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Politique Publié le mardi 5 juillet 2011 | Le Temps

Jeannot Ahoussou, ministre de la Justice ou Procureur de la République ou avocat revanchard d’une cause contraire à la réconciliation ?

© Le Temps
Grand proces : La Vice présidente de la Cour Pénal International (CPI), Madame Fatou Bensouda et sa delegation recues par le President Alassane Ouattara
Mardi 28 juin 2011. Photo : le Ministre Ahoussou Kouadio Jeannot apres la rencontre avec Madame Fatou Bensouda
Assurément, un homme, aussi compétent ou unique qu’il puisse être, ne peut être tout, envahir toutes les responsabilités et confondre tous les rôles, à ce point !
A moins bien sûr d’être dans une République qui ment sur ses engagements et promesses, qui nie totalement les principes sacrés de la constitution, de la démocratie, de la gouvernance moderne à laquelle le peuple aspire ! A moins encore de mener une vendetta, donc de construire une justice injuste, dirigée, revancharde ou comme on le dit, une justice des vainqueurs d’une guerre inique et d’un vulgaire coup d’Etat que l’on souhaite masquer sous des draps bien protecteurs d’une dictature internationale qui ne peut supporter d’entendre la volonté d’un pays de défendre sa souveraineté ! A moins encore et simplement d’être dans une véritable dictature, sous la responsabilité d’incompétents notoires comme notre ministre de la Justice, qui ne connaissent pas le fonctionnement d’un État, d’une République, d’une démocratie, qui sont si experts en communication et manipulation, qu’il faudra arriver à de graves abus pour se rendre compte qu’ils vont trop loin, au dramatique préjudice de notre pauvre pays si meurtri par leur acharnement inique à le soumettre à leurs maîtres suprêmes !
Ignorons même la nécessité de réconciliation, qui par définition requiert un minimum de tolérance de la part du plus fort pour être réalisée ! Oublions que nous sommes tous des Ivoiriens et que dans cette affaire, nous ne sommes pas bien nombreux à pouvoir prétendre être propres et absolument innocents dans la descente aux enfers de notre pauvre pays, en tout cas au niveau de responsabilité similaire à celui de notre cher ministre. Ne nous attardons nullement sur le fait, pourtant évident et simple, qu’on en condamne pas avant d’avoir prouvé la culpabilité et que même les apparences les plus évidentes de culpabilité ne sauraient jamais condamner qui que ce soit, si tant est qu’il existe la moindre volonté de réellement résoudre le crime concerné (cf. cas de DSK qui a vu en seulement six semaines un extraordinaire retournement de situation en sa faveur ! Nous y reviendrons superficiellement si vous le souhaitez !). Et, imaginons simplement que, pendant que le procureur de la République (et non du gouvernement Ouattara, la nuance est importante, même si cela est superbement ignoré actuellement chez nous ! Ne se préoccupe-t-il pas uniquement que des plaintes issues du gouvernement qui l’a nommé ?) est sensé identifier des objets d’enquêtes et de mener des investigations afin d’établir les faits, identifier les personnes concernées et porter les accusations, monsieur le ministre de la Justice condamne chaque jour un tel, menace un tel autre de poursuite, divise les Ivoiriens en disant opposant les coupables et les victimes selon sa perception si particulière de la justice, qu’il pense devoir être aux ordres et diriger.
Ce qui est encore bien plus incroyable, c’est que toutes les déclarations du ministre, toutes ses accusations, toutes ses condamnations d’avance découlent exactement des menaces de Ouattara pendant la période de guerre, de Soro pendant ses offensives diplomatique, médiatique et militaire pour réaliser le coup d’Etat tel que prescrit depuis bien longtemps, sans que cela n’émeuve nullement. Toutes les personnes visées, tous les faits poursuivis et toutes les condamnations préalables du ministre/procureur ressemblent à s’y méprendre à ce qui ne se soumet pas, ne fait pas allégeance, ou n’accepte pas de venir s’humilier devant les nouvelles forces de Côte d’Ivoire. Dans le processus d’élimination des autres, de dénigrement de tout ce qui pense différemment, de tout ce qui refuse de se soumettre, chacun des responsables à un rôle bien établi, et la machine fonctionne bien, d’autant plus que ces rôles ont été bien enseignés par les encadreurs/soutiens internationaux. Pendant combien de temps le procureur de la CPI à lancer des menaces à l’encontre d’un camp et à partir de quand ? Quels sont les pouvoirs étrangers ou les institutions internationales, en dehors probablement de l’Ua, qui n’ont pas posé au moins les jalons de ce qui est exécuté sur les bords de la Lagune Ébrié depuis environ trois mois maintenant ? Que se dit-il par ces responsables Ivoiriens que nous n’avons pas entendu avec insistance les mois précédents, pour être étonnés des méthodes «iconoclastes» (pour le moins !) du procureur au titre de ministre ?
