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Politique Publié le mardi 26 avril 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Koulibaly avait-il vraiment piégé Ouattara ?

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Politique nationale - Le député Mamadou Koulibaly, président de l`Assemblée nationale de Côte d`Ivoire
Photo: Mamadou Koulibaly, député FPI
Le président de l’Assemblée nationale, le Professeur Mamadou Koulibaly avait invité le Président de la République à s’exprimer le Mercredi prochain devant les députés, à l’occasion de l’ouverture de la première session ordinaire de l’année 2011. Selon Mamadou Koulibaly, cette intervention solennelle devait être un acte politique fort, allant dans le sens de la réconciliation nationale, ainsi qu’une indication de la volonté du nouveau régime de se conformer à la constitution.

Le Président Ouattara, en présence du Ministre d’Etat Ahoussou Jeannot avait donné son accord de principe. La législature Koulibaly, qui avait reçu deux chefs d’Etat étrangers (M’Beki et Compaoré), sans jamais recevoir Laurent Gbagbo durant dix ans de pouvoir, devait en principe recevoir le président Alassane Ouattara le Mercredi 27 Avril. Mais depuis lors des débats ont fait rage entre les partisans de cette initiative et les adversaires de cette initiative.

Voici le camp du Oui

La majorité des députés RHDP soutenait l’initiative. Ils étaient fiers que le Président issu de leur bord politique manifeste un intérêt pour le Parlement. C’était pour eux une leçon de démocratie au FPI, et une petite revanche sur le passé récent, qui avait fait croire que les élus du peuple issus du RHDP, n’étaient mus que par les avantages de la fonction de député.
Certains élus FPI appréciaient également l’idée. Elle devait consister à les rassurer et cesser de leur faire avoir mauvaise conscience. L’arrivée du Président de la République devait donc les mettre à l’aise et les aider à jouer leur partition, en allant sensibiliser sur le terrain les électeurs. « Si le président Ouattara vient nous parler, nous irons dans nos circonscriptions, dans les villages et hameaux pour porter son message de paix et de réconciliation. Il nous mettra en mission, et nous aurons de quoi parler aux uns et aux autres», explique un député pro-Gbagbo.
M. Issa O. n’est pas député. Cependant, il a apprécié le fait que le deuxième personnage de l’Etat, Mamadou Koulibaly, ait offert cette tribune de légitimation et reconnaissance de la victoire du Président Ouattara. Il a estimé que c’est une opportunité à ne pas rater : «Mamadou Koulibaly, ce n’est pas n’importe qui.
Même si au passage, il a joué FPI et s’est positionné de façon plus responsable contre les Affi et tous ceux qui ont conduit LMP à la crise, le président de la République ne doit pas l’affaiblir en refusant la main tendue par lui et les députés».


Les arguments contre la présence effective du Président Ouattara

Pourtant l’unanimité sur la question n’a pas existé autour du Président de la République. Concernant la loi d’habilitation, l’on estime que dans les deux à six mois qui arrivent, le gouvernement ne compte plus prendre des ordonnances. Donc pas besoin de solliciter le Parlement pour cela. D’autant plus que le FPI est majoritaire au sein de l’hémicycle. « Si le président Ouattara va parler aux députés, ne vont-ils pas faire prévaloir leur légitimité et leurs prérogatives, en demandant au Premier ministre et aux ministres de venir expliquer leur programme alors que dans l’ordre normal des choses, c’est avec le nouveau Parlement que le gouvernement doit travailler. S’il n’y avait pas eu la crise postélectorale, la législature actuelle serait finie, et le débat de s’adresser au peuple devant elle, ne se poserait même pas. On serait en train d’élire de nouveaux députés. Doit-on, au nom de la réconciliation, s’accommoder de petits arrangements institutionnels qui pourraient nous poser des problèmes demain», interroge F.K. Qui renchérit : «le Président Koulibaly a demandé que le Président Ouattara fasse une investiture régulière. Ce qui signifie que la prestation de serment qui lui permet de gouverner et a permis la création des Forces républicaines, ainsi que la libération du pays, n’est pas régulière et légale. Si on prend cela en compte, comment les députés qui incarnent la loi et la légalité, peuvent-ils offrir leur tribune,à un Président qui n’est pas encore régulièrement investi. Yao N’Dré était annoncé ce Jeudi, mais si à la date du Mercredi 27 avril 2011, le Président Ouattara n’a pas été investi,peut-il parler devant les députés ? Par ailleurs, quelle est la légitimité d’un Parlement élu depuis dix ans, face à la légitimité des urnes du Président Ouattara qui date de seulement 5 mois ? ».

