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Économie Publié le mercredi 22 juin 2011 | Le Temps

Réinsertion/ Tiacoh Thomas (Président de l’association des riziculteurs) : «Nous avons des emplois pour les jeunes»

© Le Temps Par DM
Le déchargement du riz au port d`Abidjan
Workers unload bags of rice on January 19, 2011 at the Port of Abidjan where 80% of Ivory Coast`s exports transit. EU-registered ships have been barred from dealing with Ivory Coast`s main cocoa ports in line with sanctions over the nation`s controversial November presidential poll. The European Union last weekend slapped sanctions on outcast incumbent leader Laurent Gbagbo and 84 of his associates, as well as 11 economic entities in the world`s top cocoa produce
Comment se porte le secteur du riz après la crise postélectorale ?
L’Association nationale des riziculteurs de Côte d’Ivoire se porte bien. Parce que, nous avons de l’espoir. Nous connaissons notre pays. Nous sommes habitués
au changement depuis que nous sommes à la tête de l’Anariz-ci d’une part, et depuis que nous sommes dans la riziculture. Il y a des changements qui interviennent au niveau de l’Etat marqué par le départ d’un chef d’Etat. Aussi
au niveau de notre secteur, depuis 1996, il y en a eu jusqu’à 7 personnes à la tête de l’organe en charge de la coordination des activités de production au niveau du ministère de l’Agriculture depuis la dissolution de la Soderiz. Les producteurs que nous sommes se portent mieux. Nous avons foi en l’avenir de notre pays, la Côte d’Ivoire.

En tant que riziculteur, vous avez certainement perdu des choses sur vos installations dans la région de Toumodi ?
Oui, j’ai perdu ma maison et deux cents tonnes de semence d’une valeur marchande d’environ 120 millions de Fcfa. Sans oublier des outils de travail, trois tracteurs de 80 chevaux. La perte qui me fait le plus mal, c’est qu’en tant que
Président de l’Anariz-ci, en sillonnant le pays, j’ai réussi à sélectionner 65 variétés de riz traditionnel que je reproduisais chaque année, pour les mettre par la suite à la disposition des paysans. Citons entre autres, le «Danané», le «Djoukimin» et le «Non-non». Aussi, j’avais fais des croisements qui m’ont donné dix variétés d’hybrides sur mon périmètre de N’dakonankro à Yamoussoukro. Ces trouvailles, je les ai perdues. Cela me fait très mal. La vie est ainsi faite et nous avons espoir que nous allons rebondir. Le matériel végétal a été touché certes mais les installations sont intactes et des évaluations sont en cours. Une fois bouclées, nous allons les remettre à qui de droit.

Avez la possibilité aujourd’hui de retourner sur vos espaces cultivables de Toumodi et de Yamoussoukro ?
Aussi bien à Toumodi qu’à Yamoussoukro, les conditions véritables de sécurité ne sont pas encore garanties pour que je puisse m’y rendre. Je continue de
travailler même à distance et les jeunes au nombre de 20 qui travaillent avec moi croient fermement en l’avenir de la riziculture. Même si je n’arrive plus à les payer, parce que mes avoirs sont gelés. (Il fait partie des 138 personnes supposées proches de Gbagbo qui sont sous sanction).La riziculture est une passion. Quand vous y entrez, il est difficile d’en sortir facilement.

Allez-vous prendre langue avec le Cnra et d’autres structures de recherche agricole pour retrouver certaines de vos variétés perdues ?
Nous allons nous battre pour retrouver quelques unes et je pense que le Cnra a sa banque de semences qui peut nous aider dans nos recherches. Aussi, entendons-nous mener des démarches vers Africarice qui a aussi ses réserves de variétés. Faut-il préciser que cet organisme est venu en Côte d’Ivoire, parce que nous avons une tradition de riziculture. Aujourd’hui, je n’ai que 4 variétés de riz sur mon périmètre de Montobé à Grand Bassam.

