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Économie Publié le vendredi 15 juillet 2011 | Nord-Sud

Lutte contre la cherté de la vie Les prix résistent

Les ménagères ont du mal à remplir leur panier. La raison, les prix résistent aux décisions gouvernementales. Certes, il y a quelques semaines, le marché s’est relativement apaisé, mais les choses ont à nouveau repris leur envolée.


Trois mois après la formation du gouvernement, l’effet attendu ne s’est pas encore produit. Du moins en ce qui concerne les prix des denrées alimentaires. Huile, sucre, bouillon, riz, carottes, etc. augmentent sans cesse sur les marchés au grand dam des ménages alors que les différentes mesures annoncées pour les faire baisser n’y ont rien fait. Au cours du séminaire gouvernemental, les autorités ont recommandé, entre autres, l’actualisation des centres de collectes de vivriers, l’amélioration des circuits d’ap­provisionnement, l’affichage et surtout l’arrêt du racket sur les routes. En attendant, les commerçants rechignent à baisser la température. «Les commerçants en font à leur tête malgré l’insistance des pouvoirs publics», fait observer Pascal N’dri; secrétaire général du Mouvement des consommateurs engagés de Côte d’Ivoire.

Trop de spéculations

Mais, c’est une tendance depuis plusieurs années dans la mesure où un comité interministériel avait été créé par le Premier ministre, Guillaume Soro à l’issue des émeutes de 2008. Les résultats, il faut le reconnaître, sont mitigés au regard de la courbe de croissance des prix à la consommation. Ces dernières semaines, on assiste à une inflation quasi-généralisée. Au marché des céréales d’Adjamé-Extension, les prix n’enregistrent presque pas de baisse. Le sac de riz de grande consommation est vendu au même tarif qu’avant la crise post-électorale c’est-à-dire 19.500 Fcfa. C’est l’une des caractéristiques de ce marché. Là où il n’y a pas de hausse, il n’y a pas non plus de baisse des prix. Pour certains produits comme la viande et le poisson, la tendance est généralement haussière. Le prix au kilo de la viande bovine a atteint en certains endroits, à Abidjan, les 2.200 Fcfa notamment au marché de Cocody. Ces augmentations touchent aussi le poulet qui connaît la même frénésie, atteignant les 3000 Fcfa, l’unité. Quant à l’huile, le litre coûte désormais 1.000 à 1200 Fcfa contre 950 Fcfa il y a quelques mois. La pâte de tomate de 900 Fcfa, a connu une augmentation de 50 Fcfa. Pour acheter un demi-kilogramme de poisson congelé, il faut débourser 650 au lieu de 500 Fcfa. Pour ce qui est du sucre, il a franchi le seuil habituel, oscillant entre 1000 et 1200 le kilo. Incompréhensible d’autant que le gouvernement affirme avoir importé au moins 100.000 tonnes en prévision du carême musulman. «Nous avons alerté les pouvoirs publics sur l’instabilité des prix des denrées sur les marchés», s’énerve le président de l’Association pour la protection des consommateurs d’Adjamé (APROCA), Ben N’Fally Soumahoro qui prévoit monter au créneau dans les tout prochains jours. Cette flambée, dit-il, est due à l’indolence du gouvernement dont «l’action ne se sent pas encore sur le terrain». Mais, il n’écarte pas non plus une certaine surenchère. Autrement dit, les consommateurs pourraient être victimes de la spéculation sur les marchés de la capitale économique. Pour beaucoup, en effet, ce sont les commerçants véreux qui rendent la vie chère. « Par des pratiques illicites, les commerçants sans foi ni loi s’enrichissent au détriment des con­sommateurs», laisse entendre l’entourage du ministre Dagobert Banzio. Pour lui, il n’y a pas de doute que la hausse des prix est le résultat des intermédiaires qui viennent se greffer à la chaîne et profitent des occasions pour accroître leurs gains. Avec ces commerçants véreux, la manœuvre est simple : créer des pénuries artificielles en constituant des stocks, puis imposer des prix exorbitants. «Cette pratique doit prendre fin. Nos commerçants doivent comprendre qu’ils ne peuvent indéfiniment pressurer les populations en complicité avec les transporteurs, en réalisant des superbénéfices sur le dos de celles-ci. Il faut que cela change », interpelle le ministre du Commerce. Comme pour donner un contenu à sa réprobation, M. Banzio a engagé l’Office de la commercialisation des produits vivriers à s’investir pleinement dans la sensibilisation et pourquoi pas dans la surveillance des prix. Cette injonction, il l’a faite lors de sa visite au siège de cette structure sous-tutelle. Malheureusement,à ce jour, rien n’a changé. Mais le ministre qui ne veut pas se résigner a mis en mission ses responsables régionaux afin de faire appliquer les décisions du gouvernement.

