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Politique Publié le mercredi 13 juillet 2011 | Le Mandat

Interview / Kouablan François (SG national du PIT) à propos de l’arrestation des pros Gbagbo : “Les flagrants délits ne sont pas pris en compte par les immunités ”

Le Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT), du Professeur Francis Wodié, est en train de renaître de ses cendres. En plus de son échec au premier tour des élections présidentielles de 2010, le PIT a connu la plus grande crise interne de son histoire, pendant la crise postélectorale. Dans cet entretien qu’il a bien voulu, nous accorder, l’Honorable Kouablan François, Secrétaire Général national du parti, par ailleurs, Député de la circonscription de Tankessé-Koun-Fao, nous parle de l’avenir du parti et de la situation sociopolitique

Après la crise interne, comment se porte le Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT) ?
Le PIT se porte très bien. Seulement, nous avons connu, pendant la crise postélectorale, une crise interne. La Direction du parti est en train de régler cette crise dans l’esprit que tous les Ivoiriens abordent en ce moment. L’esprit de l’apaisement, l’esprit de la réconciliation. Nous faisons en sorte que la cohésion au sein du PIT, soit retrouvée très tôt en vue de penser à l’avenir.

Cette crise interne n’était- elle pas due au choix opéré par la Direction du parti, lors du second tour des élections présidentielles de 2010 ?
Notre choix était judicieux ! C’est la raison pour laquelle, nous avons maintenu notre position qui était de soutenir le candidat Alassane Ouattara. Dans toutes les organisations, il y a des règles et le principe qui guide le choix du PIT est un principe démocratique. Or, en démocratie, c’est le choix de la majorité qui compte. Nous avons débattu sur le sujet et une décision de la majorité a été prise. Il fallait s’en tenir qu’à cela. Malheureusement, certains membres de la Direction du parti ont violé les règles de la démocratie. Chose que nous avons dénoncé. Aujourd’hui, l’actualité politique nationale nous donne raison. C’est le candidat du RHDP que nous avons soutenu et c’est lui qui est au pouvoir. Il faut que les camarades se rendent compte qu’ils se sont trompés et qu’ils fassent leur mea culpa afin de revenir pour qu’ensemble, on poursuive le rêve que le PIT a voulu faire partager aux Ivoiriens.

N’est-ce pas la décision de la démission annoncée par le Président Francis Wodié, après son échec au premier tour des élections, qui est à la base de cette déchirure, au sein du parti ?
C’est la raison que les autres ont avancée. Une fois que le Président avait annoncé sa volonté de démissionner de la présidence du parti, ces détracteurs ont sauté sur l’occasion. Au niveau des instances dirigeantes, il était opportun que les premiers responsables de ces organes, à savoir le Secrétaire Général, le Secrétaire général adjoint et les 2 Vices-présidents, puissent se retrouver rapidement pour proposer au conseil politique national, des nouvelles mesures à prendre pour la gestion de la transition jusqu’au prochain congrès qui va choisir le nouveau Président. On aurait pu s’inscrire dans cette logique afin que le Comité central soit convoqué pour nous choisir parmi les cadres du parti, une équipe pour gérer la transition. Aussitôt annoncée, la 1ère vice-présidente qui assurait la suppléance pendant les petits repos du président s’est cru tout permis en s’autoproclamant intérimaire. Certes, l’annonce de la décision du Président avait ouvert une brèche, mais si les textes ne proposaient par une solution, le politique allait trouver une solution pour que la maison ne reste pas fermée.

Maintenant que tout est rentré dans l’ordre, à quand la tenue du prochain congrès ?
Le congrès devrait se tenir depuis 2008. Mais, il n’a pas pu se tenir à cause de la situation sociopolitique. Nous nous organisons en ce moment pour le 4ème Congrès national du parti. En attendant, nous avons pris la décision politique qui consiste à mettre sur pied, un collège présidentiel composé de trois membres qui dirigent le parti en collaboration avec le Secrétariat général

Malgré votre soutien sans faille à la candidature d’Ado, le PIT n’a pu obtenir un portefeuille ministériel dans le gouvernement d’union nationale. Quels commentaires faites-vous ?
Le soutien du PIT à la candidature d’Ado n’était pas conditionné par l’obtention d’un quelconque poste ministériel. Nous avons cru au programme du Président Alassane Ouattara, nous avons pensé qu’il peut apporter le changement, parce que 10 ans de gabegie, le PIT voulait que les choses changent pour permettre à la Côte d’Ivoire d’amorcer son développement. Quand le Président de la République jugera nécessaire qu’on entre dans le gouvernement, il nous avisera.

Le PIT va-il se fondre dans la grande famille du RHDP ?
C’est une question que le PIT se pose. Mais pour appartenir à un groupement politique comme le RHDP, il faut d’abord prendre part à son Assemblée Générale Constitutive. Le PIT n’est pas membre du RHDP, il est en alliance avec le RHDP pour régler les problèmes qui se posent à la Côte d’Ivoire. En février 2010, nous nous sommes associés pour faire reculer le gouvernement Gbagbo. Nous avons accompagné le RHDP au second tour de la présidentielle. Nous avons gagné ; c’est donc une nouvelle alliance. Pour l’instant, le débat n’est pas à l’ordre du jour. Le prochain Congrès donnera une nouvelle orientation du parti.

