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Politique Publié le jeudi 14 avril 2011 | Le Patriote

Epilogue de la « révolution Orange » Les 15 jours qui ont perdu Gbagbo

Quinze jours pour porter le coup de grâce à une dictature qui s’impose aux Ivoiriens depuis dix ans. Le Patriote fait la rétrospective des événements qui ont conduit à la chute de Laurent Gbagbo.

Dimanche 28 mars
Tout est parti dans la nuit du lundi 28 mars au mardi 29 mars. La ville de Duékoué, à l’Ouest, est attaquée sur plusieurs fronts par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire. L’attaque est menée sur trois fronts. Un front est ouvert du côté de Guiglo, un autre du côté de Bangolo et un dernier vers le corridor sud de la ville. Pendant plus de 6 heures, les mercenaires et miliciens de Laurent Gbagbo résistent à l’attaque des hommes du commandant Fofana Losséni dit « Loss ». Des massacres sont perpétrés dans la ville par les miliciens et mercenaires proches de Gbagbo avant et pendant l’attaque. Le mardi dans l’après-midi, après d’âpres combats dans la ville, les troupes de l’ancien Président sont mises en déroute. Le ratissage de la ville dure jusqu’au soir. Personne ne pouvait s’imaginer que la prise de Duékoué était le coup d’envoi d’une vaste offensive fulgurante qui conduirait les Forces républicaines de Côte d’Ivoire aux portes d’Abidjan.

Lundi 29 mars
Les Forces républicaines de Côte d’Ivoire, après l’Ouest, lancent plusieurs attaques au Centre-ouest et à l’Est de la Côte d’Ivoire. L’une après les autres, les villes tombent. A l’Est, Bondoukou tombe le même jour dans la soirée, après d’intenses combats avec les forces armées proches de Laurent Gbagbo. Dans les heures qui suivent, les villes toujours à l’Est comme Tanda, Abengourou et Agnibilékrou tombent les unes après les autres. Au Centre-ouest, c’est la ville de Daloa tombe dans l’escarcelle des hommes du commandant Issiaka Ouattara dit « Wattao ». Pratiquement sans échanges de tirs. Le lendemain, le Premier ministre Guillaume Soro, ministre de la Défense, fait une entrée triomphale dans la ville où il anime un meeting devant une foule en liesse. Le Premier ministre demande à ses hommes de ne pas s’en prendre aux policiers et aux gendarmes. Encore moins à la population.

Mardi 30 mars
C’est au tour des villes de Gagnoa et Soubré, dans la région natale de Laurent Gbagbo, de tomber aux mains des forces de la République dans le Centre-ouest. Le commandant Issiaka Ouattara et ses hommes arrivent jusqu’à Mama, village natal du président Laurent Gbagbo. Le même jour, la ville de Guibéroua, ville natale de Charles Blé Goudé, le leader des « Jeunes Patriotes » est pacifiée. Dans toutes les villes et contrées traversées en pays Bété la consigne reste la même : « Pas d’exactions sur les populations et leurs biens ». Pendant ce temps à New York, le Conseil de sécurité de l’ONU prend des sanctions contre Laurent Gbagbo et exige son départ immédiat. Au Centre, le front de Tiébissou s’embrase. Après 6 heures de combats, la ville est envahie par les hommes des commandants Chérif Ousmane, Touré Hervé dit « Vetcho », Koné Zakaria et Soro Dramane dit « Docteur ». Plus d’une centaine de mercenaires angolais sont capturés et des tonnes d’armes et de munitions sont récupérés. Dans les heures qui suivent, la capitale politique et administrative Yamoussoukro tombe pratiquement sans combat. Les habitants de la cité de la paix accueillent triomphalement les troupes républicaines. La Garde républicaine et les hommes du colonel Konan Boniface, le commandant du théâtre des opérations, quittent la ville en catastrophe et se replient sur Abidjan. Plusieurs armes lourdes et des tonnes de munitions sont saisies dans la résidence du président Félix Houphouët-Boigny et dans plusieurs endroits de la ville. Le lendemain Guillaume Soro, ministre de la Défense, tient un meeting historique où il demande aux populations de garder espoir et de faire confiance au président Alassane Dramane Ouattara.

