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Politique Publié le jeudi 28 juillet 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Rediffusion / Hermann arre (journaliste) depuis son exil : ‘’Un coup d’Etat contre le Président Ouattara est une aventure suicidaire’’

Le 19 Mai 2011, il y a environ 50 jours, L’Intelligent d’Abidjan avait ouvert ses colonnes à Hermann Aboa. Nous rédiffusons à la demande de plusieurs lecteurs, cet entretien.

Où se trouve Hermann Aboa et pourquoi avez-vous quitté le pays?
Où je me trouve en ce moment ? Je ne crois pas que cela soit encore un secret. Des journaux m’ont annoncé au Ghana, j’y suis bel et bien. J’ai quitté Abidjan les premiers moments de l’arrestation du Président Laurent Gbagbo pour seulement éviter d’être victime des débordements et dérapages après cette « grande prise ». Je ne vous dirai pas comment j’ai pu regagner ce pays voisin mais vous devriez l’imaginer aisément. Et depuis environ un mois, je suis au Ghana. Mais de façon temporaire. J’attends bien évidemment retrouver mon pays et reprendre mon travail, au service de l’Etat.

Avez-vous des nouvelles de Charles Blé Goudé?
Votre question me permet de revenir sur un droit de réponse que j’ai envoyé à votre confrère ‘’Le Nouveau Réveil’’ qui avait écrit dans une de ses parutions de la semaine dernière que je tiendrais ici au Ghana avec des leaders comme Charles Blé Goudé des réunions afin de faire un coup d’Etat. La question que je continue de me poser est : pourquoi un coup d’Etat et contre quel régime ? Si c’est celui du Président Ouattara, je dis tout de suite que, vu le rapport des forces d’un point de vue de la pratique des relations internationales, cela s’avère une aventure suicidaire. Cette petite analyse me suffit donc pour ne pas m’associer à un quelconque projet de coup d’Etat. Et puis je suis certes devenu un politique mais je ne suis pas politicien. Je laisse le jeu de la politique aux leaders politiques. Je n’ai pas pour ambition d’être Président de la République. Ce n’est pas de moi qu’il s’agit quand Le Nouveau Réveil parle de réunions pour déstabiliser le régime Ouattara. Arrêtons de faire l’amalgame. Je ne suis qu’un simple journaliste qui a certes ses convictions mais qui ne faisait que son travail, agent qu’il est dans un média d’Etat. Pour vous dire en clair que je n’ai pas de contact ici avec les politiques encore moins avec Charles Blé Goudé qu’il m’était d’ailleurs très difficile de voir quand le régime du Président Laurent Gbagbo était en place.

Vous qui vous proclamiez 75% FPI et 25% journaliste, vous considérez-vous comme un exilé politique?
Je ne me suis pas présenté ainsi. Je l’ai moi aussi lu quelque part mais bon, je ne cache pas le fait que d’un point de vue idéologique, je me rapproche de ce parti. Je suis, pour mieux vous éclairer, de ceux qui soutiennent les prises de position du vice-président du FPI, le Professeur Mamadou Koulibaly, Président de l’Assemblée Nationale et je crois que ce dernier ne m’a pas encore déçu. Je suis foncièrement attaché à des idéaux qui prônent le développement de l’Afrique par les Africains eux-mêmes et non sous le diktat des Occidentaux. Et donc je souhaite des Etats africains vraiment indépendants. Mais en même temps, cette prise en main des affaires par les Africains eux-mêmes ne doit pas se faire dans le désordre, la pagaille. La rigueur doit être de mise à tous les niveaux et ça, c’est malheureux de le reconnaître, on ne l’a pas été suffisamment. Malgré tout, je ne me considère pas comme un exilé politique. Une fois de plus, je ne suis qu’un simple journaliste qui faisait son travail, tel que le recommandent les missions de la RTI : défendre les Institutions de la République et accompagner l’action du gouvernement. Et jusqu’à hier, le Président Laurent Gbagbo incarnait l’effectivité du pouvoir d’Etat. Aujourd’hui, le Président Alassane Ouattara est là, c’est une nouvelle page qui s’ouvre et la RTI va se mettre de façon pleine et entière à sa disposition. Je suis agent de la RTI ; j’attends de reprendre mon poste et continuer de travailler pour l’Etat.