Banzio illisible

Une démarche un peu illisible qui risque évidemment de se solder par un constat d’échec, les directeurs régionaux ayant évoqué un problème de moyens opérationnels. «Il y a une absence totale de régulation. L’Etat doit faire en sorte qu’il n’y ait pas de dysfonctionnements. Tous ceux qui font obstacle doivent être sanctionnés. C’est l’impunité qui encourage cette pratique. On dirait que le ministère ne joue pas son rôle », tance William Alladié, président de l’Union citoyenne des consommateurs de Côte d’Ivoire. Il rappelle que la règlementation impose aux commerçants de publier les prix des différents articles dans les échoppes. «Il ne suffit pas seulement d’arrêter un maxima des prix pour résorber le problème. L’Etat doit s’investir pour qu’ils soient effectivement appliqués », ajoute M. Soumahoro. Autant dire que dans les boutiques, les commerçants affichent bien les prix mais ils vendent plus chers. A prendre ou à laisser.  Mais pour les opérateurs économiques, les responsabilités sont partagées. Selon les marchands de volailles, par exemple, la flambée des prix du poulet est la conséquence de l’augmentation continue des prix des aliments du bétail, dont les intrants sont essentiellement importés. «Que voulez-vous que nous fassions si nos fournisseurs augmentent les charges », s’écrit Béma Coulibaly, président des éleveurs de Koumassi. Quant à Collette Irié-Lou, président de la Fédération nationale des coopératives de produits vivriers, l’augmentation du prix de transport est à la base de celle des marchandises. « Je vais chercher mes marchandises. Le transport qui coûtait 2.000 Fcfa monte à 3000 Fcfa. Quand c’est comme cela, je suis obligée d’écouler mes produits plus chers pour ne pas vendre à perte », confie la commerçante. Par ailleurs, affirme-t-elle, la production des produits vivriers a quelque peu chuté. Les producteurs accusent le faible rendement des récoltes dû en partie à la crise post-électorale qui n’a pas permis d’entretenir les surfaces. De fait, nombreux sont les paysans qui ont déserté les exploitations pour éviter de subir les affrontements militaires. «Nous estimons que la crise a causé plus de pertes dans les zones fertiles. Les récoltes, les légumes et certains vergers ont été dévastés», a déclaré Isidore Oulai, vice-président du comité ad’ hoc pour la reconstruction de l’ouest. «Les prix sont déjà très élevés mais ils le seront davantage si le retour des déplacés n’est pas pris à bras-le-corps», argumente-t-il. Par ailleurs, les prix des produits alimentaires importés ou fabriqués localement sur la base de matières premières importées restent élevés. Cela, alors que les prix des matières premières connaissent ces dernières semaines une tendance baissière. Le bouillon, la farine, voilà autant de produits qui enregistrent depuis la crise post-électorale une hausse parfois exagérée. Tenez, le bouillon malgré la pression de la fraude coûte aujourd’hui 35 voire 40 Fcfa l’unité. De quoi rendre amère la sauce. Mais cette volatilité s’inscrit en continuité par rapport à l’année dernière même si la situation est de plus en plus maîtrisable. Dans ce contexte, l’évolution de l’inflation est inquiétante même si au niveau du ministère il n’y a pas lieu de s’affoler.

Lanciné Bakayoko
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