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Économie Publié le lundi 4 juillet 2011 | Nord-Sud

Relance économique - Grand-Bassam : les artisans pleurent les touristes 

Plus rien ne va du côté des artisans de Grand-Bassam. Malgré l’épilogue de la crise post-électorale, le secteur vivote. La clientèle composée en grande partie d’Européens se fait désirer.


Le temps mi-couvert accompagné de fines pluies vers 11heures, ce jeudi 29 juin, n’arrive pas à égayer le village artisanal de l’ancienne capitale politique. Grand-Bassam fait grise mine depuis les dernières joutes électorales. Le village, situé à l’entrée de la ville, connaît un calme plat. Hormis les innombrables véhicules qui émettent des sons dans leur va-et-vient incessants et qui créent une ambiance particulière, le site n’est plus que l’ombre de lui-même. D’autant que plusieurs ateliers sont tombés en ruine faute de réhabilitation et plusieurs commerces ont baissé pavillon. La déprime remonte aux évènements post-électoraux. Gagnés par la crainte, plusieurs artisans se sont refugiés dans les pays voisins. D’autres, par contre, ont abandonné le métier pour se reconvertir dans d’autres domaines plus porteurs. Mais pour les artisans restés sur place, la situation ne s’est pas améliorée. Malgré l’espoir qui renaît dans tout le pays, la clientèle composée en grande partie d’expatriés fait cruellement défaut. Ils traînent les pieds. Situation bien trop difficile pour les artisans. Elie Oboua, ébéniste de son état, ne sait plus à quel saint se vouer. Depuis la semaine dernière, ce père de famille n’a pas vendu un seul article. Pis, aucun client n’a pointé devant son atelier. Il compte désormais sur les produits dérivés, en l’occurrence les tables de petites tailles, pour s’en sortir. En effet, ce type d’articles se vend mieux que les gros meubles de salon. « Depuis la période post-électorale, notre activité est plombée. Malgré le retour à la paix, la clientèle se fait toujours rare», a-t-il étayé.
«Avant les élections, nos recettes sur le compartiment des objets d’art avoisinaient les 2 millions et plus. Aujourd’hui, je passe tout le mois sans avoir 50.000 Fcfa comme recette. Même pas les week-ends, traditionnellement de grande affluence», s’offusque-t-il, l’air nostalgique. Comme lui, ils sont nombreux ces artisans aux creux de la vague. Ouagniné Coulibaly, président de l’Association du village artisanal de Grand-Bassam (Avab), est aussi sur les braises. Sculpteur spécialisé dans les objets rustiques de type Senoufo, son atelier est fortement dégradé. L’autre moitié de la toiture bâtie de façon artisanale a fini par céder sous les intempéries. Un simple vent a emporté la toiture, tombée partiellement en ruine. A l’intérieur, les objets exposés sont entachés d’eau de pluie et suintent également l’humidité.

Les artisans dans
LE désarroi total
Coulibaly Youssouf, son fils, attribue cette triste réalité à la crise post-électorale qui a chassé la clientèle. Conséquence, les artisans sont livrés à eux-mêmes  et vivent la galère totale. La situation n’est pas meilleure sur les étals d’Aboulaye Tamboura, le secrétaire général de l’Avab. Le revendeur d’objets d’art en maroquinerie est dans une chaleur moite. Les divers objets à savoir, des chaussures, des sacs en cuir, les habits confectionnés avec le batik sortent difficilement des étagères. Pour lui, la situation n’a pas varié bien que les activités aient repris. Le constat est implacable. Point de clients ! Le village lui-même a perdu de son prestige. Autrefois référence dans la sous-région, il n’est pas fonctionnel dans sa quasi-totalité. Il regroupe environ 367 ateliers dont 1/3 reste fermé. Aussi 75 % des ateliers sont en ruine et d’autres sont aujourd’hui à ciel ouvert. Ce secteur connaît un redécollage difficile du fait des conséquences néfastes du conflit post-électoral.

D’autres dorment
à la belle étoile
Toutefois, le Sg garde espoir et compte sur le mois d’août à partir duquel les vacanciers et les touristes en quête de souvenirs propres au pays, pourraient revenir. En attendant, plusieurs artisans sont expulsés de leurs maisons pour loyers impayés. C’est le cas de Lamine Touré dont les effets ont été mis dehors pour cause d’impayés. Il n’a pas trouvé d’autres abris et s’est refugié dans son atelier loin des commodités d’une habitation. Quant à Mohamadou Seck, il dort désormais à la belle étoile. D’où son cri de cœur aux autorités. «Je demande aux autorités de faire en sorte que la paix revienne définitivement pour permettre aux artisans de sortir du marasme dans lequel ils sont plongés. L’artisanat et le tourisme ne sont véritablement favorables que dans un climat de paix et de stabilité durables», fait-il remarquer. Avant d’indiquer que cette activité nourrit de nombreuses familles à Bassam et permet de lutter aussi contre la pauvreté. Et sans l’aide de l’Etat pour sortir ces artisans du gouffre, ce sera l’hécatombe.


Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam


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