Avez-vous le sentiment d'avoir accompli votre travail de journaliste ou vous sentez-vous responsable de la crise qu'a connue le pays?
Je ne me sens d’aucune façon responsable de ce qui est arrivé. Pourquoi les journalistes vont-ils porter sur eux les erreurs des politiciens ? Je crois que j’ai accompli mon travail de journaliste. Les erreurs, c’est à ma rédaction d’en tirer les conclusions. Il y a une frange de la population qui ne l’appréciait peut-être pas, mais j’ai fait mon devoir en tant que journaliste exerçant dans un média d’Etat, qui obéit donc à une ligne éditoriale. Ligne éditoriale tracée par les supérieurs hiérarchiques mais qui est fonction de la volonté de celui qui tient les rênes du pouvoir. Et ce principe de fonctionnement de la RTI ne va pas changer avec le nouveau régime. Le Président Alassane Ouattara est aujourd’hui celui qui tient le gouvernail. Il doit certainement s’attendre à ce que la RTI le suive partout et dire du bien de lui à tout moment et une fois en passant, évoquer les bonnes actions de ses opposants et adversaires politiques. C’est pour cela que la RTI a été créée et je ne crois pas qu’elle fera autrement parce que le pouvoir a changé de main. D’ailleurs, j’estime que cela contribue à renforcer la solidité du régime et à garantir une certaine cohérence dans la coordination des actions de toutes les entités institutionnelles. Peu importe les convictions politiques de chacun des agents de la RTI. Qu’on le comprenne et les peaux de bananes qu’on se lance cesseront. Et puis la RTI respirera véritablement.

Seriez-vous prêt à revenir à la RTI?
Je ne suis jamais parti de la RTI. Je constate avec tous les téléspectateurs que la RTI n’a pas encore repris son signal. Pour ce que j’ai compris aussi, un personnel a été réquisitionné pour animer TCI en attendant que le signal RTI ne revienne. Je suis en contact avec la plupart de mes collègues qui me demandent d’observer encore quelque temps. Vous devez comprendre que je suis encore en dehors du pays juste pour des raisons sécuritaires. Dans cette crise postélectorale en Côte d’Ivoire, la passion a pris malheureusement le dessus sur l’essentiel et les gens se regardent aujourd’hui en chiens de faïence, prêts à bondir sur celui qu’on a identifié comme sa proie de chasse. C’est ce qui fait peur. Sinon, il y a quel mal à voir Alassane Ouattara Président de la Côte d’Ivoire si c’est pour que le pays prospère ?

Qu'attendez-vous des nouvelles autorités ivoiriennes?
Beaucoup de choses. Il faut que le Président Ouattara réussisse à ramener l’amour dans le cœur de chaque Ivoirien. Et cela peut passer par la tolérance qu’on accorde à celui qu’on dit qu’il a été hier notre bourreau. Pour une vraie réconciliation, le Président Laurent Gbagbo et ses proches doivent avoir la quiétude. On a vu dans ce pays des personnes amnistiées et lavées de tous leurs crimes. Le Président Ouattara peut le faire pour ses prédécesseurs. Mettre un trait sur le passé et créer les conditions pour que l’Ivoirien et celui qui vit avec lui soient épanouis. Quelle que soit son appartenance politique, quelles que soient ses racines ethniques, quelle que soit sa religion… La Côte d’Ivoire qui veut se réconcilier n’a pas besoin de présenter des trophées de guerre. Pour vivre ensemble, il faut s’accepter avec les imperfections de l’autre.

Quel appel pouvez-vous adresser à vos compatriotes restés au pays?
Je souhaite sincèrement que tous les modérés du régime Ouattara, et je suis convaincu qu’il y en a, prennent le dessus sur les extrémistes et passionnés pour qu’aboutisse le projet de réconciliation nationale, si cher au Président de la République. Que les passionnés du camp Gbagbo donnent aussi une chance de réussite au nouveau régime. Chacun à son humble niveau doit donner une chance à la paix. Comme on le dit, c’est Dieu qui choisit nos dirigeants, chacun en son temps. C’est le temps du Président Ouattara aujourd’hui, la suite est entre les mains de Dieu.

Réalisée par David Yala, In L’IA du Jeudi 19 Mai 2011
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