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Politique Publié le vendredi 1 juillet 2011 | Nord-Sud

Bouréima Badini, Représentant spécial du Facilitateur de l’Apo : «L’Apo n’est pas mort»

© Nord-Sud Par Prisca
Election présidentielle du 31 octobre 2010: Le Japon fait don d’Urnes, d’isoloirs, et de matériel de bureau à la CEI
Mercredi 1er septembre 2010. Abidjan. Siège de la Commission électorale indépendante (CEI). Photo: le représentant du Facilitateur, M. Bouraïma Badini
Depuis la présidentielle de la fin d’année 2010 et la crise qui s’en est suivi, c’est la première fois que Bouréima Badini, Représentant spécial du Facilitateur de l’Accord politique, parle. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, l’envoyé spécial de Blaise Compaoré lève le voile sur plusieurs sujets qui constituent des préoccupations pour les Ivoiriens.


Avec la présidentielle de la fin de l’année 2010, l’Accord politique de Ouagadougou est-il mort ou pas ?

Vous posez une question délicate. Je ne pense pas que l’Apo est mort. Il faut sans doute vous remémorer que l’Accord politique de Ouaga a été initié à la demande du président de la République de Côte d’Ivoire d’alors et signé par celui-ci avec le Premier ministre Guillaume Soro, des Forces nouvelles. Tout a été fait sous l’égide d’un Facilitateur, en l’occurrence le président Blaise compaoré. Cet accord venait après plusieurs accords qui ont été signés à travers le monde et qui avaient pour objectif de régler la crise ivoirienne. Il était donc dit, en ce qui concerne l’Accord politique de Ouagadougou, qu’il devait accompagner la Côte d’Ivoire dans la production des cartes d’identité, le problème central de la crise. Ensuite, l’Apo devrait aider les Ivoiriens à aller à des élections générales, notamment la présidentielle, censée apaiser la situation en Côte d’Ivoire. Selon donc les textes et la compréhension que nous en avons eu, l’Accord politique de Ouaga devait emmener la Côte d’Ivoire jusqu’aux élections générales. A chacun donc de juger pour faire une idée sur la vie ou la mort de l’Apo. Bref, l’Accord politique de Ouagadougou a estimé qu’il y avait un certain nombre d’éléments qui devaient être mis en exécution après l’élection présidentielle, en l’occurrence, le 4e accord complémentaire, la question de la réconciliation. C’est sur ces chapitres que nous sommes, aujourd’hui. Nous pensons donc que cet accord peut davantage persuader les Ivoiriens dans cette sortie de crise.

Où devrait-on s’arrêter dans cet accompagnement ? Après les législatives ? Ou après les municipales ?

Nous pensons qu’il pourrait prendre fin après les législatives, en espérant que d’ici-là, on aura, par exemple, réglé la question sécuritaire qui s’avère un chantier très important. Mais, ce que je tiens à dire, c’est qu’après la présidentielle, c’est le nouveau président qui a demandé au facilitateur de continuer sa mission. Un certain nombre d’éléments ont été mis en œuvre, entre autres, l’accompagnement financier de la facilitation par les Nations Unies, tel que demandé par les autorités ivoiriennes. En un mot, les nouvelles autorités ivoiriennes ont demandé au président du Faso de continuer son rôle de Facilitateur. Ce qu’il a, je pense, accepté. C’est pour cela que nous sommes-là.

Parlant d’accompagnement financier, qu’est-ce que cela sous-entend concrètement ?
Il est évident que le bureau de la facilitation doit pouvoir fonctionner. Il y a donc un budget de fonctionnement qui a toujours été mis à notre disposition par les Nations Unies.
De nombreuses personnes estiment qu’il faut réviser l’Apo pour l’adapter à son nouveau contexte. Qu’en pensez-vous ?

Je ne sais pas exactement dans quel sens faudrait-il réviser l’accord. Cependant, je suis d’avis que, compte tenu du fait qu’il y a eu changement à la tête de l’exécutif, il faut songer à revoir un peu l’accord, à en refaire la lecture. Mais, il convient de préciser que l’accord, signé par le président de la République d’alors ne stipule pas qu’on en arrête l’exécution au terme de la présidentielle. A mon avis, il faudrait donc revoir quelques points dudit accord pour faire en sorte qu’il puisse efficacement accompagner la Côte d’Ivoire jusqu’à la sortie de crise.

