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Société Publié le mercredi 15 juin 2011 | Nord-Sud

Bouchons dans les rues d’Abidjan - Embouteillages, Frci au secours…

Les rues d’Abidjan sont devenues des bouchons indescriptibles depuis l’appel à la reprise du travail lancé par les nouvelles autorités. Devant l’impuissance des policiers, des forces républicaines de Côte d’Ivoire (frci) essayent tant bien que mal de réguler la circulation. À la place des coups de sifflet, les chauffeurs têtus ont souvent droit à des coups de poing. Reportage.


Boulevard Latrille, Deux-Plateaux, il est 18h30. Dans une fanfare de klaxons de voitures de tout genre, les automobilistes tentent de passer le « carrefour-Duncan », au mépris du feu tricolore. Ceux qui viennent d’Angré sont immobilisés au point de croisement par des véhicules venant d’ « Adjamé-zoo ». Nez de voiture contre portière, pare-choc contre pare-choc. C’est une mêlée inextricable. De part et d’autre, ce sont de longues processions de véhicules avec à bord, des gens fatigués, furieux et impatients de rentrer chez eux, où d’aller honorer leur rendez-vous. On ignore si le phénomène est dû à l’appel à la reprise du travail lancé par les nouvelles autorités, ou à un accroissement (soudain) du parc-automobile. Mais c’est ainsi tous les jours, aux heures de pointe : des embouteillages monstrueux.

Des coups de poing
et des tirs en l’air

Dans la matinée, des policiers de l’unité de régulation (urc) essayent d’instaurer un semblant d’ordre. Mais à partir de l’après-midi, la plupart partent sans prévenir pour échapper au goulet. Les Frci sont donc appelées à la rescousse. Comme on ne tarde pas à le voir, au carrefour-Duncan. Vêtus de treillis Frci, la kalachnikov accrochée à l’épaule, ces soldats emploient leur méthode à eux, sans sifflet, sans papillon et aucun stylo dans la poche. « Toi, là-bas, recule !... », lance l’un d’eux à un chauffeur. Ils sont quatre à ce carrefour. Deux de chaque côté de la route. Soudain, l’un d’eux arme son fusil et se dirige vers un chauffeur de wôrô-wôrô récalcitrant qui veut traverser le carrefour malgré l’ordre d’attendre lancé par le caporal-chef Frci. Par son geste, il obstrue le passage à d’autres véhicules qui avaient le feu vert. « B…qui t’a dit de passer!… » Le chauffeur fait difficilement la marche arrière. Dans le wôrô-wôrô que nous avons emprunté en partance pour Cocody, les passagers commencent à se plain­dre parce que la longue file de voitures n’avance pas. « Mais où sont les filles qui régulent la circulation ? », s’interrogent certains. « Ce n’est pas le rôle des Frci çà, ajoute un passager. La preuve, elles n’arrivent pas à s’en sortir». Soudain, un chauffeur de taxi qui vient d’ « Adjamé-zoo », aperçoit une brèche au niveau du carrefour. L’aubaine ! Il accélère, manque de percuter une voiture, et s’engouffre, au grand dam des frci. Le chauffeur qui veut sortir de ce bouchon continue de forcer le passage vers le Vallon. Un des militaires court vers lui, l’empoigne par les cols de sa chemise, par-dessus la portière. « Espèce de c…sors de là ! » Le chauffeur descend. C’est un type costaud. Au lieu de s’excuser, il s’en prend à l’élément des Frci qui l’a obligé à mettre pied à terre. Mal lui en a pris. Les autres militaires oublient la régulation de la circulation et courent prêter main-forte à leur gars. Sous la ruée des coups de poings qui pleuvent sur lui, le chauffeur de taxi rentre dans son véhicule. Mais ses bourreaux continuent de le cogner au volant. L’un d’eux tire même en l’air pour montrer que ses nerfs sont à vif. Heureusement pour le chauffeur, il réussit à trouver un trou de passage. Il laisse tout son poids aller sur l’accélérateur et file en trombe. A ce carrefour, personne ne veut contrarier les « régulateurs », après ce qu’ils viennent de voir. Et très vite, les chauffeurs suivent les consignes. Bientôt, le bouchon s’estompe au grand soulagement de tous. Alors qu’il quitte le carrefour, notre chauffeur de wôrô-wôrô ne manque pas d’humour : « Leur méthode est souvent efficace. Il faut cela pour que les chauffeurs de wôrô-wôrô et de taxi soient droits sur la route ».
Une dame parmi les passagers lui fait comprendre qu’on ne régule pas la circulation avec une arme. Alors, le chauffeur lui raconte cette anecdote : « une fois, je venais de Cocody, j’ai été bloqué au niveau de Pétro-ivoire dans un em­bouteillage. Les Frci ont tenté de mettre de l’ordre au carrefour, sans succès. L’un d’eux s’est énervé parce que les chauffeurs ne suivaient pas ses consignes. Il a tiré des rafales en l’air. Les minutes d’après, il n’y avait plus de véhicules autour de lui : le carrefour était vide.» Le commandant Silué F., du 12ème arrondissement des Deux-Plateaux envoie régulièrement ses éléments réguler la circulation quelquefois, avec des policiers. C’est un acte volontaire, selon lui. Ses points : l’hyper-marché Sococé et le « carrefour-Duncan ». Il s’agit pour lui de permettre aux habitants de rentrer vite chez eux. Quant aux débordements de certains Frci pendant ce service sur la voie publique, Silué explique que ces derniers n’ont pas subi de formation à ce niveau. Il n’empêche, leur méthode est efficace. En quittant le « carrefour-Duncan », c’est tout le boulevard Latrille qui est gagné par l’engorgement, jusqu’à Cocody. Aux heures de pointe, ces embouteillages gagnent tous les grands axes de la capitale économique. Le boulevard lagunaire, le boulevard de Marseille, Adjamé-Liberté, etc. La commune du Plateau demeure la plus touchée. Ces désagréments occasionnent les retards au travail, et, malheureusement pour certains, ce sont d’importants rendez-vous manqués. Au point où on se demande : où sont passées les charmantes filles de l’Urc avec leurs motos chatoyantes?

Raphaël Tanoh
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