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Politique Publié le jeudi 15 septembre 2011 | Le Mandat

Prochaines élections générales/ Namizata Sangaré (Pdte Ofaci) : “Nous luttons pour que les femmes occupent 30% des postes électifs”

© Le Mandat Par DR
Société civile ivoirienne: Mme Sangaré Namizata, Présidente de l’OFACI
Le rideau est tombé, hier, sur le séminaire de formation et de réflexion, tenu depuis le 12 septembre 2011, à la Cerap de Cocody, par l’Organisation des femmes actives de Côte d’Ivoire (Ofaci). Au terme de cette rencontre, la présidente de l’Ofaci, Mme Namizata Sangaré, a bien voulu se prêter à nos questions.

Qu’est-ce qui a motivé la création de l’Ofaci ?
L’Ofaci a été créée depuis 1999. Elle a pour mission de lutter pour la protection et la promotion des droits de la femme. L’Ofaci a aussi une forte implication dans le processus de démocratisation de notre pays. Nous mettons en œuvre des activités de promotion des droits de la femme dans des langages simplifiés en leur expliquant qu’elles ont des droits politiques économiques et sociaux. Depuis 2004, nous avons mené des actions dans le processus électoral avec les partenaires comme l’Union européenne et l’ambassade du Canada. Nous avons sensibilisé les femmes sur la nécessité de se faire identifier par une pièce. Nous avons fait de même lors des opérations d’audiences foraines. Nous avons parcouru les 19 régions du pays, à travers 24 localités pour sensibiliser les populations, afin que les sans-papiers soient en nombre réduit dans notre pays. Au niveau du processus d’identification des populations et de recensement électoral, nous avons sensibilisé les femmes, à travers les radios de proximité, les affiches publicitaires et l’émission télévisée « espace citoyen ». Nous revendiquons donc le fort taux de participation des femmes aux élections présidentielles qui est de 50,8 %.

En cas de violation des droits de la femme, quels sont les moyens de répression auxquels l’Ofaci fait recours ?
Nous faisons recours à la dénonciation. Pour cela, nous avons mis en place un observatoire de défense des droits de la femme que nous avons installé dans 10 localités du pays. Chaque fin du mois, nous produisons un rapport que nous distribuons à tous les décideurs.

Pouvez-vous nous présenter succinctement le rapport de votre enquête sur les violences commises sur les femmes pendant la crise postélectorale?
L’Ofaci a diligenté une enquête à l’issue de la crise postélectorale, dans le mois de juin 2011, en tant qu’observateur du processus électoral, à travers la convention de la société civile dont nous sommes membres fondateurs. Les résultats au deuxième tour des élections que nous avions compilés n’étaient pas très loin de ceux de la Cei. A partir de ce moment, nous ne pouvons pas accepter qu’à la fin de ce processus, la paix et la démocratie soient mises à mal. Les mercenaires et miliciens incontrôlés et endoctrinés n’ont pas épargné les femmes. Selon notre enquête, nous avons dénombré 128 cas de décès, 65 cas de viols, 144 cas de cessation d’activité. L’objectif de cette enquête était d’établir les faits et les circonstances de la perpétration de ces violences, faire les recommandations et les verser à la Commission dialogue vérité et réconciliation, parce que si la vérité n’est pas établie, il nous sera difficile d’aller à la réconciliation.

A quoi répond le séminaire national de formation qui vient de se tenir les 12, 13 et 14 septembre 2011 ?
Le séminaire répond à deux objectifs. D’abord, depuis notre création, nous n’avons fait que la promotion du droit de la femme. Nous sommes maintenant à la phase de la protection des instruments des droits en faveur de la femme et après nous allons passer à la défense. Il y a des résolutions sur les droits de la femme qui sont méconnues par elles-mêmes. Je veux parler, notamment, des résolutions issues du Conseil de sécurité et de paix de l’Onu. Ces résolutions ne sont pas appliquées en Côte d’Ivoire.

En se référant au droit de la femme à occuper des postes de responsabilité, êtes-vous satisfaite de la participation de six femmes au gouvernement Ouattara ?
Il y a encore du travail à faire à ce niveau ; c’est pourquoi nous avons tenu le séminaire. Au Kenya, en 2004, tous les chefs d’Etat africains ont sorti un texte sur l’égalité, l’équité et le genre. Une déclaration solennelle pour faire la promotion de la femme demande 30% de participation. Le 21 février 2007, l’ancien chef d’Etat s’engageait à faire ratifier le protocole à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Jusqu’aujourd’hui, la Côte d’Ivoire n’a pas encore ratifié ce protocole, alors qu’une trentaine de pays l’a déjà fait. Ensuite il a décidé d’amener les institutions publiques et privées à faire la promotion d’au moins 30 %, ainsi qu’aux postes électifs. Nous luttons pour que les femmes occupent 30 % des postes électifs. Nous voulons qu’elles fassent en sorte que les droits de la femme soient respectés, que les instruments en souffrance soient ratifiés et que leurs décrets d’application soient pris car comme le disait le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki moon : « il ya une vérité universelle appliquée à tous les pays, à tous les communautés, à toutes les cultures. La violence à l’égard des femmes n’est jamais acceptable, jamais excusable et jamais tolérable ».
Réalisée par ADAYE KOUAKOU
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