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Politique Publié le lundi 12 septembre 2011 | Nord-Sud

Guillaume Soro, secrétaire général des FN, à l’ouverture du conclave : «Restons unis derrière Bédié, Ouattara, Mabri… »

Guillaume Soro, secrétaire général des Forces nouvelles n’a pas fait mystère de la démarche que devront adopter les cadres civils du moment. A l’entame du conclave qui les a réunis, samedi et dimanche, à Bouaké, il a prôné l’union sacrée avec le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp).

« Chers amis, je voudrais avant tout noter l’émotion qui nous étreint ce jour. Et en des mots très simples, mais venant  du plus profond du cœur, dire d’abord et avant tout, merci à Dieu qui nous a tous préservés. Je salue les uns et les autres ici rassemblés. En votre nom à tous, je voudrais d’abord dire merci aux femmes, aux jeunes.
Je dis merci aux braves populations de Bouaké, de Korhogo, de Séguéla, de Man, de Bouna et d’Odienné. Je dis merci aux religieux, aux chefs traditionnels. Merci à tous mes collaborateurs, tous, sans exception. Je salue les anciennes FaFn, des combattants intrépides.  
Je dis merci aux sympathisants. Merci aussi à tous ces anonymes omis qui, pourtant, ont fortement contribué au succès des Forces nouvelles. Je dis même merci à nos ennemis. Qui par leur inimitié ont plutôt stimulé, décuplé et catalysé notre victoire. Je dis merci à tous et  à toutes.
 Mesdames et messieurs, aujourd’hui, je ne vais pas écrire un livre d’histoire. Mais je veux simplement me remémorer avec vous, mes contemporains, le 19 septembre 2002 ; rappeler les revendications des Forces nouvelles : l’identité, des élections, une armée républicaine.
Je veux me remémorer le long chemin parcouru. Cette si longue marche n’aurait pas été possible si vous n’étiez pas là. Et, c’est grâce à vous que nous avons tenu et que nous avons réussi.