Surtout que l’un des signataires, c’est-à-dire Laurent Gbagbo se retrouve dans une situation particulière aujourd’hui, en résidence surveillée…

Tout à fait. Mais, ce n’est pas parce que M. Gbagbo est en résidence surveillée qu’il faut surtout réviser l’accord. Je suis d’accord que la tête de l’Etat a changé de main. Toute chose qui implique probablement l’introduction de nouveaux acteurs dans le processus. Cette nouvelle donne exigerait sans doute qu’on puisse retenir un cadre consensuel dans lequel on doit pouvoir continuer à régler les problèmes relatifs à la crise, avec des représentants de toutes les parties, acceptés par tous, notamment en ce qui concerne le Fpi (Front populaire ivoirien, Ndlr) ou le Cnrd (Congrès national des résistants pour la démocratie, Ndlr), je n’en sais rien. Mais, la réflexion doit être menée. Il est aussi évident qu’au niveau de la Commission électorale indépendante, il va falloir refaire de petits aménagements, sans remettre en cause, le cadre général issu de Prétoria, pour éviter de retarder l’organisation des autres élections. Je suis donc entièrement d’accord qu’il faut réviser un certain nombre de points pour permettre à cet accord de pousser la Côte d’Ivoire vers sa sortie de crise. J’estime, en effet, qu’il faut un consensus autour de cette sortie de crise. Si les gens n’adhèrent pas à ce qui peut être proposé par le nouveau pouvoir, on risquerait de créer de nouvelles fractures susceptibles d’amener la Côte d’Ivoire, loin des berges de la paix et de la sécurité.

Parlant justement du clan Gbagbo, il demande la recomposition de la Cei. Il revendique précisément un partage égal des postes de commissaires centraux de l’institution avec le Rhdp. De telles revendications pourraient-elles conduire à un accord complémentaire 5 de Ouaga ?

Encore faudrait-il qu’on en discute puisque ce rééquilibrage n’était pas prévu. Il faut bien que les différentes parties ivoiriennes en discutent d’abord et puis, si c’est nécessaire, on en fera un accord. Si vous dites que c’est une préoccupation qu’ils ont posée, cela veut dire qu’il faut y trouver une solution. Et, pour trouver cette solution, il faut en discuter.

Quel est l’état de vos rapports avec le clan Gbagbo ? Voyez-vous fréquemment les cadres du Fpi ?

Je vois ceux que je devrais voir. Il est évident qu’il y a certains que je continue de voir parce qu’on avait créé des liens avec toute la classe politique ivoirienne. Je voyais des gens de l’opposition comme des gens du pouvoir et nous continuons dans ce cadre. Parce que quand on veut faire de la facilitation, il faut être disponible pour voir ceux qui désirent vous rencontrer afin de régler les différents problèmes.

Est-ce que vous voyez, par exemple, Mamadou Koulibaly, le président intérimaire du Fpi ?
Je ne veux pas particulariser. Je vois beaucoup de monde dans le cadre de ma mission.

Dans quelques mois, les Ivoiriens devraient aller aux législatives. Faut-il faire un recensement électoral pour y aller ?

C’est un problème essentiellement politique qui relève des autorités politiques ivoiriennes. Ce que nous souhaitons, c’est qu’on ait le minimum de consensus pour pouvoir faire les différentes réformes, pour amener chacun à y trouver son compte. C’est cela l’essentiel. Au-delà de ma réponse, retenez que ce sont des éléments de politique politicienne et c’est aux autorités ivoiriennes d’en décider.

Comment avez-vous vécu, la récusation, en février dernier, de Blaise Compaoré comme membre du panel ? Comment avez-vous vécu les heures chaudes de la crise post-électorale qui s’en est suivi surtout que vous avez dû quitter précipitamment Abidjan ?
Non ! C’est parce que j’avais été rappelé en consultation par le président du Faso. Et, quand je suis allé, il y avait d’autres chapitres sur lesquels nous devrions intervenir, notamment le volet politique de l’affaire. Nous devrions aller à Addis-Abeba, à Nouakchott, à Abuja…pour discuter des problèmes de la crise ivoirienne. Ce volet politique, nous l’avons géré avec le président du Faso. Je pense que quand il s’était agi d’interdire au président Compaoré de venir en Côte d’Ivoire, nous avons trouvé cela dommage parce que voilà quelqu’un qui s’est investi tout le temps, pour aider le pays frère, la Côte d’Ivoire à sortir de la crise et qui est mal récompensé. Il connaît mieux le dossier ivoirien que tout autre président, membre du panel.

