pour le soutenir moralement lorsque cet acte ignoble est advenu. Je lui ai dit que je ne suis ni de près ni de loin impliqué dans cela. La maison de Banzio à Bloléquin a été également saccagée, est-ce Atsé qui l’a fait ? Il faut rechercher les coupables ailleurs. Vous savez, le RHDP n’accepte pas que le PDCI-RDA se démarque de lui. Voilà pourquoi ils veulent empêcher, par tous les moyens, la tenue des états généraux du PDCI-RDA. Parce qu’à ces assises, nous allons nous dire les vérités et situer les responsabilités concernant la défaite du PDCI à la présidentielle. Pourquoi ces doyens qui ont tout eu du PDCI et qui sont tous des milliardaires ont refusé de sortir un peu d’argent pour battre la campagne du candidat du PDCI, Henri Konan Bédié ? Les états généraux éclatés ont démarré depuis un mois. Le 19 mars, nous organiserons la plénière. Ces assises constituent une halte faite de réflexions pour envisager l’avenir du parti avec responsabilité.

Interview réalisée par
Didier Depry et Boga Sivori
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