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Politique Publié le jeudi 5 mai 2011 | Le Patriote

Les médias sous Alassane Ouattara - Des raisons d`espérer

C'est mardi que l'on a célébré la journée mondiale de la liberté de la presse. Il y a 20 ans que des professionnels et des organismes de défense des droits de l'homme, réunis à Windhoek, en Namibie, ont lancé un appel pour le respect des principes de la liberté d'expression selon l'article 19 de la déclaration universelle des droits de l'homme. Depuis, le troisième jour du mois de mai, le jour anniversaire de cet appel est célébré dans le monde entier. A l'occasion des bilans sont faits qui indiquent les progrès réalisés ou enregistrent des entorses faites dans le domaine du traitement du journaliste ou de l'information à travers le monde entier. Avec ce que la Côte d'Ivoire a connu durant ces dix dernières années et surtout pendant la crise postélectorale en matière de presse, l'on est en droit de se demander si les lendemains qui se présentent sont enchanteurs, pleins d'espoir ou si l'usager ou le professionnel va déchanter à cause de ce qui sera son lot quotidien. La période que nous avons vécue, aura fini de nous convaincre que ne mentent pas ceux qui estiment que la presse fait partie des piliers du pouvoir. Pour certains, il en est le troisième, et pour d'autres le quatrième. Dans tous les cas, l'on constatera que la presse, d'une manière générale, a une influence réelle sur le comportement des populations parce qu'elle agit positivement ou négativement sur la compréhension et la perception qu'elle a des choses. L'on a vu comment, sous la refondation, la presse « dite » bleue pour les uns ou progouvernementale pour les autres a fait prendre au débat politique, un contour de guerre tribale ou clanique. Vecteur d'un discours éminemment nocif, elle a conduit à des comportements qui dépassaient l'entendement. Elle a tellement « bien travaillé » les mentalités que tuer, brûler vif, faire subir le supplice du collier à un homme était devenu un fait banal. Parce que, cette presse avait réussi à faire admettre par ses partisans que les bons, les propriétaires terriens, les seuls dont la vie valait la peine, étaient d'un côté, le leur et les autres, ceux d'en face n'étaient moins que du maïs. Une céréale que l'on pouvait brouter sans rien craindre. Mais, l'on a vu naître au cours de cette même période et surtout pendant la crise postélectorale, un autre type de presse. Celle qui rétablissait l'équilibre et donnait du courage à des populations en lutte. Personne ici ne peut nier le fait que l'apparition, dans le paysage médiatique de Radio Côte d'Ivoire d'abord et de Télévision Côte d'Ivoire (TCI), émettant depuis la « République du Golfe », ont donné du tonus aux manifestants contre la tentative de confiscation du pouvoir par le candidat vaincu, Laurent Gbagbo, président sortant. Les images de la barbarie d'Abobo, celle de la gigantesque marche des femmes de Grand-Bassam ont constitué des moments forts dans le combat qui était en cours.
On voit donc que la presse peut jouer un bon ou un mauvais rôle dans la société selon son utilisation. Et celle-ci dépend des principaux animateurs de la presse et de ceux qui conduisent et déterminent sa philosophie. Alassane Ouattara fera-t-il comme Laurent Gbagbo ? Avec lui, la presse connaîtra-t-elle un autre visage ? Aura-t-elle un autre rôle, une autre fonction ? La nouvelle Côte d'Ivoire qui se dessine viendra-t-elle avec une presse d'un autre type ? La crise que nous venons de traverser, a fait du tort au public, mais en même temps, elle lui a permis d'entrevoir de nouvelles possibilités. L'on a vu, avec la RTI et la TCI, il y avait place pour plus d'une télévision à couverture nationale. Avec ce que le nouvel Etat veut faire des pouvoirs et capacités des régions, une presse régionale pourrait naître à l'instar des pays qui en ont. Elle comporterait une télévision, une radio ou un journal couvrant ce ressort territorial. Quand on sait que c'est avec Alassane Ouattara, Premier ministre (90-93), que l'espace médiatique a été libéré, donnant naissance, dès le départ, à une radio commerciale et ensuite à des radios de proximité, cette décentralisation n'est pas impossible.
Partant toujours de cette expérience de la primature, nous pouvons affirmer, sans risque de nous tromper que l'ère Ouattara sera différente de cette de Gbagbo. C'est vrai qu'en 1990, au moment où le pays retournait au multipartisme, l'avènement d'une presse d'opposition n'a pas été facile. Mais quand elle a fini par naître, en dehors de quelques tracasseries judiciaires qui se sont parfois terminées par des emprisonnements, cette presse a fonctionné normalement. Jamais ses locaux n'ont connu ni saccage, ni pillage. En 1992, en dehors de la rédaction tenue par Paul Arnaud avec son hebdomadaire, « Le village », aucune autre n'a été visitée. Jamais, il n'y a eu de journaliste tué ou disparu. Pourtant, le multipartisme était naissant et le pouvoir d'alors n'avait pas connu, jusque-là, de contradicteur public et de critiques ouvertes. L'opposition de l'époque participait à des débats ouverts. Ce n'était pas le paradis, mais, il n'était pas aussi dangereux d'être un journaliste de l'opposition. Ajoutons que c'est le Premier ministre Alassane Ouattara qui créé les deux organismes de régulation, celui de la presse écrite, confié à M. Henri Bourgoin et cet autre de l'audio-visuel, revenant à l'ancien ministre de l'Information, Edmond Bouazo Zébéhi. Ces deux organismes allaient d'ailleurs à la rencontre du souci des professionnels de l'époque qui tenaient tant à limiter les dérives, en dotant le milieu d'un code de déontologie et d'éthique lors d'un séminaire organisé à Yamoussoukro et plus tard d'une police de la profession, l'OLPED, renforçant la commission d'attribution de la carte professionnelle pour tenir à bonne distance les brebis galeuses. Si à cette armada de structures, le nouveau pouvoir ajoute une bonne politique de formation ou de perfectionnement, les risques de retrouver une presse comme celle que nous a proposée la refondation, seront réduits. Comme l'Administration Ouattara compte mener une lutte féroce contre le racket et la corruption, il n'y a pas de doute que la Côte d'Ivoire sera, à nouveau, fière de sa presse. Parce que les médias sont bien à l'image de la société et véhicule les valeurs qu'elle défend. Un pouvoir qui mise sur la compétence, le sens des responsabilités, ne peut s'accommoder d'une presse qui tourne le dos au professionnalisme. Si Alassane Ouattara, sans vouloir jouer les nostalgiques, continue sur sa lancée de 90, il n'y a pas de raison que les bons résultats ne soient pas au rendez-vous.
Raphaël Lakpé
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