Vous pensez que c’est de l’ingratitude ?
Pas du tout ! J’ai estimé qu’il y avait une mauvaise compréhension des choses. Ce n’est donc pas de l’ingratitude. C’est une incompréhension et je pense que ç’a été fait à dessein, pour atteindre un autre objectif. Mais, cela n’a pas empêché le panel de travailler. Vous avez vu qu’en amont, avant que les chefs d’Etat ne viennent en Côte d’Ivoire, ils se sont entendus sur le minimum, sur un calendrier. Nous avions donc axé nos actions diplomatiques sur cela. Le panel des chefs d’Etat avait déjà décidé d’un certain nombre de choses, de sa feuille de route. Et, c’est cette feuille de route qui a été déroulée. Ensuite, ils se sont retrouvés pour faire la mise en commun, prendre des décisions avant d’aller à l’Union africaine. Je pense donc que la venue ou non du président du Faso n’avait aucune conséquence sur la mission que les chefs d’Etat devaient conduire en Côte d’Ivoire. En un mot, nous n’avons pas eu d’inquiétudes particulières.

En tant que son proche collaborateur, comment M. Compaoré a personnellement vécu toutes ces situations, singulièrement le bras-de-fer électoral qui a entraîné la mort ou le retour au pays de certains de ses compatriotes ?

Il est évident que chaque fois que vous avez des compatriotes qui ont des problèmes, en tant que chef de l’Etat, vous le ressentez très mal. L’intérêt du chef de l’Etat burkinabé était de voir dans quelle mesure la crise en Côte d’Ivoire allait prendre fin rapidement pour que ce pays retrouve la paix. Sinon, s’agissant de l’interdiction qui lui a été faite de venir en Côte d’Ivoire, cela n’a pas constitué une préoccupation particulière pour lui. Il est évident que la crise post-électorale a créé beaucoup de problèmes aussi bien en Côte d’Ivoire, à la sous-région ouest-africaine qu’au monde entier dans la mesure où il y a eu plusieurs réunions qui se sont tenues au niveau du Conseil Paix et Sécurité de l’Union africaine et du Conseil de sécurité de l’Onu. De nombreux pays se sont investis pour aider la Côte d’Ivoire à s’en sortir. Il est vrai que lorsque vous êtes facilitateur dans une telle crise, vous avez quelque part mal d’avoir été incompris, d’avoir fait un travail de longue haleine, depuis longtemps, pour en arriver-là. C’est le regret que nous avons tous eu. Il s’agit d’une affaire entre êtres humains. En tant qu’êtres humains, quand on agit, il faut toujours peser le pour et le contre. Et, je crois que nous nous sommes mis dans cette voie quand on a rencontré cette grosse difficulté post-électorale ; patiemment, nous nous sommes dit que c’est un problème qui est posé et qu’il faut y trouver une solution. Nous avions donc cherché à mettre la diplomatie en œuvre pour pouvoir le régler.

Certaines rumeurs accusent le Burkina-Faso d’avoir contribué pour beaucoup au dénouement militaire de la crise. Vraies ou fausses accusations ?

Je n’en sais rien. Je vous ai dit tout à l’heure que je ne gérais que le volet diplomatique avec les autres chefs d’Etat. S’agissant du volet militaire, j’ai appris, comme tout le monde, que les Frci ont commencé à prendre tout le pays. Nous n’intervenons pas dans ce volet. Ce que nous avons voulu, c’était que l’accord complémentaire 4 puisse s’appliquer, que les élections se passent dans la quiétude. Nous avons eu ces élections et malheureusement la crise post-électorale est arrivée. Mais, il n’appartient pas à un pays-frère d’intervenir militairement dans un pays parce qu’il faut penser à demain.

Il reste pourtant que le président Compaoré était un partisan de l’intervention militaire…
Oui mais, c’était dans le cadre de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, Ndlr). Or, à notre connaissance, la Cedeao n’est pas intervenue militairement en Côte d’Ivoire.

Ne redoutez-vous pas que le pays replonge dans des difficultés si tous les problèmes, notamment celui de la sécurité ne sont réglés dès maintenant ?

Tout à fait ! C’est pour cela que je dis que nous devons mettre en commun nos efforts pour essayer d’aplanir un certain nombre de choses. Le problème sécuritaire doit être réglé. Même si on ne le règle pas entièrement et qu’on parvient à faire en sorte que les gens aient le minimum de sécurité et la quiétude pour aller aux élections, ce serait déjà salutaire. Nous devons prendre le temps d’avoir un minimum de consensus sur un certain nombre de réformes avant de pouvoir avancer, c’est sûr. Mais, un pays doit pouvoir fonctionner normalement. S’il y a des réticences injustifiées et inutiles, il est évident que les autorités prendront leurs responsabilités pour que nous puissions aller d’une manière assurée aux différentes élections. Nous souhaitons que ces élections législatives arrivent dans la paix et dans la sécurité.

