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Politique Publié le lundi 18 juillet 2011 | Soir Info

Menaces de déstabilisation : Pourquoi la Côte d`Ivoire est verrouillée par les puissances étrangères - Les dessous du passage de Fillon à Accra

La Côte d’Ivoire sort d'une crise post-électorale sanglante, mais elle fait toutefois l'objet d'informations tendant à faire croire à des actions de subversion. Le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, a fait part au cours d'une visite officielle en France, en mai 2011, de son souhait de voir la force française Licorne maintenue en Côte d’Ivoire. ''Je demande (...) que la base française, le 43e BIMa, soit réactivée et continue en Côte d’Ivoire'', a-t-il déclaré. La force Licorne, déployée en 2002 à la suite du coup d’État manqué contre Laurent Gbagbo, a joué un grand rôle dans l’accession de Ouattara au pouvoir. Le 43e bataillon d’infanterie de marine (BIMA) était stationné depuis 1978 à la base de Port-Bouët et comprenait 450 militaires, avant d’être dissous en 2009. ''La Côte d’Ivoire est un pays important, nous avons une influence régionale qui va jusqu’à la frontière de l’Algérie, il y a des risques de terrorisme, des risques de trafic de drogue, et par conséquent nous avons besoin d’un système non seulement militaire mais d’un système de renseignement sophistiqué et la France peut nous donner cet appui'', a expliqué le président ivoirien. Au cours de la visite de 48 heures du Premier ministre français François Filllon, à Abidjan du 14 au 15 juillet 2011, le président Alassane Ouattara est revenu sur cette demande. Qu'est-ce qui explique cette insistance du président ivoirien? En effet, les informations rapportées sont inquiétantes. Le 4 juillet 2011, le ministre ivoirien de l’Artisanat, Konaté Sidiki, qui est également un proche du Premier ministre Guillaume Soro, a affirmé que des partisans du président déchu du pays, Laurent Gbagbo, étaient en train de préparer un coup d’État depuis le Ghana voisin. Ce que beaucoup ne considèrent que comme des rumeurs semble, selon les dires de Konaté Sidiki, être un projet bien concret. Le ministre a indiqué aussi que son gouvernement a ''infiltré le dispositif'' de ces opposants afin ''de sécuriser la population ivoirienne''. En plus, le commandant de gendarmerie Abéhi Jean-Noël, ex-patron de l'escadron Blindé d'Agban, a lui aussi fait des déclarations effrayantes (cf. Le Nouveau Réveil du jeudi 14 juillet 2011). Abéhi s'est entretenu, selon notre confrère, avec un groupe restreint d'éléments qui lui sont fidèles. A ceux-ci, il a laissé un message qui ne laisse planer aucun doute sur ses intentions : "Je m'en vais mais je reviendrai pour disputer la seconde partie du match". En outre, à l'ouest de la Côte d'Ivoire, le gouvernement libérien a annoncé le 16 juin 2011, qu’il avait découvert une cache d’armes dans le comté de Grand Gedeh, près de la frontière ivoirienne. Le contenu de la cache, notamment 67 AK-47, deux fusils d’assaut, trois missiles pour RPG, une mitraillette et des milliers de cartouches. Au vu de ces quelques faits, le président Ouattara a décidé d'anticiper bien avant, en mettant en place un plan de sécurisation du territoire national.

Les racines du soutien de la France

La Côte d'Ivoire pourrait donc bénéficier de l’appui inestimable de grandes puissances, notamment les Etats-Unis, la Russie et la France, qui se livrent une bataille souterraine pour obtenir un marché lié à la sécurité en Côte d’Ivoire. Pourquoi spécifiquement la Côte d'Ivoire? Il faut avoir à l'esprit que si les autres puissances défendent dans un environnement mondialisé, leurs intérêts en Côte d'Ivoire, la France, reste un cas particulier. Selon une étude intitulée: ''La Côte d'Ivoire: la paix s'éloigne'' de Claudio Gramizzi, chargé de recherche au Grip (Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité), les intérêts économiques français en Côte d’Ivoire justifient bien le prix de son engagement en Côte d'Ivoire par le truchement de l'opération Licorne. Premier fournisseur et premier client de l’Etat ivoirien, la France est également le principal investisseur étranger en Côte d'Ivoire. Les 240 filiales et autres 600 sociétés à capital français présentes sur les marchés ivoiriens opèrent dans presque tous les secteurs vitaux de l’économie ivoirienne. L’exploitation des hydrocarbures (Total-Elf-Fina opère dans la distribution des produits raffinés et détient 25 % de la Sir), la production et la distribution d’électricité (la majorité de l’actionnariat de la Cie et de Ciprel est détenue par le groupe Bouygues), l’assainissement et la distribution de l’eau (la Sodeci est une filiale du groupe Bouygues), les bâtiments et les travaux publics (par les groupes Bouygues, Vinci, Setao et Colas), les transports (Bolloré possède une participation importante dans la société de chemin de fer Sitarail et contrôle la quasi-totalité des marchés connexes au transport maritime), l’exploitation des ressources naturelles (notamment par les groupes Bolloré et Castel), les télécommunications (France Télécom est le principal actionnaire de Côte d’Ivoire Télécom et de la Sim) et le secteur banquier (par les filiales des groupes de la Société Générale, du Crédit Lyonnais et de Bnp Paribas). Sans revenir sur l’historique de cette présence en Côte d’Ivoire, signalons que les entreprises françaises détiennent également 27% du capital social des entreprises ivoiriennes. Telle est la racine de l'engagement français en Côte d'Ivoire. Pour stabiliser ce pays, le Premier ministre français s'est rendu à Accra au Ghana le samedi 16 juillet 2011, à l'effet d'avoir, selon nos sources, les assurances du gouvernement ghanéen de ne pas servir de base arrière pour une éventuelle action de déstabilisation de la Côte d'Ivoire. Le général Béréna Gnacoudé commandant de la Force de l'Onuci s'est rendu à Aboisso à la frontière ghanéenne, en vue d'y installer un camp militaire. Aussi, huit (8) nouveaux camps militaires de l'Onuci seront bientôt installés à l'ouest du pays en vue de contenir les menaces qui pourraient venir du Libéria. Le chef de l’Onuci, Young-Jin Choi, et son homologue de la Minul (Mission des Nations unies au Libéria), Ellen Margrethe Loj, se sont rencontrés le 7 juillet 2011 à Abidjan afin de discuter de la collaboration entre les deux missions. ''La frontière ivoiro-libérienne est longue de 700 km. Il est difficile d’y assurer pleinement la sécurité sans une coopération et une coordination des opérations'', a expliqué Mme Loj. Le président Ouattara devrait lui aussi évoquer avec son homologue Hellen Johnson Sirleaf, la question de sécurité frontalière entre les deux États au cours d'une visite au Libéria. En clair, des actions sont menées en vue de verrouiller le territoire national contre toutes les menaces de déstabilisation. L'engagement des grandes puissances aux cotés de la Côte d'Ivoire n'est pas innocent. La protection des intérêts économiques, notamment français, justifie bien son engagement. A cet effet, la France compte utiliser tous les moyens pour le stabiliser car, il est le premier investisseur étranger en Côte d'Ivoire.

K.A.Parfait
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