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Société Publié le lundi 6 juin 2011 | Le Journal De L’Economie

SIFCA/ Yves Lambelin : Les dessous d’un enlèvement

L’enlèvement du nouveau PCA du groupe Sifca, Yves Lambelin, avec trois autres personnes à l’hôtel Novotel d’Abidjan par des “éléments armés” , est t-il un événement isolé dans la crise ivoirienne post électorale, ou l’inauguration d’une nouvelle forme de criminalité politico- économique en Côte d’Ivoire ?
Le 4 avril 2011, dans un contexte politique très perturbé, au moment où la bataille d’Abidjan battait son plein entre forces pro Ouattara et forces pro Gbagbo, Yves Lambelin, Président du Conseil d’administration de SIFCA, et deux de ses collaborateurs Chelliah Pandian et Raoul Adeossi de même que le directeur de l’hôtel Novotel sont enlevés dans le douillet hôtel Novotel au sud de la commune du Plateau. Entre six et sept éléments armés ont fait intrusion dans le Novotel, emportant avec eux ces otages. Cet enlèvement n’a pas été revendiqué, alors qu’un appel à témoin a été lancé par les enquêteurs. Sans résultat jusqu’à présent.

Ciblé ou au mauvais endroit au mauvais moment ?

Lambelin (et ses collaborateurs) était-il particulièrement visé ou se trouvait-il au mauvais endroit au mauvais moment ? De prime abord, on penche pour la seconde hypothèse : Pour ceux qui connaissent les habitudes de ce sexagénaire qui tient les rennes du prestigieux groupe agro industriel ivoirien depuis plus de trente ans, l’hôtel Novotel du Plateau n’est pas l’un des endroits qu’il fréquente le plus à Abidjan, en dehors de sa résidence dans le tranquille quartier de Riviera M’Pouto.

Tout fraîchement porté à la tête de Sifca (élu, le 15 mars 2011, PCA par le Conseil d’administration qui s’était réuni ce même jour à Singapour), Lambelin n’a pas eu le temps de célébrer cette consécration. De retour de Singapour, il nous avait confié (alors que nous le sollicitions, fin mars, pour un entretien sur les nouvelles orientations du groupe), qu’il effectuait une mission au Ghana avant de rentrer en Côte d’Ivoire. Alors que les combats faisaient rage à Abidjan, et que les ressortissants français étaient appelés à réduire au strict minimum leurs activités, l’ex DG de Sifca avait été pris dans l’étau au Plateau. Avec ses collaborateurs, ils se sont crus en sécurité au Novotel. Surtout que, dans un contexte où l’implication de l’armée française auprès des forces républicaines pro Ouattara, faisait craindre le pire pour les ressortissants. A ce moment, l’hôtel accueillait quelques pontes du régime Gbagbo qui avaient eux aussi déserté leur domicile habituel. Quelques heures avant son enlèvement, le PCA avait confié son inquiétude à des journalistes étrangers. On ne saura pas si ses ravisseurs sont venus de l’extérieur de l’hôtel ou étaient à l’intérieur. S’ils étaient pro ou anti-Gbagbo.

Pourquoi ?

A Sifca comme dans leurs familles respectives, on est partagé entre l’inquiétude et l’incompréhension. Outre la crainte de se retrouver dans une autre affaire Kieffer (du nom du journaliste franco canadien enlevé à Abidjan, et dont on est sans nouvelle depuis), on se demande pourquoi on s’en est pris à ces personnes dénuées de toute coloration politique et ne représentant pas de danger apparent dans la bataille pour le pouvoir politique. Si aucune information quant aux motifs n’a pu être collecté, on en sait un peu plus, à en croire les enquêteurs et les autorités politiques, sur les auteurs de cet acte. Me Pierre Olivier avocat d’un des 2 français faisant l’état d’avancement des enquêtes s’inquiétait de l’état de déliquescence du pays depuis la crise post électorale. Une situation qui laisse encore des poches de résistances, des endroits de non droit où il existe une absence totale de contrôle… Néanmoins, 3 officiers de l’armée ont été arrêtés, interrogés et écroués entre le 4 et le 21 mai. Plusieurs sources judiciaires affirment que les enquêtes avancent bien. Si Guy André Kieffer avait payé pour avoir fourré son nez trop loin dans le cacao ivoirien et les intérêts qui s’y entrechoquaient, Lambelin, lui, ne vivait que pour son Groupe et l’hypothèse selon laquelle il devrait servir de moyen de pression contre un desserrement de l’étau de l’armée française autour de la résidence de l’ex président ivoirien résiste difficilement à l’analyse.

Réorganisation temporaire de la gouvernance

Face à cette situation exceptionnelle, le Conseil d’Administration de SIPH a nommé le 21 avril 2011 Jean-Louis Billon, Administrateur Délégué dans les fonctions de Président jusqu’au prochain Conseil d’Administration. Billon dont la démission, le 15 mars, était destiné à faire plus de lumière à Yves Lambelin, revient, malgré lui, au premier plan.

Par Jean-Louis GBANGBO
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