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Politique Publié le mercredi 20 avril 2011 | Le Patriote

COTE D`IVOIRE - Dans les médias, la terreur a changé de camp

Plusieurs journalistes ivoiriens proches de l'ancien chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, sont traqués par des partisans d'Alassane Ouattara et ont dû entrer en clandestinité par crainte d'être victimes de règlements de comptes, a appris Reporters sans frontières auprès des intéressés et de plusieurs sources concordantes.
"Nous sommes très inquiets et mettons en garde les nouvelles autorités contre une situation qui pourrait leur échapper mais dont elles seraient tenues responsables. La volonté de certains partisans du nouveau Président de faire la chasse aux journalistes du camp adverse pour se venger est simplement inacceptable et indigne. Nous appelons le président Ouattara à demander publiquement à ses partisans de renoncer à cette volonté de vengeance et de respecter la pluralité des opinions", a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de l'organisation.

Victimes d'une chasse à l'homme
Pendant les quatre mois de crise traversés par la Côte d'Ivoire, les journalistes ivoiriens, toutes tendances confondues, ont subi menaces, intimidations, et entraves à l'exercice de leur métier. Mais depuis une semaine, des partisans d'Alassane Ouattara ont lancé une véritable chasse à l'homme visant spécifiquement les journalistes pro-Gbagbo.
Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, une liste de huit journalistes "à abattre" circulerait actuellement dans Abidjan. Sont touchés des employés du quotidien d'Etat Fraternité Matin, plusieurs journalistes de la Radio-Télévision Ivoirienne (RTI), et plusieurs de la presse dite "bleue", notoirement pro-Gbagbo. Ces journalistes traqués ont préféré entrer dans la clandestinité. Certains membres du Conseil national de la presse (CNP), dont la dernière équipe était très proche de Laurent Gbagbo, les ont imités.
Le gouvernement d'Alassane Ouattara a annoncé son intention de poursuivre certains journalistes en justice pour leur rôle dans la propagande en faveur de l'ancien pouvoir. Si l'intention de sanctionner ceux qui se sont rendus coupables de dérives graves est louable, Reporters sans frontières s'interroge sur les critères qui permettront de déterminer qui doit être poursuivi.
Le monitoring des médias effectué par l'organisation pendant la campagne électorale d'octobre et novembre 2010, ainsi que l'observation minutieuse de la presse ivoirienne tout au long des quatre mois suivants, révèlent que presque tous les médias ont commis des dérapages. Le Conseil national de la presse encore présidé par Eugène Dié Kacou les avait d'ailleurs, à l'époque, tous sanctionnés, qu'ils soient proches de Laurent Gbagbo ou d'Alassane Ouattara. Pendant la campagne électorale, Reporters sans frontières avait stigmatisé les dérives de Notre Voie (pro-Gbagbo) autant que celles du Nouveau Réveil (pro-Bédié) ou du Patriote (pro-Ouattara). Nous ne tolérerons pas que tous les médias proches des nouvelles autorités échappent aux remises en cause et aux poursuites judiciaires.
"L'intention du gouvernement doit être uniquement guidée par une volonté de justice et ne doit pas aboutir à des règlements de comptes. S'il est effectivement nécessaire de sanctionner des personnes qui ont pu, à la RTI notamment, être coupables d'appels à la haine, il serait dangereux de procéder à une purge ayant toutes les apparences de la vengeance. Les nouvelles autorités doivent éviter de reproduire les travers observés dans le passé consistant à opprimer la presse d'opposition et à tolérer les écarts de la presse qui leur est favorable", a affirmé Reporters sans frontières.
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