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Économie Publié le jeudi 30 juin 2011 | Nord-Sud

Consommation : La banane plantain manque sur les marchés

© Nord-Sud Par DR
Agriculture ivoirienne - Chargement de banane plantain
Photo: Des commerçants déchargeant un camion de bananes au "marché Gouro" d`Adjamé,à Abidjan
Malgré l’existence d’un programme de relance de la banane plantain, la pénurie s’installe sur les marchés.

La banane plantain, ça fait partie des habitudes de consommation de la famille Marie Kouassi, couturière à Cocody. Elle en consomme au moins trois fois par semaine. Mais, depuis près d’un mois, les montées de prix dissuadent cet accroc et elle est bien obligée de contenir ses envies culinaires. Sur la plupart des marchés, il n’y a que de petites bananes, les grosses ayant littéralement disparu des étals. Conséquence, 3 à 4 bananes de taille moyenne peuvent aller jusqu’à 500 Fcfa. Quant au régime complet, il est généralement cédé aux clients entre 2.500 Fcfa 3.000 Fcfa. En cause, la rareté de la denrée sur les marchés, en particulier dans ceux de la capitale économique, Abidjan. La semaine dernière, Marie Kouassi a dû débourser 1.200 Fcfa pour acheter un minuscule régime de banane habituellement vendu à 600 Fcfa.

Des prix explosifs

Une hausse des prix qui s’observe également dans certaines grandes régions pourtant considérées comme des bassins de production notamment Bonon, Duékoué, Abengourou, Divo, Tiassalé etc. « La banane plantain coûte très cher maintenant en brousse. En plus, il faut payer le transport qui est aussi devenu onéreux », explique Eliane Botti-Lou, présidente de coopérative au «marché Gouro» de Yopougon . Elle affirme que le régime qui se vendait habituellement à 800 Fcfa à Méagui, localité située à une trentaine de kilomètres de Soubré où la banane est produite en abondance, revient désormais à 1.200 Fcfa. Quand on y ajoute les frais de locomotion, les vendeuses qui se ravitaillent à Méagui pour se faire une petite marge bénéficiaire, sont obligées de céder le même régime à au moins 1.700 Fcfa. En réalité, les commerçants rencontrent beaucoup de difficultés au bord champ. «Nous louons d’abord un véhicule de type Kia à 80.000 Fcfa pour faire le tour des plantations situées dans les différents villages. Ensuite, un autre camion est loué à 120.000 Fcfa pour recharger les bananes et les acheminer sur Abidjan. Sur le trajet vers la capitale économique, le racket nous coûte au moins 75.000 Fcfa », souligne Mme Botti-Bi. D’ailleurs, en cette période où les camionneurs sont occupés par la collecte du café et du cacao, les moyens de transport ne sont pas toujours disponibles. De ce fait, les opérateurs peuvent passer plusieurs jours à attendre une hypothétique occasion pour embarquer leurs marchandises. En plus des frais de transport élevés, ils sont confrontés aux tracasseries routières. « Quelle que soit la nature du chargement, un camionneur doit s’attendre à débourser au moins 50.000 Fcfa sur les routes. Les forces républicaines sont trop intransigeantes. On peut passer toute une nuit à leur demander pardon. Et ils ne se contentent pas de nous faire payer leurs fameuses quittances, en plus ils nous extorquent des régimes de bananes. Toutes ces charges mises bout à bout nous obligent à augmenter les prix de vente aux détaillants et aux consommateurs finaux», se justifie Antoinette Sialou, une semi-grossiste.

«Un fait sur lequel tout le monde ferme les yeux», dénonce Collette Irié-Lou, présidente de la Fédétation nationale des commerçantes de vivriers de Côte d’Ivoire (Fenacovici). Seydou Farambaré, transporteur reconverti dans la commercialisation de la spéculation, évoque un autre problème : les violences politiques qui, cette année, ont fait fuir les paysans. Mais pour certains grossistes, les exportations vers le Burkina et le Mali sont la principale cause de la pénurie et du renchérissement des prix sur les marchés. Il y a un mois, des commerçants venus du Burkina Faso, avec des camions, ont investi les villages, où ils ont raflé, la petite production existante. Une situation qui entraîne le relèvement des prix. Selon eux, c’est l’arrivée de ces exportateurs étrangers qui désorganise le marché local. «Si nos marchés ne sont plus bien approvisionnés, c’est parce qu’une partie de la production part maintenant vers les pays voisins. Aujourd’hui trois petites mains de banane sont vendues à 200 Fcfa à Bouaké contre 100 Fcfa il y a quelques années », se plaint Jérôme Kouadio, commerçant. Le système ivoirien est tel que les opérateurs maliens et burkinabès viennent directement au bord champ pour s’approvisionner. De fait, chaque fois que leur demande augmente, le marché national est pénalisé, affirme-t-il. Pour les grossistes, la solution, c’est empêcher les opérateurs étrangers d’accéder au bord champ. Un vrai débat dans la mesure où les spécialistes de l’Office de la commercialisation des produits vivriers (Ocpv) et du Centre national de recherche agronomique (Cnra) confirment que la forte tendance à l’exportation pourrait s’avérer dangereuse à terme pour le marché national dans un contexte où la production est en constante baisse.

Une pénurie saisonnière

«Il est certain, expliquent-ils, que le taux d’exportation est en augmentation alors que la production est en chute libre ». Ces trois dernières années, la production est tombée de 80.000 tonnes à 50.000 tonnes. A Bonon, un des plus grands centres d’approvisionnement pour les opérateurs en provenance du nord, le patron de la coopérative «Minafla », Jean-Baptiste N’dri propose la création des centrales régionales d’achat où des bourses du vivriers qui permettront de limiter les exportations au seuil de la demande nationale. Malgré tout, la pénurie risque de s’étendre. En fait, les perturbations tiennent surtout au calendrier cultural. Près de 90 % de la banane est saisonnier et marqué par une période d’abondance de septembre à mars et une période de pénurie d’avril à août, soit pendant 6 mois. Pour remédier aux risques de pénurie, les techniciens de l’agriculture préconisent d’étaler la production sur toute l’année. Initiés aux techniques de contre-saison, les agriculteurs choisiraient les dates de mise en place des rejets de sorte que la banane plantain arrive sur le marché à un moment où il devrait y avoir normalement pénurie. A condition que les yoyos sociopolitiques ne viennent pas brouiller les cartes. Au niveau des autorités, on envisage un programme qui vise à accroître et à garantir la production des semences de qualité, à augmenter la productivité des exploitations, à assurer la disponibilité régulière sur les marchés domestiques et sous-régionaux. Malheureusement, au niveau scientifique, la banane est aujourd’hui menacée par de champignons virulents. Selon le mémoire de recherche de Germain Angaman, enseignant au département de Chimie-Biologie de l’Université d’Abidjan, c’est une infection causée par un champignon du nom de Fusarium oxysporum présent dans le sol. Il attaque le pied des racines de bananiers et dissémine les plantations. Pas de panique cependant, les choses ne sont pas si graves qu’elles en ont l’air. On peut protéger les plants, si on répand d’énormes quantités de fongicides.

Lanciné Bakayoko
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