Il y a eu des
moments difficiles…


Tant ces 9 longues années, comme un fleuve tantôt coulant, tantôt agité, n’ont pas été de toute évidence simples.
Remémorons-nous les discussions au Togo, Lomé 1 et 2. Remémorons-nous Marcoussis, Accra 1, 2 et 3, Pretoria 1 et 2. Rappelons-nous l’Accord de Ouagadougou. Souvenons-nous aussi de nos turpitudes, de nos divisions à mort, nos batailles rangées, pro-Soro, Pro-IB et que sais-je encore. C’est notre histoire, bonne ou mauvaise, c’est notre histoire. Nous devons assumer notre histoire. Nous devons assumer notre destin. Souvenons-nous des bombardements de Gbagbo le 04 novembre 2004 sur Bouaké, des tueries, des massacres de Monokozoï. Souvenons-nous des moments difficiles vécus à la RTI. N’oublions pas l’attentat du 29 juin qui a vu la mort, hélas de proches collaborateurs dont deux protocoles et deux gardes du corps, dont le chef.
Rappelons-nous aussi les moments d’espoirs, des visites de nombreuses personnalités, de nombreux chefs d’Etat. Bouaké, capitale de la paix ! Souvenons-nous de la Flamme de la paix, de toutes les prières para- œcuméniques. Oui, c’est ensemble que nous avons affronté l’adversité. C’est aussi ensemble que nous devons partager nos joies.
Malgré les médisances, les méchancetés, nous n’avons pas varié notre conduite. C’est grâce à vous que j’ai tenu dans les rôles de ceux qui nous affublaient de tous les épithètes. Guillaume le rebelle, Soro le libérateur, Guillaume le vendu, Guillaume le traître. Je ne me suis pas laisser émouvoir ni varié ma conduite. C’est pourquoi même aujourd’hui, quand j’entends çà et là, Guillaume le conquérant, Guillaume le libérateur,  je ne suis pas non plus ému. Je ne varierai pas ma conduite car le peuple demeure le peuple. Le peuple qui célèbre, mais le peuple qui peut aussi châtier. Quelle que soit l’ambiance, les yeux rivés sur l’objectif, nous nous sommes battus tous ensemble pour notre citoyenneté. Qui ne se souvient du fameux slogan ‘’Donnez-moi une carte d’identité et je vous donnerai mon arme’’. Bouaké vous avez eu vos cartes d’identité.  C’est une victoire ! Bouaké vous avez eu des élections démocratiques. Réussir déjà à organiser des élections, c’est une victoire ! Réussir à envoyer Laurent Gbagbo à des élections, c’est aussi une victoire ! Réussir à envoyer la Cei à proclamer les résultats, c’est aussi une victoire. Mais le grand mérite, c’est le combat au prix de notre vie, jusque dans la ville d’Abidjan pour le respect du verdict des urnes, le respect de la démocratie. Je salue tous ces héros, vaillants combattants qui ont affronté la faim, la pluie, les balles ennemies pour le triomphe du président démocratiquement élu, Alassane Dramane Ouattara. Hélas, certains sont tombés, d’autres mutilés. Mes chers amis, sachez que le combat pour la démocratie, le combat pour la liberté mérite qu’on y consacre la vie. A présent, tournons-nous vers les raisons de notre conclave qui se tient quelque six mois après la chute de l’ancien régime. Le contexte a changé, le régime a changé, la Côte d’Ivoire a changé. Oui, je sens le changement au sein des Forces nouvelles. Le général Bakayoko n’est pas là à ce conclave, ce matin. Les commandants Chérif Ousmane, Wattao et Fofié Kouakou ne sont pas non plus là. Ils appartiennent désormais à l’armée nationale de Côte d’Ivoire. Ils appartiennent aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire. C’est en leur honneur. Et c’est aussi en votre honneur. Parce que c’est le combat commun, les efforts conjugués qui ont permis que chacun, son chemin faisant, fasse sa carrière. Oui, les Forces nouvelles n’ont plus leur branche armée. Le mouvement militaro-politique qu’ensemble nous avons bâti de fait est là. Alors, il faut nécessairement restructurer les Forces nouvelles. Pour créer un parti politique ? Assurément pas. Pourquoi meubler le paysage politique déjà surchargé ? Nous sommes un mouvement, pas un parti. Nous sommes en alliance avec le Rhdp. Alors ne nous divisons pas, car l’union fait la force. Restons avec nos aînés Bédié, Ouattara, Mabri, Anaky, Gnamien Konan. Soyons unis ! Mettons l’intérêt national en avant.  Cette question fondamentale, d’importance, devra faire l’objet d’un débat lors de vos travaux. Les cadres civils et politiques ont des ambitions, sommes toutes, légitimes, que je comprends, que je soutiens et que j’accompagnerai. D’autres sont ministres dans les institutions gouvernementales, d’autres Dg, d’autres encore doivent aller à l’assaut de l’institution parlementaire.  Qui sont-ils ? Comment devons-nous procéder, comment réussir ensemble avec nos alliés du Rhdp ? Le conclave devra non seulement y réfléchir, analyser mais également y répondre. Chers amis, voyez-vous, ce n’est pas encore fini. Quand on a le pouvoir, il faut le consolider. Nous devons, pour ce faire, rester unis. Ne nous laissons pas abattre. Votre objectif, notre objectif commun devra être l’unité, l’union pour conquérir en partenaires, en amis, en alliés, l’assemblée nationale. Je demande aux cadres civils des Forces nouvelles de ne pas mettre leur propre personne ou leurs ambitions personnelles au-devant de l’intérêt commun. Certains sont souvent frustrés, frustrés de ne pas être nommés ministre, surpris de ne pas être nommés Dg, frustrés de ne pas être nommés patron. La gestion la plus difficile est celle où on fait des hommes. Je suis un homme. Et il m’est arrivé quelquefois de me tromper. Quelquefois de perdre patience. Il m’est arrivé souvent de déprimer. Dans de telles circonstances je me plais à aller causer avec des amis pour demander conseil. Et je voudrais vous faire cette confidence d’un grand frère, le président Compaoré, pour qui j’ai une si grande estime. 