La Côte d’Ivoire sort de crise. Des milliers de jeunes sont dans la rue avec des armes à la main. Est-ce que votre secteur peut contribuer à les sortir de là ?
La riziculture est une activité de développement non seulement pourvoyeuse d’emplois mais créatrice de richesse. La riziculture est capable de générer près de trois millions d’emplois et ce n’est pas une exagération de notre part.
L’Anariz-ci s’est toujours battue pour l’organisation des producteurs de riz sur toute l’étendue du territoire national. Elle a une vision du développement de la riziculture qui est la suivante : le système de développement intégré qui a été adopté en juin 2008 est le noyau du système. Il a un coût de 17 milliards de Fcfa. Nous avons dit que la terre peut se prendre par location. Si par exemple, je suis de Touba et que la coopérative des riziculteurs veut des terres et que j’ai cent hectares et qu’on me propose de mettre des jeunes sur cette surface à raison de 10 mille Fcfa l’hectare, ça me fait un million par an au niveau de la location. Ce n’est pas rien. A Toumodi, je loue par exemple 50 hectares et je verse 500 mille Fcfa aux propriétaires terriens par an. Nous à l’Anariz-ci, nous préconisons la location des terres cultivables et c’est le prix que nous devons négocier avec les pouvoirs publics et les autorités coutumières. Le riz est une activité cyclique de 3 à 6 mois. Donc, il ne faudra pas augmenter ce coût là, sinon, in fine, cela sera répercuté sur le prix de vente. Aussi, dans l’une de nos réunions, un expert en charge de l’aménagement du territoire et de l’évaluation, nous a dit qu’il y avait en 2010, 5 millions d’hectares de jachères non mises en valeur. Au niveau de l’aménagement pour la riziculture, il y a six cent mille hectares qui sont exploités, soit 40%. Il y a 13 mille hectares avec maîtrise de l’eau qui sont exploités à 20%. Donc, nous pouvons trouver du travail aux jeunes mais à la clé, nous producteurs de riz, avons une ambition pour la jeunesse ivoirienne. Mais, il faut la mécanisation. De la préparation du sol jusqu’au décorticage, tout est mécanisable. Pour mieux supporter les charges de cette mécanisation, nous préconisons de nous mettre en coopératives. Car, individuellement, cela reviendra plus cher. Nous avons même dit aux pouvoirs publics de nous faire des avances sur production de façon à permettre au paysan lambda qui tombe malade de pouvoir se soigner à raison de 20
mille Fcfa par mois et à rembourser après récolte. J’ai eu récemment mal au cœur quand j’ai lu que la Banque ouest africaine de développement (Boad) avait une enveloppe de 25 milliards de Fcfa destinés à l’agriculture. Alors qu’en 2008, nous cherchions des fonds pour lancer la phase pilote de la relance de la riziculture évaluée à 17 milliards de Fcfa seulement. Il faut financer la riziculture. C’est une activité qui a un retour sur investissement.

Avez-vous quelques données chiffrées sur l’importation du riz en Côte d’Ivoire et quel est le potentiel de production de notre pays ?
L’importation ne m’intéresse pas en tant que telle. En Côte d’Ivoire, on peut produire du riz en quantité et en qualité. Nous avons un potentiel de production qui tourne autour de 3 millions de tonnes avec de paddy sur un million d’hectare avec un cycle de trois tonnes à l’hectare. Après transformation à 100%, nous avons 1,8 million de tonnes. Avec cette quantité, nous couvrons nos besoins de consommation par an. Si nous avons un million d’hectare avec un rendement de 3 tonnes, nous avons six millions de tonnes de riz paddy pour un seul cycle. Nous pouvons être autosuffisants et exportateurs en tenant compte du potentiel national avec une productivité qui va de 3 à 10 tonnes à l’hectare et en fonction des cycles. L’importation du riz à grande échelle doit nous interpeller.

Bamba Mafoumgbé
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