Un procureur ne parle pas beaucoup, c’est connu, quand il conduit une affaire quelconque, au risque de finir par se contredire gravement au fil de ses déclarations qui peuvent apparaître intempestives (encore, cf. affaire DSK de brûlante actualité !). Un procureur part du principe cardinal que la culpabilité s’établit à partir des faits révélés par ses enquêtes, ses interrogatoires et les faits incriminés et les lois prescrites ! Mais, si le procureur de la République doit user de discrétion et de mesure dans ses déclarations, cela impose-t-il à un ministre de la Justice de s’immiscer à ce point dans les enquêtes et de devancer les éventuelles accusations dudit procureur ? A moins de vouloir forcer la nature ou la réalité des choses, il paraît incroyable que le ministre se confonde tant à un rôle censé être totalement indépendant de lui pour forcer celui-ci à aller dans le sens souhaité par le pouvoir exécutif. Dès lors, faut-il se demander, où est la séparation des pouvoirs et où est l’indépendance de la justice ? Faut-il se résoudre à accepter que le ministre de la Justice devienne le porte-parole du procureur et qu’il annonce systématiquement les intentions de ce dernier, comme pour tenter vainement de justifier les inculpations qui vont s’en suivre et préparer les esprits aux condamnations dès lors inévitables ?
Un ministre de la Justice ne prononce pas de culpabilités, surtout quand les enquêtes n’ont pas encore déterminé les coupables et ce, malgré les apparences les plus évidentes (cf. cas DSK, qui semble porter en lui toutes les caractéristiques des faits lui étant reprochés dans l’affaire Diallo, et pourtant, il faut bien lui accorder le bénéfice du doute minimum, non ?), ou même la volonté la plus déterminée de noyer son chien. De quels sceaux un tel ministre peut-il est garant, quand il s’immisce tant dans le choix des faits à incriminer, dans la direction des enquêtes, et dans la détermination des présumés coupables ? Quelle qualité peut finir par avoir notre justice, quand on sait l’impérieuse nécessité de doter le pays d’une justice qui encadre au mieux ses attentes de développement ? Pourquoi faut-il permettre à un ministre de se confondre à tous les rôles concernant les questions judiciaires d’un pays qui sort d’une guerre et qui vient de subir un coup d’Etat ?
L’avocat (de Bedié, entre autres) que M. Ahoussou a choisi d’être, ne peut autoriser au ministre qu’il considère être, de poursuivre une cause contestable ou de conduire une vendetta, simplement parce que la force brutale des armes lui ont donné l’opportunité d’occuper une fonction exécutive aussi cruciale et certainement observée dans une période aussi critique. L’erreur de confier à un avocat zélé, si on lui accorde le moindre bénéfice d’une compétence que la Côte d’Ivoire n’a jamais eu l’occasion de vérifier et qu’elle risque de regretter, a l’avantage de probablement précipiter la perte du régime dont il défend obstinément la cause (pour mériter sa place ?), ce qui n’est pas grave pour ceux qui s’y opposent, mais peut être extrêmement préjudiciable pour notre cher pays et cela serait éminemment plus dommageable et durablement irréversible. La nécessité de réformer, notre justice passe aussi et avant tout par la capacité du gouvernement et de la personne en charge de ce portefeuille d’avoir la vision d’une justice qui participe à la construction de la Nation, en privilégiant l’équité qui fasse prospérer la concorde entre les composantes de la société et d’une justice qui accompagne résolument les perspectives de développement et soutienne la sécurité juridique de tous les types de rapports dans la nation. Me Ahoussou est un avocat limité par la perception étriquée de la justice et qui croit qu’un bon ministre de la justice doit se contenter de constituer des dossiers contre les citoyens de son pays qui ne partage son opinion et qu’il vient de soumettre par les armes de soutiens étrangers puissants et inégaux dans le contexte de notre crise et même du contexte international, auquel lui, ses chefs et amis ont soumis notre pays. Faire recoloniser la Côte d’Ivoire après 50 ans n’est pas un motif de fierté qui autorise au sous-préfet et à ses collaborateurs de conduire notre pays comme vulgaire «quartier chaud» du colonisateur, dont les habitants doivent être mâtés pour les faire rentrer dans la République !