Et des moments
d’espoir

 Je me souviens d’une de nos causeries, alors que je me lamentais sur la nature humaine, sur le comportement d’amis devenus ministres et de collaborateurs quelque peu rétifs,  il m’a regardé et il m’a simplement répondu ceci : « tu vois Guillaume, le problème des hommes est celui-ci, tu nommes quelqu’un Dg, il devient ton ennemi parce que tu ne l’as pas nommé ministre. Tu nommes quelqu’un ministre, il devient ton ennemi parce que tu ne l’as pas laissé au gouvernement pendant 25 ans. Mais la vraie question, et la bonne question, est de savoir, serais-je devenu Dg, ministre sans Compaoré ? Certainement, d’autres le seraient devenus, d’autres pas, où dois-je me placer ? »
Chers amis, l’amitié et la fraternité, la loyauté et la confiance sont au-dessus des postes. Chers amis, ce conclave va se consacrer à étudier, à analyser et à trouver des réponses aux questions essentielles. Le président du comité scientifique n’a dit que du bien. Notre mouvement, surtout les Forces armées des Forces nouvelles, a été dissous. Et la gestion des anciennes zones ? Que devient la centrale ? Nous aborderons toutes ces questions, je vous fais confiance à tous parce qu’ensemble nous avons travaillé des années durant, nous avons traversé toutes les difficultés, partagé les espoirs. Nous avons frôlé le désespoir mais aussi nous avons nourri l’espoir, aujourd’hui je vois qu’ensemble nous puissions nourrir de grande ambition, nous puissions nourrir de grands espoirs pour notre pays.
Chers amis, nous sommes au pied du mur, il faut construire, il faut bâtir. Tant de défis restent encore à relever pour chacun d’entre nous. Mais aussi tant de défis restent à relever pour nous tous, ensemble unis, rassemblés. C’est pourquoi, chers amis avant de conclure cette causerie, ce temps de parole, vous me permettrez de terminer par des remerciements, tout particulièrement, d’abord à mes collaborateurs, tous sans exception, tous qui ont abandonné qui leur travail, qui leur famille dans des mouvements de nébuleuse, tous ceux qui ont cédé qui sont partis sans visibilité, qui nous ont suivis dans les méandres de l’abîme le 19 septembre 2002. Je veux les remercier en commençant par  les anciennes Forces armées des Forces nouvelles. Les combattants qui, au demeurant, entrant en Côte d'Ivoire le 19 septembre 2002, avaient accepté la mort,  avaient accepté de se battre, souvenez-vous, c’est de façon artisanale dans l’impréparation presque totale que nous avons agi au fil du temps, consolidant les acquis, relevant de nouveaux défis que nous avons bâtis de supers défis heureux pour la Côte d’Ivoire comme un patrimoine national  parce que nous avons contribué à la restauration de la démocratie. Nous avons contribué par nos efforts, nos larmes, au redressement de notre pays, nous avons contribué à la remise en scène de notre Côte d’Ivoire, notre chère Côte d’Ivoire. Nous l’avons sortie de l’abîme et c’est au prix de mille sacrifices pour ces combattants qui sont tombés sur les différents fronts de bataille. C’est à la lumière de l’actualité internationale qu’on comprend mieux le combat des Forces nouvelles. Je voudrais remercier mes collaborateurs et les cadres civils qui, par leur soutien, leur loyauté, leur constance, ont contribué grandement à l’émergence d’idées nouvelles, dans la construction d’une stratégie, dans l’application de la tactique.
A tous, je dis merci, je n’oublierais pas la presse nationale et internationale qui nous accompagnés relayant les jours heureux les bonnes informations, les jours malheureux les informations quelque peu malheureuses. Mais enfin, c’est tout ça qui fait le monde, c’est tout ça qui fait la beauté du combat des Forces Nouvelles.
Mesdames et messieurs, je vous dis merci d’avoir contribué, mesdames et messieurs, je vous souhaite un bon conclave. Merci».

Propos recueillis à Bouaké par Allah Kouamé et Denis Koné
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