Jeudi 31 mars
La ville de San Pedro, premier port d’exportation de cacao au monde, est investie sans coup férir par la nouvelle armée créée par le président Alassane Ouattara. Le même jour, les troupes du commandant Mourou Ouattara sont signalées dans la région d’Adzopé. Partout, les troupes proches de Laurent Gbagbo sont en déroute. Les Forces républicaines sont sur l’autoroute du Nord, au corridor d’Anyama et celui de la Gesco. La bataille d’Abidjan peut enfin commencer. Le général Philipe Mangou, chef d’état-major des Forces de défense et de sécurité proches de Gbagbo, se réfugie à l’ambassade d’Afrique du Sud avec toute sa famille.

Vendredi 1er avril
L’offensive menée par les FRCI sur plusieurs fronts, notamment sur la résidence du Président de la République de Côte d’Ivoire à Cocody et au palais présidentiel au Plateau. Après de longues heures de combats acharnés, les FRCI marquent le pas. Aucun objectif militaire n’a été atteint. Toute la presse parle d’échec aux portes d’Abidjan. Le camp d’Agban résiste toute la nuit. L’attaque de la résidence tourne court. Celle du palais présidentiel connaît le même sort. L’offensive éclaire marque le pas. Des snipers embusqués et les armes lourdes des forces encore fidèles à Laurent Gbagbo gênent considérablement l’avancée des FRCI.

Samedi 2 avril
L’Onu et des ONG internationales accusent les Forces républicaines d’avoir perpétré des massacres à Duékoué. Le bilan va de 330 à 1000 morts ou disparus. Des accusations démenties aussitôt par les porte-paroles du président de la République et du Premier ministre. Tandis que le Comité international de la Croix rouge dénombre de plus de 800 morts, d’autres ONG parlent de 330 morts. Un recomptage des corps sur la supervision du ministre Konaté Sidiki parle de plus d’une centaine de morts. La polémique enfle. L’ONUCI est accusée d’avoir porté des jugements sans avoir enquêté au préalable. Les premiers témoignages parlent également de massacres perpétrés par les miliciens et mercenaires pro-Gbagbo avant et pendant la prise du pouvoir.

Dimanche 3 avril
La force Licorne prend le contrôle de l’aéroport. En dehors de quelques tirs sporadiques, il règne une certaine accalmie sur le terrain. Le général Philipe Mangou quitte l’ambassade d’Afrique du Sud avec toute sa famille. « Le devoir m’appelle ! », lance-t-il à ses proches. Le même soir, il est reçu par le président Laurent Gbagbo à sa résidence. Ahoua Don Mello, porte-parole de Laurent Gbagbo, affirme que les forces proches de l’ancien président ont repoussé l’offensive des FRCI.

Lundi 4 avril
La France commence le regroupement de ses ressortissants sur trois lieux, notamment à l’ambassade de France, à l’hôtel « Le Wafou » et la base militaire du 43e BIMA. En plus des 150 militaires envoyés la veille, 300 autres soldats sont convoyés à Abidjan. Portant l’effectif de la force Licorne à 1500 hommes. Dans l’après-midi, les Forces républicaines repartent à l’offensive. Des éléments des forces encore fidèles à Laurent Gbagbo tirent sur le siège des patrouilles de l’ONUCI et sur le siège de l’opération des Nations unies à Sebroko. Sur demande du secrétaire général de l’ONUCI, Ban Ki-moon, la force Licorne et l’ONUCI ripostent. Les camps d’Agban, d’Akouédo, la résidence des chefs d’Etat de Côte d’Ivoire à Cocody Ambassade et le palais présidentiel au Plateau sont bombardés. Les bombardements durent jusqu’à la tombée de la nuit. Les combats au sol font rage. Ils durent jusqu’au petit matin.