Que la démocratie soit ainsi manipulée et trahie, que le seul fait d’annonces intempestives devienne le mode privilégié et unique de gouvernement, que la volonté générale d’un aveuglement collectif autour de ce qui se passe actuellement en Côte d’Ivoire soit aussi déterminée et que ceux qui, en fait et en réalité, malgré la négation obstinée de leurs efforts, ont véritablement œuvré pour la démocratie, ont offert des élections dans des conditions pourtant contestables et à travers un processus simplement inacceptable, malgré tous les soutiens dont ont bénéficié les prétendus vainqueurs, soient ceux-là mêmes qui sont aujourd’hui vilipendés et traités de la sorte, quand ils n’ont fait que se défendre pendant plus de huit (8) ans contre une agression organisée, paraît vraiment et incroyablement abject. Il faut le dire, le répéter et l’affirmer encore et toujours contre vents et marées. Nous serons capables d’admettre le fait accompli, bien que détestable de cette «défaite de la volonté démocratique d’un peuple» conduit par un grand Homme sur l’Histoire n’aura pas fini de pleurer tant qu’il y aura des Ahoussou ministre de la justice ! Nous nous engagerons sans équivoque et sans lassitude aucune à défendre, même à contre-courants des tendances imposées par les maîtres du monde, les principes devant conduire nos pays africains à poursuivre leur construction démocratique, reposant sur les fondements de Nation solidaires et fortes de leurs diversités ! Nous n’arrêterons jamais de clamer que nos populations ont-elles aussi besoin de respect, de dignité et d’indépendance pour permettre à leurs enfants d’acquérir l’expertise qui leur permettre d’exploiter au mieux de nos intérêts nos innombrables ressources ! Ni les Ahoussou ministre de Justice injuste, ni tout autre individu du même acabit ne sauront nous arrêter, ni soumettre nos idées ou notre volonté de les amener eux-mêmes au bon sens contre lequel il s’échine par tant d’incompétences ! Nous saurons enfin aider la Côte d’Ivoire et le reste de l’Afrique à se libérer des mains traîtres et des sceaux de la colonisation permanente, car sans cela, ni la Côte d’Ivoire, ni l’Afrique n’aura de d’avenir à la hauteur de ses capacités véritables.
Que Me Ahoussou sache et le dise bien à ses patrons et maîtres, aucun Homme digne de ce nom, mu par des convictions et des idéaux, même si ceux-ci paraissent contestables à certains yeux, ne peut admettre de vivre avec l’opprobre, la calomnie et les accusations contestables qui planent sur le reste de sa vie et même sur sa descendance, jamais et quel que soit son camp. C’est pourquoi, il doit comprendre et surtout faire partager le fait que tout accusé est déterminé à se défendre dans la mesure où les conditions entourant les investigations et même le procès qui le concerne soient justes, objectives et sur des bases égales. Aucun justiciable ne saurait admettre de se voir accusé par une justice qui trie avec une savante sélectivité et une subjectivité avérée ses accusés, au point qu’il se sache même déjà condamné alors que les enquêtes sont en cours (condamné par le ministre !) et sachant qu’il ne sera nullement en sécurité dans l’environnement qui le condamne. Quand l’on voit que les droits les plus élémentaires des personnes sous accusations, enfermées sans aucun cadre formel, en dehors de la volonté du pouvoir et simplement parce qu’ils lui sont opposés, bafoués, il est quand même normal de se douter de l’objectivité d’une telle justice ! Quand ces nombreux prisonniers politiques se voient ainsi traités, que certains se trouvent sous arrestation alors que c’est le seul fait de les avoir arrêtés qui les y conduit, sans aucune procédure judiciaire préalable, au-delà souvent de suspicions subjectives en de nombreux points et du fait unique de ne pas faire partie du «bon camp», faut-il faire confiance à une telle forme de justice ? Nous nous défendrons de toutes ces accusations, même de celles qui nous accusent, faut-il en rire, d’avoir bien fait des choses qui leur profite aujourd’hui, et donc nous assumerons toutes nos responsabilités, mais dans un cadre similaire à celui qui a prévalu avant la brutale effraction de ces nouveaux dirigeants, qui ont assurément beaucoup à apprendre !
Aussi, si tant est que leur vrai objectif est de construire un environnement démocratique et fondé sur une justice respectée et constructive, les Ahoussou et autres maîtres, devront finir par se convaincre que conduire la justice dans les drames que vivent notre pays depuis trop longtemps maintenant, et véritablement combattre l’impunité, afin de permettre à tout accusé de quelque motif que ce soit, ils devront avoir au moins le courage de se convaincre que la démarche d’accusations dirigées ne leur apportera la crédibilité qu’ils souhaitent, ni la paix qui permet de remettre le pays sur la voie du développement. S’ils veulent réellement prendre le contrôle de la Côte d’ivoire, comme ils en ont l’extraordinaire opportunité, ils devront, avec courage et sérénité admettre que «l’enfer ce n’est pas seulement les autres», mais bien au contraire, que notre responsabilité collective en l’espèce ne permet à aucun d’entre nous, fussions-nous ministre de la Justice ou partisans des vainqueurs, d’ignorer sa part juste, tant dans nos drames communs que dans nos extases partagées. La Côte d’Ivoire ne pourra certainement jamais fonctionner sur une seule jambe, aussi parfaite qu’elle puisse être, car dès lors, elle reste un handicapé pour le reste de sa vie ! Et ce n’est certainement pas ce qu’un quelconque Ivoirien de bon sens et amoureux de son pays souhaiterait, peu importe son camp ! Car, pour son pays, pour la Côte d’Ivoire, il n’y a pas de camp contre un autre !
S.T. (Une correspondance particulière)
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