Ouattara avait déjà décidé

Malgré toutes ces réserves, l’entourage du Président de la République restait largement favorable à sa présence effective devant les députés le Mercredi prochain. Selon plusieurs confidences, l’heure était à la réconciliation et non au juridisme pur et dur. Alassane Ouattara comptait vraiment et sérieusement aller devant les députés, en espérant que les signaux forts qu’il a déjà envoyés aux uns et aux autres, au sujet de la continuité de l’Etat, seraient alors perçus par tous. « Quand il aura posé ce geste et mécontenté un peu certains qui ne souhaitent pas cela autour de lui, on comprendra que le Président de la République n’est pas le chef d’un clan, qu’il n’est l’otage d’aucun groupe, et qu’il pense intérêt général. La réconciliation nationale ne doit faire perdre la face à personne. Son message aux députés est déjà en train d’être rédigé», avait révélé un proche collaborateur du Président Ouattara qui lui-même, n’était pas à titre personnel favorable à la proposition du Professeur Mamadou Koulibaly.

Coup de théâtre : les données changent

Vendredi matin, les données ont changé. Le président Bédié et Guillaume Soro ainsi que la presse pro-Ouattara sont passés par là. Ils ont gâté le coin. Le chef de l’Etat consulte le président Bédié sur la question. Il a aussi sollicité l’avis du Premier ministre. Les deux personnalités ne sont pas favorables à la présence du Président de la République devant les députés. Ils seraient allés plus loin en proposant la suspension des travaux de l’Assemblée nationale et des primes des députés. Mais il n’y a pas que le Rhdp.

Le Fpi dit non à Koulibaly
Pendant que le Président de la République, était en consultation, Affi N’guessan a produit une déclaration au nom du Fpi. Il s’est s’opposé à Koulibaly et s’est demandé comment le parlement peut se réunir en l’absence de la présidente du groupe parlementaire Fpi, il a reposé la question de la levée de l’immunité de Simone Gbagbo. En clair, le président du Fpi, a appelé les députés LMP au boycott de Ouattara au parlement. Les collaborateurs du chef de l’Etat, qui espéraient encore pouvoir plaider la cause du parlement et de Koulibaly ont alors abandonné car pour eux, le chef de l’Etat qui n’a pas besoin de la tribune que leur offre Koulibaly, risquait de parler dans un hémicycle vide.

La présidence informe Koulibaly

Vers douze heures ce vendredi, le chef de l’Etat, au vu des points de vue exprimés, tant dans son camp, que de la position du Fpi, tranche : Il n’ira pas devant les députés, les députés ne doivent pas se réunir jusqu’à nouvel ordre, y compris le mercredi 27 avril, date de la session ordinaire, que les juristes de la présidence réfléchissent sur la légalité et la légitimité du fonctionnement du parlement jusqu’à l’élection des députés. A titre exceptionnel et humanitaire les avantages des députés, qui sont de tous les bords ne seront pas supprimés. Les fonctionnaires ayant été payés, les autres institutions de la République, devant être alimentés, et devant fonctionner, l’Assemblée nationale et les députés, ne seront pas particulièrement privés de ressources, sauf si la même ressource est appliquée au Conseil économique et à d’autres structures… Pour manifester qu’il ne s’agit pas d’une décision politique, ni d’une hostilité particulière à l’égard du professeur Mamadou, pour préciser qu’il ne lui tient aucun grief personnel, et particulier, tout en refusant de saisir par écrit (comme Koulibaly l’aurait souhaité), le Président de la République SEM Alassane Ouattara, fait passer le message relatif à sa dernière décision au Président de l’Assemblée Nationale. Ainsi donc, Mamadou Koulibaly a été informé avant l’heure, par courtoisie par la présidence ivoirienne. Après des consultations, le Président de l’Assemblée nationale prenant acte de la position du Rhdp et du Fpi, devrait à travers un communiqué de presse, ajourner le caractère solennel de la session parlementaire de demain, tout en la « déclarant et la maintenant ouverte formellement ».

Charles Kouassi
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