Mardi 5 avril
Retranché dans son bunker avec une poignée de fidèles, Laurent Gbagbo envoie au petit matin Alcide Djédjé et le général Philipe Mangou pour négocier à la résidence de France et à l’ONUCI un cessez-le-feu. L’ONU et la France exigent qu’il signe un document dans lequel il renonce au pouvoir. Au moment où tout le monde s’attend à sa reddition, Laurent Gbagbo déclare sur la chaîne de télévision française LCI qu’il ne reconnaît pas la victoire de Ouattara. Pendant ce temps, dans les rues d’Abidjan, les cadavres gisent à plusieurs endroits. Les populations commencent à ressentir la faim. L’eau et l’électricité sont interrompues. Un drame humanitaire est en train de se dessiner, selon l’ONU.

Mercredi 6 avril
Le procureur de la Cour pénale internationale veut ouvrir une enquête sur les massacres. L’Union européenne adopte de nouvelles sanctions contre Laurent Gbagbo.

Jeudi 7 avril
L’ONU annonce que les troupes de Laurent Gbagbo ont profité de la relative trêve pour gagner du terrain. Paris annonce que Laurent Gbagbo dispose encore d’un millier d’hommes dont 200 à sa résidence. Ouattara, au cours d’une adresse à la Nation, appelle à la réconciliation et annonce qu’un blocus a été établi autour du périmètre de la résidence. Il promet, en outre, que les massacres et les crimes ne resteront pas impunis.

Vendredi 8 avril
L’Onu annonce que plus de cent corps supplémentaires ont été retrouvés à Duékoué. Les troupes en patrouille essuient des tirs de la part des forces pro-Gbagbo.

Samedi 9 avril
La force Licorne et les troupes de l’Onuci occupent le Port autonome d’Abidjan. Les forces pro-Gbagbo attaquent l’hôtel du Golf. Une attaque aussitôt démentie par Ahoua Don Mello, porte-parole de Laurent Gbagbo. A New York, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, accuse Laurent Gbagbo d’user de la ruse pour réorganiser ses troupes et s’armer. Il qualifie l’attaque de l’hôtel du Golf et des troupes de l’ONUCI comme d’ actes de guerre.

Dimanche 10 avril
Yung Jin Choi, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, accuse les troupes de Laurent Gbagbo d’avoir tiré à l’arme lourde sur le siège de l’ONUCI. « La récréation est terminée », lance-t-il sur les médias internationaux. Quelques heures plus tard, les hélicoptères de l’ONUCI et de la force Licorne frappent plusieurs sites militaires dont la base navale de Locodjro, le camp d’Agban, le palais et la résidence présidentiels. L’Onu et la France affirment avoir déclenché les frappes pour neutraliser les armes lourdes de Laurent Gbagbo et sécuriser les populations civiles. Alain Toussaint, porte-parole de Laurent Gbagbo, accuse la France de vouloir assassiner l’ancien chef d’Etat. Les frappes durent toute la nuit. La résidence des présidents de Côte d’Ivoire est sérieusement atteinte.

Lundi 11 avril
Paris affirme être intervenu à la demande expresse de l’Onu. Les tirs d’hélicoptère vers la résidence de Laurent Gbagbo continuent. Au sol, les FRCI progressent vers la résidence, appuyées des forces de la Licorne. Des éléments des FRCI pénètrent dans la cour et vont jusqu’au sous-sol où sont réfugiés Laurent Gbagbo et ses proches. Gbagbo est arrêté avec ses proches et conduit à l’hôtel du Golf. Liesses populaires à travers toute la Côte d’ivoire. Joie contenue dans certains quartiers d’Abidjan. « Le cauchemar est terminé », déclare le Premier ministre Guillaume Soro qui appelle les forces pro-Gbagbo à se rallier. La Côte d’Ivoire peut enfin souffler en attendant le retour à la normale.
Jean-Claude Coulibaly
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