Toujours sur ce même sujet, vous avez participé, il y a une semaine, à un atelier sur les réformes attendues dans la nouvelle armée. Qu’est-ce qui devrait, selon vous, être priorisé dans cette réforme ? Ramener tous les soldats dans les casernes ?
Il est évident que la réforme de l’armée est l’une des préoccupations majeures de l’actuel président de la République et l’un des piliers de l’Accord politique de Ouaga. Nous pensons que, compte tenu de la situation, il faut voir dans quelle mesure, ramener les militaires dans les casernes en leur faisant comprendre que ce sont les policiers et les gendarmes qui doivent assurer la sécurité, établir l’ordre public. Ceci étant, il faut leur reconnaître le rôle majeur qu’ils ont joué dans l’avènement du nouveau pouvoir tout en discutant avec eux. Car, avec le dialogue, on peut avancer même face à des difficultés. Je crois que l’atelier de Grand-Bassam nous a révélé que les ex-Fds et les ex-FaFn, devenues les Frci, peuvent discuter ensemble puisque nous avons vu une très bonne ambiance lors de l’atelier. Cela augure d’une bonne armée réunifiée en Côte d’Ivoire. Nous en sommes sortis tout à fait rassurés quant à la capacité de ces différents acteurs militaires à pouvoir se retrouver et se donner la main. Après tout, ce sont des frères d’armes qui, à un moment donné, ont eu quelques divergences. Mais, on est tous des êtres humains. Si, à chaque fois, nous comprenons que nous nous sommes trompés ou que la situation ne nous est pas favorable et surtout, si nous avons en tête l’intérêt du pays, on devrait pouvoir s’asseoir à une même table de discussion pour négocier. C’est ce qui vient d’être fait à Grand-Bassam. En l’espèce, c’est un exemple qui vient d’être donné par les militaires. Il faut que les politiques empruntent cette voie déjà tracée pour que nous puissions arriver à la paix.

Les bruits de bottes que certains entendraient çà et là aux frontières de la Côte d’Ivoire vous inquiètent ou pas ?

Voyons, s’il y a des bruits de bottes, on est toujours inquiet, c’est sûr parce que ce dont on a besoin dans un pays, c’est la paix, la quiétude pour pouvoir travailler. Il est évident que s’il y a des menaces de déstabilisation venant de l’extérieur, cela ne peut que créer des problèmes parce qu’on ne pourra pas avoir la tranquillité nécessaire pour faire un travail de bien-être pour les populations. Dieu seul sait que la Côte d’Ivoire a, aujourd’hui, besoin de cette tranquillité. Parce qu’il y a de grands défis, notamment de développement qui attendent les Ivoiriens. S’il y a des bruits de bottes, il faut tout faire pour pouvoir chercher à résoudre ce problème le plus rapidement possible. Parce que ça commence généralement par un petit feu qui finit par devenir un grand incendie et après, on ne s’en sort plus. Il est bon, s’il y a effectivement des bruits de bottes aux frontières, qu’on puisse voir dans quelles mesures, avec les pays voisins, en discuter dans le cadre régional de la Cedeao, de l’Union africaine et des Nations Unies. Car, j’estime qu’il faut prendre ces différentes menaces à bras-le-corps pour essayer de les résoudre. Un problème résolu dès le départ, c’est du temps gagné pour pouvoir se concentrer sur les problèmes de développement qui nous attendent.

Peut-on s’attendre à ce que le président Compaoré réunisse les chefs d’Etat de la Cedeao à cet effet?

S’il y a une demande ou une nécessité dans ce sens, nous ne pourrons qu’apporter notre contribution. Le président Compaoré le fera. Que ce soit à un niveau bilatéral ou dans le cadre de la Cedeao, nous pouvons toujours apporter notre contribution pour que la Côte d’Ivoire retrouve la paix. Sachez que la Côte d’Ivoire est extrêmement importante pour la sous-région ouest-africaine. D’abord, sur le plan économique, elle pèse plus de 40%. Nous sommes dans des ensembles. Nous devons par conséquent rechercher la paix en Côte d’Ivoire, puisque véritablement, elle est la locomotive de cet ensemble. S’il n’y a pas de paix ici, il est évident que dans le reste de la sous-région, principalement dans les pays frontaliers ou de l’hinterland, on risque d’avoir énormément de problèmes. Donc, notre avenir économique est axé sur la paix en Côte d’Ivoire. Dès lors, il est bon que nous puissions continuer à nous investir chaque fois que de besoin, pour aider nos frères à retrouver la quiétude et la paix.

