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Société Publié le jeudi 21 avril 2011 | Le Patriote

Fermeture des cités universitaires : Des milliers d’étudiants vident leurs chambres

Mine patibulaire, cheveux ébouriffés, Mlle Sidonie N’guessan, étudiante en Criminologie, aborde difficilement les marches du bâtiment des invalides. Frappée d’un handicap au pied gauche, le matelas sur la tête, elle vide progressivement sa chambre. Logée au premier étage du bâtiment A, elle n’arrive pas ramasser tous ses affaires contenues dans la chambre. Des voisins du même palier lui viennent en aide. En faisant descendre son réfrigérateur, sa cuisinière, sa valise et ses documents. « Nous avons été pris de court. Si le gouvernement nous avait donné un délai d’une semaine pour évacuer les cités ce serait encore mieux. Nous risquons de perdre nos documents importants », explique Mlle N’guessan, visiblement épuisée par les va –et -vient entre le premier étage du bâtiment et le rez-de-chaussée.
Nous sommes mercredi 20 avril. Dans 24heures, toutes les cités doivent être évacuées. Une ambiance tristounette règne au campus de Cocody. Aucun signe de gaieté ne se lit sur le visage des étudiants. Chacun s’affaire à faire sortir ses bagages. Ceux qui ne sont pas pour la décision de fermeture des cités maugréent et profèrent des invectives à l’endroit des nouvelles autorités. « On ne peut pas ramasser tous nos bagages dans la précipitation. Les nouvelles autorités devraient nous donner un moratoire de quelques jours, le temps qu’on finisse d’évacuer tous nos effets » se plaint Paul Gbayoro, étudiant en Licence de Droit à l’Université de Cocody. Il souligne que nombre de ses camardes étudiants du fait, de la crise postélectorale, ont quitté Abidjan. Et jusqu’à ce jour, affirme t-il, beaucoup d’entre eux ne sont pas encore de retour. « Nous ne savons pas comment les joindre pour qu’ils puissent venir chercher leurs affaires. Et nous craignons fort que l’université ne soit encore accessible aux étudiants à compter d’aujourd’hui », craint-il. Au campus 2001, l’atmosphère est peu morose. Les taxis compteurs et communaux, et autres véhicules venus pour la circonstance chercher les bagages des étudiants provoquent un sérieux embouteillage. Difficile de s’effrayer un chemin. Il faut l’intervention des éléments des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) pour rétablir la circulation. Entre-temps, les étudiants s’associent par affinité pour prendre les taxis. Ils remplissent les coffres et le siège arrière de bagages. Le chauffeur est obligé de faire un second tour au campus s’il n’arrive pas à tout transporter. Manifestement, les taxis de frottent les mains. Les tarifs sont élevés. C’est à prendre ou à laisser. Du campus à Cocody centre non loin de la RTI, il faut débourser 2000 FCFA. Pour rallier Adjamé, Riviera et Abobo, la course nécessite entre 7000 à 10 000 FCFA. « Certes c’est cher, mais nous devons à tout prix évacuer les chambres. Car, nous avons des effets importants à faire sortir des chambres » indique Siriki Bakayoko, étudiant en Maitrise de Lettres Modernes. Visiblement, le campus grouille d’étudiants. Mais, plusieurs d’entre eux frémissent de peur à chaque bruit de kalachnikov des éléments de FRCI qui ont investi les lieux. « Nous sommes là pour assurer la sécurité des étudiants. Mais dans le même temps, nous cherchons à débusquer des miliciens véreux qui se cachent encore dans les résidences » explique le Sergent Touré Pascal, muni d’une kalache et d’un lance-roquettes. Le décor du campus n’est pas du tout reluisant. Surtout avec la destruction des boutiques, des kiosques à café, des salons de coiffure, des box de traitements de textes et de photocopie. Les propriétaires de ces commerces s’apitoient encore sur leur sort. Nombre d’entre eux n’en reviennent pas. « On ne nous a pas prévenus d’une quelconque destruction de nos magasins. Je me souviens qu’en 2009 le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique d’alors, M. Ibrahim Cissé Bacongo nous avait informés qu’une opération de réhabilitation devait être entreprise dans les résidences universitaires d’Abidjan. Et que tous les barraques et kiosques allaient être démolis avant le début de cette opération. Bacongo n’étant plus aux affaires, les nouvelles autorités auraient dû nous adresser une mise demeure avant de venir détruire nos magasins » déplore M. Mamadou Diallo, responsable d’une ‘’boîte’’ multimédia au campus de Cocody. Il dit avoir perdu un ordinateur et un scanner. Les opérateurs économiques non résidents au campus de Cocody plaident auprès du président de la République, Son Excellence, M. Alassane Ouattara, à l’effet de bénéficier d’un éventuel dédommagement. En attendant, le campus affiche lui déjà un tout autre visage…
Anzoumana Cissé
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