15 cadres proches de Gbagbo ont été inculpés pour crimes contre l’humanité. Parmi ces cadres figurent des députés. Ne pensez-vous pas que cette inculpation viole l’immunité parlementaire qui les protège ?
Il faut que les autorités s’en tiennent à la loi. Nous avons dit que ceux qui ont été reconnus coupables ou qui vont l’être, soient punis afin que l’impunité qui était devenue une règle de gestion politique puisse prendre fin. Ce sont des flagrants délits qui ont été constatés et qui ne sont pas pris en compte par les immunités parlementaire et gouvernementale. Il appartient à la justice de bien instruire les dossiers pour ne pas aller contre la loi. La situation n’est pas aisée, mais l’intelligence des hommes trouvera le juste milieu. Mais, il faut que cela serve de leçon à la classe politique et au citoyen lambda pour ne pas que ce qui s’est passé ne se reproduise plus.

Vous êtes Député de Tankéssé-Koun-Fao, et vous avez effectué, récemment, une campagne de sensibilisation pour la réconciliation dans votre circonscription. Avez-vous déjà recueilli les retombées de cette tournée ?
Depuis le 28 novembre 2010, où j’étais allé au village pour accomplir mon droit civique de vote, je n’y suis plus reparti, compte tenu de la situation de crise postélectorale. Il y avait comme une nostalgie qui s’était établie entre moi et mes électeurs. J’ai été accueilli en fanfare par les populations. Ça rappelle que la victoire d’Ado est la victoire de la démocratie. Dans la région, nous avons connu des menaces de mort qui ont fait que certains ont fui leur maison et le pays pour le Ghana voisin, lorsque le changement s’est opéré. Donc, il était question pour nous d’aller dire à ceux-là que la guerre est finie et qu’ils pouvaient revenir et vivre en frère. Pour donner l’exemple, au cours d’une messe de la Pentecôte, le dimanche 15 juin dernier, j’ai appelé le responsable LMP de notre Sous-préfecture à l’hôtel et nous nous sommes embrassés. Nous avons dansé ensemble au son de la chorale de l’église pour donner l’exemple de la réconciliation vraie, mieux l’exemple de la fraternité. Aujourd’hui, nous pensons que les parents sont dans la dynamique de réconciliation. Nous allons encore organiser une grande campagne de remerciement et de réconciliation, sur la demande des populations.

Comment sont vos rapports avec le ministre Augustin Kouadio Komoé Cadre de Lmp, fils de la région ?
Le ministre Augustin Komoé est mon cousin direct. Je n’arrive pas à le joindre. Mais les rumeurs font état de ce qu’il se trouverait au Ghana. Je n’ai pas encore engagé une démarche personnelle pour son retour. Parce que, le contexte actuel ne me permet pas de garantir sa sécurité. Pour le moment, nous cherchons à réconcilier les populations, le reste suivra.

Vous êtes le Secrétaire général du PIT, donc le n°2 du parti. Quel appel avez-vous à lancer aux militants et sympathisants ?
Nous rappelons à nos militants qu’ils se sont trompés lors de la présidentielle, de se ressaisir et de venir pour qu’ensemble, nous puissions atteindre l’objectif du parti. C'est-à-dire, avoir un groupe parlementaire. Nous apprécions le travail du gouvernement d’union nationale du Premier ministre Guillaume Soro.

Quelle est votre appréciation de la nouvelle Côte d’Ivoire ?
Je voudrais saluer le travail des journalistes et des hommes politiques. Je voudrais appeler les Ivoiriens à l’apaisement. Nous devons vivre ensemble pour reconstruire notre pays. Et cela ne peut se faire que dans un environnement sain. Il faut s’inscrire dans une logique où l’Ivoirien doit changer de mentalité et de comportement. Mettons une croix sur la corruption, le népotisme, le favoritisme. Au niveau économique, il faut créer des moyens pour se prendre en charge. Au plan sécuritaire, que ceux qui détiennent illégalement des armes les déposent pour que ceux qui ont le droit de s’en servir le fasse. Au niveau politique, pour ne pas tomber dans la dérive, une victoire est une victoire. Mais il ne faudrait pas qu’elle ferme la porte à l’opposition. Un pouvoir sans opposition est un pouvoir monarchique. Nous avons connu cela pendant plusieurs années. Et lorsqu’il s’est agi de mettre en application une des dispositions de notre Constitution pour permettre l’avènement du multipartisme, cette ouverture a été mal faite et elle n’a pas rendu service à la Côte d’ivoire. Même si c’est à la suite d’une lutte qu’ils sont arrivés au pouvoir, qu’ils fassent la place à l’opposition en lui donnant les moyens. Parce que, l‘opposition n’a pas que des éléments négatifs, elle éduque aussi la population quand elle est bien orientée.

Réalisée par
ADAYE KOUAKOU
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