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Économie Publié le vendredi 10 juin 2011 | L’expression

Enquête express : Après la crise post-électorale / Le secteur informel à l’agonie

Après la crise post-électorale, les acteurs du secteur informel broient du noir. Manque de clients, non paiement des loyers, baisse considérable des chiffres d’affaires et de la clientèle ainsi que l’absence des employés sont les difficultés auxquelles ils sont confrontés.

La crise postélectorale a favorisé le déséquilibre économique de nombre de secteurs d’activités. Notamment le secteur informel. Ce milieu est presque à l’agonie du fait de la crise. Manque de clients, menaces de fermeture des locaux par les propriétaires pour non paiement, baisse des chiffres d’affaires et de la clientèle ainsi que l’absence des employés. Tel est le lot quotidien des restauratrices, propriétaires de salons de coiffure, de couture, de petits magasins et des gérants de cabines téléphoniques. «A dire vrai, nous reprenons les poches vides. Nous avons dû dépenser nos petites économies pendant la guerre à cause de la flambée des prix des denrées de première nécessité. Nous avons des arriérés de loyers», explique H. K., propriétaire d’un salon de coiffure dans la commune de Cocody-Angré. Comme lui, la plupart des acteurs du secteur informel broient du noir. Les propriétaires observent, en effet, une baisse considérable de leurs chiffres d’affaires et de leurs clients. « Par le passé, je parvenais à avoir facilement 120.000 Fcfa le mois. Cette somme me permettait de payer les loyers de ma maison et de mon salon. Avec le reste, je me prenais en charge et réalisais des économies. Depuis la reprise de mes activités au début de mai, j’ai pu avoir seulement la somme de 80.000 Fcfa», poursuit H.K. Outre la rareté des clients, liée à leurs départs massifs dans les quartiers, les plaidoiries pour la réduction des coûts des prestations sont devenues de plus en plus persistantes. «S’il faut discuter autour de 300 Fcfa avant de coiffer une tête, c’est désolant. Mais nous sommes contraints parce que nous voulons retenir le peu de clients que nous recevons», renchérit M. F., un autre coiffeur dont les recettes journalières ont chuté de 6.000 à 2.500 Fcfa. Le secteur de la restauration n’échappe pas non plus à ces nombreuses difficultés. Diadjély, un complexe de maquis dans la commune d’Adjamé, est au ralenti depuis le début du mois de mai. Assise entre les murs de ce complexe qui porte encore les impacts de balle, T. A se tourne les pouces en attendant l’arrivée d’éventuels clients. Pour cette dernière, son maquis est devenu un lieu de repos. «Nul ne veut prendre le risque de se divertir loin de chez lui. Surtout dans une commune comme Adjamé qui a été le théâtre de la guerre », affirme T.A.

Rareté des clients

A quelques mètres d’elle, une autre dame, R.V., assise derrière une marmite de riz vide de moitié hèle les clients. Selon elle, la plupart des vendeuses de riz ont diminué la quantité des repas parce que la clientèle est réduite. Au dire de cette dame, elle parvenait à préparer au moins 20 kg de riz pendant la journée et 10 la nuit. Mais avec la timide reprise de la vie dans les maquis de Diadjély, elle ne vend que 5 kg. La difficulté ne résulte pas seulement du fait de la réticence des clients à revenir. Il y a aussi le pillage de certains magasins et surtout l’absence des apprentis sur leurs lieux de travail. Ce qui pèse sur certains patrons du secteur informel. C.K., styliste à Abobo en souffre énormément. Ce couturier a rouvert son entreprise depuis un mois. Mais, il est sans apprenti. Dès l’éclatement de la crise, ceux-ci ont déserté la commune pour se mettre à l’abri des combats. Jusqu’à présent, il n’a plus de leurs nouvelles. Il a du mal à satisfaire, tout seul, ses clients qui lui avaient confié des tissus avant la crise : «Je viens de reprendre mes travaux et mes clients me sont restés fidèles. Mais, je me heurte à une grande difficulté: l’absence de mes apprentis. A cause de cela, je refuse de garder encore des tissus de certains de mes clients au risque de me disputer avec eux». Cette réalité est vécue par nombre de patrons ou de propriétaires de magasins. T. F, grossiste de cartes de recharge téléphonique et d’unités est au chômage. Les gérants de cabines à qui il distribuait les unités et passait récupérer de l’argent après quelques heures sont introuvables. « Mon commerce est pour le moment suspendu. Je ne sais combien de temps cela va durer », s’inquiète-t-il. Et de se prononcer sur le cas des nombreux créanciers. Certains propriétaires de magasins sont encore aux trousses de leurs créanciers qui leur doivent beaucoup d’argent avant de reprendre le service. C.M paie énormément les frais de cette expérience. Ce livreur de poisson thon aux vendeurs de ‘’garba’’ attend d’encaisser la somme de 325.000 Fcfa auprès de ses clients nigériens qui ont quitté le pays pendant la crise avant de relancer ses affaires. Tous ceux qui ont repris les activités se plaignent de la situation sécuritaire qui ne leur permet pas de commencer le travail tôt le matin. Les acteurs du secteur informel, apeurés, sont contraints d’ouvrir à des heures avancées et rentrer un peu tôt chez eux de crainte d’être surpris par une quelconque attaque. Pour la plupart d’entre eux, les Frci qui sont permanemment sur le terrain, constituent des clients potentiels pour les petits salons de coiffure et les restaurants. «Dans nos buvettes et restaurants, les Frci non seulement assurent la sécurité des locaux, mais nombreux parmi eux consomment beaucoup l’alcool », révèle un gérant de maquis. «Cependant, certains véreux sont toujours prêts à faire la bagarre. Souvent ils intimident ou rackettent les populations aux abords des points de vente», déplore une restauratrice de nuit à Aboboté.

Sylvain Beugré

Légende: Les acteurs du secteur informel broient du noir depuis la reprise de leurs activités.
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