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Société Publié le samedi 11 juin 2011 | Le Patriote

Entretien /Dr Fofana Mamadou (Géologue, expert en télédétection)

© Le Patriote Par Emma
Environnement : le problème d`assainissement persiste au carrefour de l`Indénié
Jeudi 11 novembre 2010. Abidjan. Photo: carrefour de l`Indénié, entre Cocody et Adjamé
“La solution à l'Indénié réside dans la prise en compte des bassins versants”
Depuis dix ans le carrefour de l'Indénié constitue un casse-tête chinois pour les autorités ivoiriennes. Dr Fofana Mamadou, Géologue, expert en télédétection et Secrétaire à l'environnement du RDR livre dans cet entretien, les pistes d'une solution durable. Entretien.
Le Patriote : La saison pluvieuse a remis au goût du jour le problème de l'Indénié avec des inondations qui causent de nombreux désagrément aux automobilistes. Quel diagnostic faites-vous des lieux ?

FM: Vous parlez de carrefour de l'Indénié mais les Ivoiriens ont baptisé ce carrefour « Melkro », du nom de l'ex-ministre de la Salubrité publique, en raison de son échec à rendre ce site viable. Le cas de d'Indénié semble nous renvoyer au mythe de Sisyphe avec l'image de cette pierre qui monte au sommet et qui rechute continuellement. Les Ivoiriens sont fatigués de voir que ce problème demeure sans solution jusque-là. Mon diagnostic est que ce site est un bassin versant qui reçoit les eaux des communes voisines comme Adjamé, et Abobo.

LP : Toutes les solutions imaginées jusque-là n'ont résolu que ponctuellement le problème. Pourquoi n'y parvient-on pas à une solution définitive?

FM: Il faut d'abord bien diagnostiquer le problème. La solution à apporter doit prendre en compte les sommets où l'eau quitte. Sans une prise en compte de toutes les zones irriguées, le problème ne peut être résolu. C'est dont un problème de diagnostic. Sans le bon diagnostic, il ne peut y avoir de solution durable. Il ne s'agit donc pas de venir un lundi matin, curer les canaux et penser qu'on a ainsi résolu le problème. Le taux d'ensablement est très grand dans la zone, c'est pourquoi je parlais tantôt de mythe de Sisyphe. Aussitôt que vous enlevez le sable, la première pluie le ramène. Ce n'est donc pas ça la solution.
LP : Si la solution n'est donc pas dans le curage des canaux, que proposez-vous alors comme solution ?

FM: Le curage des canaux est une solution primaire. Il faut aller plus loin en ayant une vue synoptique. Nous avons des solutions que nous pensons pouvoir proposer à qui de droit. L'une de ces solutions, c'est que ces travaux ne doivent pas être menés comme des travaux de curage mais comme une étude de bassin versant couvrant plusieurs secteurs. Depuis la lagune jusqu'à Abobo en passant par Adjamé.
LP : L'Etat a pourtant beaucoup investi sur ce site, pensez-vous qu'on a privilégié l'esthétique à une solution durable ?
FM : Vous savez, par rapport à l'esprit de réconciliation que prône le Chef de l'Etat, nous n'allons pas passer notre temps à critiquer les autres. Mais vous vous souvenez qu'en ces lieux, on a vu des téléviseurs et des aires de jeux, aujourd'hui, c'est devenu plus que des poubelles. Il y a eu une recherche de solution ponctuelle que durable. Mais c'est bien sûr de l'argent qui a été investi. Nous voyons des gens qui s'activent sur ce dossier aujourd'hui alors qu'ils étaient-là au moment où tout cela se passait. Leur responsabilité est aussi engagée dans ces échecs.

LP: Avez-vous une idée de l'argent que l'Etat a pu investir sur ce site ?
FM : On rapporte de façon officieuse que l'Etat aurait injecté près de 22 milliards en dix ans sur ce site. Aujourd'hui, je crois que le président Ouattara va trouver une solution définitive à ce problème. Il y a sans doute d'autres problèmes liés à la pluie mais celui de l'Indénié porte un grand coup à l'image même de notre pays.

LP : Pensez-vous aujourd'hui qu'il faut autant d'argent, même si les 22 milliards ne sont pas des chiffres officiels, pour résoudre ce problème?
FM : Techniquement, nous avons des solutions qui partent d'une vue synoptique du bassin versant. Ce sont des travaux d'assainissement et de génie civile. La phase étude de ce site est bouclée depuis longtemps. Il faut maintenant passer à la mise en œuvre de cette étude. Je pense qu'avec moins de 5 milliards FCFA, ce problème peut être résolu pour de bon avec un équipement adapté. Mais le chiffrage à un franc prêt n'est pas le problème, c'est la résolution définitive qui importe ici.

LP: La Côte d'Ivoire a-t-elle l'expertise nécessaire pour régler ce problème?
FM: Oui la Côte d'Ivoire dispose d'une grande expertise en la matière mais nous avons aussi besoin de l'expertise internationale. On prend donc l'expertise où elle se trouve et on l'adapte. Ce qu'on peut faire au plan local on le fait. Et ce qu'on doit rechercher ailleurs, on le fait aussi.

LP: Il y a pas que le carrefour de l'Indénié. Juste à côté, on a la lagune qui est très pollué et qui nécessite aussi des travaux?
FM: La pollution de la lagune ne date pas d'aujourd'hui mais je dirais que c'est plus ou moins lié au carrefour de l'Indénié. Il y a une solution de draguage qui doit être faite depuis le café de Rome jusqu'à la Pisam. Une fois que la lagune reçoit moins d'alluvions, ce sera un début de solutions. Il y a aussi un problème chimique sur ces lieux. N'oublions pas que c'est l'ancien site de Blohorn. Il y a donc tout un phénomène organique qui s'est développé. Il n'y a donc pas seulement que la lagune qu'il faut voir mais tout un aménagement à faire pour rendre cette berge viable.

LP : En combien de temps l'Indénié peut- il être viabilisé?
FM : Je pense qu'en cinq mois, si les moyens sont dégagés, le carrefour de l'Indénié sera un mauvais souvenir pour les Abidjanais.
Par Alexandre Lebel Ilboudo
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