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Politique Publié le jeudi 31 mars 2011 | Le Patriote

Michel de Bonnecorse (diplomate français) : “La percée vers Abidjan se fera relativement aisément”


Ancien Conseiller Afrique de Jacques Chirac, Michel de Bonnecorse, pense que les hommes de Gbagbo vont opposer peu de résistance face à l'avancée des FRCI. Sur les antennes de RFI, il explique, lâché par ses mercenaires, par ses derniers soutiens comme l'Angola et l'Afrique du sud, Laurent Gbagbo ne peut plus tenir.
RFI : Attaques simultanées sur trois fronts, est-ce que cette offensive peut aller jusqu'à Abidjan ?
Michel de Bonnecorse : Je pense que la percée vers Abidjan se fera relativement aisément. Il y a quand même de grandes désorganisations dans les forces qui soutiennent Gbagbo, je ne pense donc pas qu'elles soient en mesure d'opposer beaucoup de résistance. Le problème n'est pas d'aller jusqu'à Abidjan, la question qu'il faut se poser, c'est la question des conséquences d'une éventuelle entrée à Abidjan. Beaucoup de quartiers sont populaires. Une entrée dans ces quartiers populaires, d'abord se prête à beaucoup de pièges et d'embuscades, ensuite peut très vite déclencher une guerre civile.

RFI : L'ONUCI se dit très préoccupée par l'utilisation d'armes lourdes, notamment de lance-roquettes et de mortiers par le camp de Laurent Gbagbo contre des populations civiles d'Abidjan?
MdB : Je peux faire deux ou trois observations. Premièrement, cela rappelle beaucoup la méthode du colonel Kadhafi contre sa population, deuxièmement, c'est un peu une obsession chez Laurent Gbagbo. Je n'oublie pas qu'au début des évènements, il y a 8 ans, lorsque les Forces Nouvelles se sont emparées de Bouaké, Laurent Gbagbo a demandé au Président Chirac, des hélicoptères armés français pour des tirs aux roquettes sur les quartiers populaires de Bouaké où les rebelles avaient pris position. Evidemment, M Chirac a dit non. Et c'est d'ailleurs le début d'une grande méfiance qui s'est instaurée entre les deux hommes.

RFI : Craignez-vous donc les exactions contre les populations civiles ?
MdB : J'ai quelques bémols qui atténuent mon inquiétude. C'est que, tout se finance autour de M Laurent Gbagbo. Des militaires se rendent aux FRCI, y compris dans Abidjan. Il y a des pays qui apparaissaient comme soutiens, qui sont en train de le lâcher, qui l'ont clairement dit. Je pense à deux pays importants. Il s'agit de l'Afrique du sud et de l'Angola.

RFI : Est-ce que l'Angola soutient encore militairement Laurent Gbagbo ?
MdB : Plus maintenant !

RFI : Avez des informations exactes ?
MdB : Oui, exactement !

RFI : Les mercenaires libériens ne peuvent-ils pas permettre un sursaut du camp de Gbagbo ?
MdB: Les mercenaires, ils étaient utiles. Mais le rôle des mercenaires est fonction des capacités financières des commanditaires. Alors que le commanditaire n'a plus d'argent.

RFI : En tant qu'ancien conseiller de Jacques Chirac, est-ce vous n'êtes pas partisan et est-ce que vous ne prenez pas vos désirs pour la réalité ?
MdB : Ecoutez, c'est vrai qu'on n'oublie pas qu'il a fait tuer des journalistes français, qu'il a fait tuer neuf militaires français délibérément à Bouaké. Je dirais qu'il y a un avant et un après Bouaké. L'analyse que je fais n'est pas fonction de mon ancienne fonction. Je pense que le Président de la République Nicolas Sarkozy est sur la même ligne et même sur une ligne plus dure que celle de Jacques Chirac.

RFI : En 2002, lors d'une première offensive des Forces Nouvelles sur Abidjan, la France avait stoppé l'avancée de rebelles au sud de Bouaké, pourquoi ne fait-elle rien aujourd'hui ?
MdB: Je rappelle qu'en ce moment-là, Laurent Gbagbo était Président légitime. Maintenant, la situation est totalement différente. Puisque le Président, c'est Alassane Ouattara. Laurent Gbagbo est illégitime. C'est par la force qu'il reste au Palais présidentiel.

RFI : Si les choses évoluent très vite sur le plan militaire et si les forces d'Alassane Ouattara avancent sur la capitale, est-ce que vous ne craignez pas des représailles contre les populations civiles ?
MdB : C'est possible. Mais il me vient en même temps, il me vient des signaux des habitants de la capitale, nuancés. Mais nous ferons tout pour éviter le clash. Le danger existe, parce qu'il suffit d'une petite allumette pour tout enflammer. Je crois que la population est beaucoup plus sage que les hommes du clan de Laurent Gbagbo.
Retranscris sur RFI par Thiery Latt
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