Au-delà de cette paix-là, qu’est-ce que le Burkina-Faso gagne dans cette affaire ? Particulièrement qu’est-ce que le président Compaoré et vous-même gagnez concrètement dans votre travail de facilitation dans la crise ivoirienne ?

Il faut dire que c’est sous l’égide de la Cedeao que le Burkina est intervenu en Côte d’Ivoire. Au départ, l’Accord politique de Ouagadougou a donc été accepté par la Cedeao, l’Union africaine et les Nations Unies. Le président Compaoré l’a conduit parce qu’à l’époque, il était le président en exercice de la Cedeao. Nous ne pouvons donc pas particulariser les choses. Il est évident qu’on ne tire rien de particulier au-delà de la paix parce que ce qui nous intéresse, c’est la paix. Or, quand on a la paix, on peut s’attaquer aux questions de développement économique et social.

Votre mission en Côte d’Ivoire vous a placé au-devant de la scène. Une fois cette mission terminée, qu’allez-vous devenir ? Allez-vous devenir député, ambassadeur ou vous mettre sur la liste des dauphins de Compaoré?

Je suis magistrat de formation. Tout ce qui est venu par la suite est un don de Dieu. Dans le principe, j’ai pour habitude de ne jamais décider de mon avenir. Je suis simplement porté par la vague de la confiance placée en moi par le président du Faso. Je me contente de cela et je suis très content.

En ce qui concerne le président Compaoré lui-même, il est certainement adulé à l’extérieur du Faso pour ses médiations mais, à l’intérieur, il est sur des braises. Comment se dessine son avenir ? Va-t-il se retirer de la politique intérieure pour se consacrer à des missions de bons offices en Afrique?

Je n’en sais rien. C’est son destin et c’est à lui d’en décider. Je relève seulement que le président du Faso s’est investi dans des missions à l’extérieur du pays pour le compte de la Cedeao. Il faut aussi reconnaître que, autant il a réussi à l’extérieur, il a également réussi à l’intérieur du Faso. Quand vous comparez le Burkina-Faso, aujourd’hui, à ce qu’il était, hier, il y a de quoi être satisfait et le peuple burkinabé est très fier de son président.

Pourquoi les populations ont-elles donc manifesté ces dernières semaines, parfois de manière bruyante pour certaines catégories de couches sociales ?
Dans tous les pays, il y a ces genres de remous. Les peuples sont ainsi faits. Dans votre question, vous faites sans doute allusion aux mutineries que nous avons connues. Ce que je peux vous dire, c’est qu’elles sont des sautes d’humeur des militaires car, nulle part, ils n’ont mis en cause la présidence du chef de l’Etat. D’ailleurs, ces problèmes ont été réglés.

Définitivement ?
Nous pensons qu’ils ont définitivement été réglés puisque depuis un certain temps, on n’en entend plus parler. S’il s’agit des problèmes, je préciserai que dans tous les pays, il y a tous les jours des grèves. Et, c’est normal que les gens s’expriment. Ils ont des revendications légitimes qu’ils expriment. Maintenant, il revient aux autorités de voir comment les juguler. Pour ce qui est arrivé au Burkina-Faso, nous pensons que c’est la marche normale d’un pays. Il ne faut donc pas en faire tout un plat ; ça ne l’est pas en réalité.

Vous n’êtes pas de ceux qui soupçonnent des mains extérieures derrière ces agitations ?
Nous ne sommes pas à ce niveau de réflexion. Mon analyse consiste à dire aux gens qu’il ne faut pas penser que c’est un problème tellement grave que nous allons arriver à un changement du régime ou non. Ce sont des revendications qui ont été portées à la connaissance du chef de l’Etat et il serait normal que lui-aussi, dans le cadre de sa gestion, puisse les régler. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait.

Pour terminer, avez-vous un message pour les Ivoiriens ?
Le plus grand bien que je souhaite aux Ivoiriens, c’est qu’ils retrouvent la paix, la tranquillité et la quiétude pour concentrer leurs efforts sur les problèmes de développement. Je souhaite que la Côte d’Ivoire retrouve sa place d’antan pour le bien de toute la sous-région.

Interview réalisée par Marc Dossa
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