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Politique Publié le jeudi 12 mai 2011 | Nord-Sud

Investiture de Ouattara le 21 mai : Djéni Kobina, ce grand absent

Memel Fotê, le savant ivoirien, l’appelait, “Fama (roi, souverain en mandingue) de la démocratie’’. Près de 13 ans après sa disparition, le combat de Georges Djéni Kobina Kouamé pour la démocratie a abouti.

«Le Rdr est une force qui va !», s’exclamait Georges Djéni Kobina, à l’occasion du premier congrès du Rassemblement des républicains (Rdr). 13 ans après la disparition du fondateur et premier secrétaire général du parti, on peut dire, sans risque de se tromper, que le Rdr est arrivé en gare, avec l’avènement d’Alassane Ouattara à la magistrature suprême. Mais, surtout parce que son objectif, quand il fondait ce parti, a été atteint. Et, le 21 mai prochain, l’investiture d’Alassane Ouattara, président de la République, sera la consécration de ces 17 ans de lutte pour la démocratie. Malheureusement, celui-là même qui a été la tête de proue de ce combat et qui l’a mené au prix de sa dignité, de sa vie, ne sera pas là pour assister à ce moment de triomphe qui se présente. Plus que jamais, cet émérite combattant des premières heures doit être réhabilité dans sa dignité. Alassane Ouattara l’a promis, il doit le faire. Bien que le maire de la commune d’Adjamé, Youssouf Sylla ait dressé un monument en son honneur, au carrefour de Williamsville, il appartiendra au régime de blanchir la mémoire du héros, du roi.

Un homme bafoué dans sa dignité

Au prix de sa soif de démocratie, il a subi les pires humiliations publiques, sans jamais se décourager. D’abord au sein du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), dont il était le Secrétaire national chargé des relations avec les autres partis politiques. Avec l’instauration du multipartisme, il a créé la « coordination pour la rénovation » du parti. Mais, il ne sera pas écouté. En avril 94, au congrès extraordinaire du Pdci à l’hôtel Ivoire, alors qu’il demande à prendre la parole, elle lui est refusée et Laurent Dona Fologo, le secrétaire général du parti le qualifie de « solitaire perdu dans le désert ». Face donc au refus du Pdci de réorganiser l’ancien parti unique, il s’en retire avec ses amis rénovateurs pour créer le Rdr.

Dans son manifeste, il est clairement indiqué que le « Rdr est le parti de tous ceux qui veulent le changement requis par l’émergence des valeurs républicaines, le parti de tous ceux qui aspirent à plus de liberté, plus de justice, plus d’égalité, le parti de tous ceux qui cultivent les vertus du dialogue, du travail, de la rigueur, de la transparence, de la paix, et du respect des droits de l’Homme. Le parti de tous ceux qui souhaitent une Côte d’Ivoire prospère et bien intégrée dans la communauté africaine et internationale… ».

Djéni Kobina et ses amis de la coordination ont très vite perçu qu’Alassane Ouattara était la personne la mieux indiquée, à l’époque, pour réaliser cet idéal démocratique qu’ils poursuivaient. L’ayant apprécié pour ses qualités managériales dans la gestion des affaires publiques. En effet, durant les trois ans de sa primature, Alassane Ouattara a apporté du sang neuf à la gestion des affaires de l’Etat, après 30 ans d’immobilisme. A l’occasion donc du congrès constitutif du Rdr, les 1er et 2 juillet 1995, il demande donc à Alassane Ouattara de représenter le parti à l’élection présidentielle. Toujours au nom de cette soif de démocratie, il forme le Front républicain avec le Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo. Toute chose qui lui vaudra d’être plus persécuté qu’il ne l’est par ses anciens compagnons du Pdci. Et, quand il se présentera aux élections législatives de la même année, à Adjamé avec Pierre Djédji Amondji, pour le compte du Front républicain, il verra sa candidature annulée pour « nationalité douteuse », suite à une requête du ministre de l’Intérieur de l’époque, Emile Constant Bombet. Ce dernier soutient, en effet, que Djéni Kobina serait de nationalité ghanéenne parce que « sa mère et sa sœur jumelle vivraient au Ghana ».

Une lutte acharnée pour la démocratie

Malgré tout, il n’abandonne pas la lutte. En 1998, alors que les actions du front républicain commencent à porter du fruit et que le parti au pouvoir est prêt à aller à la table des négociations, le Fama de la démocratie et son parti se voient trahis par Laurent Gbagbo et le Fpi. Celui-ci signe, en effet, un accord avec le Pdci, dans lequel il renonce à toutes les revendications du front pour des élections libres et transparentes, contre quelques concessions quasi-insignifiantes de la part du gouvernement. Au nombre de ces revendications, un code électoral consensuel, une commission électorale indépendante, des urnes transparentes, le vote des jeunes à 18 ans, le bulletin unique, la présence d’observateurs étrangers et l’exclusion des étrangers du vote. Bref, tous les acquis que Laurent Gbagbo et le Fpi se sont attribués à la faveur des premières élections démocratiques organisées en Côte d’Ivoire l’année dernière.

D’aucuns disent que c’est cette trahison qui a conduit “Fama’’ dans la tombe, le 19 octobre 1998, des suites d’une crise cardiaque. Aujourd’hui, son fils, Franck Djéni a repris le flambeau. Mais, l’œuvre du père ne doit jamais tombée dans l’oubli. Elle doit plutôt être mise en valeur pour la mémoire collective.

Anne-Marie Eba
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