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Santé Publié le samedi 24 septembre 2011 | Le Patriote

Soins gratuits/manoeuvres de sabotage ; Le chemin de croix des malades

D’une première phase de quarante cinq jours, allant du 16 avril au 31 mai dernier, la politique de gratuité des soins s’est vue prolonger pour une durée non encore déterminée. Malgré le sentiment de satisfaction général constamment exprimé par les usagers des centres de soins publics et des premiers responsables du ministère en charge de la santé, la réalité sur le terrain semble être parfois toute autre. Les malades s’ils ne sont pas victimes d’abus de tous ordres, sont après, un premier acte de soins livrés à eux- mêmes. D’autres, quant à eux, vivent un véritable calvaire, sinon boivent le calice jusqu’à « la mort ». Les raisons de ces désagréments, selon des témoignages recueillis aussi bien auprès du personnel soignant que des malades varient d’un hôpital à un autre, d’un CHU à un autre. Du dysfonctionnement criant des différents services à la vente illicite de médicaments destinés à la gratuité, au paiement des prestations de soins, et surtout aux actions déguisées et souterraines de boycott, tout y est employé parfois, avec la saine volonté de certains agents véreux et de malades « écervelés » qui font le faux malade pour faire des stocks de médicaments. Tout un kit de mauvaises pratiques, en particulier chez le personnel soignant, contribuent à corser davantage la souffrance physique et morale des malades. Le premier d’entre les difficultés inhérentes à la généreuse politique de soins gratuits reprennent en chœur la plupart des médecins et infirmiers interrogés reste lié à l’augmentation fulgurante du taux de fréquentation des établissements sanitaires.

La surcharge de travail entraîne un « burn-out »
Accueil des plus désagréables qui afflige plus d’un malade venu soulager sa souffrance dans un centre de soins public. Les agents de santé parfois débordés parviennent difficilement à calmer le nerf. Et le premier contact avec le patient se trouve être parfois des plus tumultueux : « Écoutez,- je ne prendrai aujourd’hui que 10 patients, les autres, repassez demain » lance avec désinvolture, un chirurgien devant la centaine de patients grelotant et tétanisés par la douleur qui se bousculent devant la salle des consultations préopératoires (CPA) des services chirurgicaux du CHU de Treichville. Parfois supérieure à 100% du taux habituel, l’augmentation fulgurante du taux de fréquentation des établissements sanitaires est pour beaucoup, nous confie le directeur de l’hôpital général de Koumassi, dans le malaise qui aujourd’hui perturbe le système de l’offre des services dans les CHU et les hôpitaux. « Des hôpitaux, qui avaient l’habitude de recevoir entre 25 et 30 patients par jour, sont désormais confronté à 200, voire 300 consultations. L’hôpital compte une douzaine de médecins dont six généralistes » indique Narcisse Alla Koffi, directeur général de l’hôpital de Koumassi. Puis de renchérir « Du fait de la sur-utilisation des services, Il y a un épuisement rapide aussi bien du personnel que des stocks de médicaments essentiels, des intrants stratégiques et des consommables : lesquels stocks qui ne sont pas immédiatement renouvelés. De nombreux laboratoires et services de radiographie ont cessé de fonctionner, pour faute de disponibilité d’intrants. Les patients sont souvent obligés d’avoir recours, pour ceux qui en ont les moyens, aux établissements privés, pour effectuer des examens d’explorations para-cliniques » précise-t-il. Réel, préoccupation certes, mais tout le malaise des soins gratuits, nous précise un autre chirurgien de l’hôpital général de Port- Bouët a trait surtout aux mauvaises pratiques des agents de santé véreux. « Le médecin m’a prescrit une ordonnance, il m’a laissé entendre que ce médicament n’est pas disponible à la pharmacie du CHU. Et comme par enchantement, au moment où je m’apprêtais à aller dans une pharmacie privée, il m’a interpelé et m’a fait la proposition de me vendre les dits médicaments », révèle Kouassi Ngoran, un patient interné au CHU pour pseudarthrose du col fémoral. « Les pratiques de vente des médicaments sont multiples et courants ici au CHU. C’est le fait surtout des médecins de garde, la nuit pour les malades internés, ils vous prescrivent des ordonnances et ils vous demandent d’acheter ces médicaments à moindre coût avec eux » renchérit un autre patient visiblement mal à l’aise face à ces pratiques peu recommandables.

Les hôpitaux de Port-Bouët, de Daloa plus inquiétants
Cette opération de vente illicite de médicaments par un réseau d’agents de santé est corroborée par les inquiétudes récemment exprimées courageusement par le ministre de la Santé et de la Lutte contre le SIDA, Pr. N’dri Yoman « Des détournements de médicaments nous ont été signalés. Nous avons mené des investigations et nous pouvons dire qu’effectivement, il y a eu des détournements. J’interpelle donc tout le monde pour que cela s’arrête », confiait-elle, au terme d’une visite inopinée qu’elle avait effectuée à la Pharmacie de la santé Publique (PSP) à Treichville. Prenant la mesure du danger, le premier responsable de la santé avait exhorté les responsables de la PSP à la vigilance, car affirmait-t-elle, le vol peut même venir de leur « maison ». « Les détournements de camions de médicaments peuvent se faire à la PSP », avait-t-elle conclu. Malgré ces appréhensions qui se trouvent être fondées, aucune sanction ni audit n’a été diligenté pour faire la lumière sur ces détournements de stocks de médicaments. Les malades eux, continuent de payer auprès d’agents de santé véreux, les médicaments destinés à la gratuité. Les hôpitaux de Daloa et de Port- Bouêt, selon des sources concordantes, sont passés maîtres dans cette pratique peu recommandable. L’hôpital général de Port-Bouët que nous avons visité est même le prototype du dysfonctionnement des services de soins et des ventes illicites de médicaments destinés à la gratuité des soins. Un hôpital chèrement équipé par les soins de Médecin Sans Frontière, disposant de trois blocs opératoires de dernière génération, continue jusqu’à ce jour de faire de l’évacuation de patients sur le CHU de Cocody « son cheval de bataille », alors que tout « le matos » pour sauver la vie des patients s’y trouve. Il y a peu, MSF avec un corps médical dévoué, a fait de cet hôpital un centre de soin de référence dans le District d’Abidjan. Malheureusement avec le retrait amorcé de MSF, l’hôpital bat de l’aile. Dysfonctionnement criant des différents services, manque de personnels conduisant même à la fermeture de certains blocs opératoires. Tous ces pratiques rétrogrades, le manque d’anticipation des premiers responsables des centres de soins frise à la limite une volonté souterraine de saborder, sinon saboté la généreuse et utile politique de soins gratuit cher au président de la République. Pourquoi faut-il que le ministère de la santé échoue là où des organisations comme MSF ont réussi, malgré tous les aléas au plus fort de la crise postélectorale, à offrir des services de soins des plus irréprochables. Cette question mainte fois posée reste sans réponse.
Moussa Keita
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