Construction du pont de Jacqueville : Pourquoi Socojac doit être rétablie dans ses droits

La construction du pont de Jacqueville est en cours. La société de construction du pont de Jacqueville (Socojac) est exclue du projet. Elle n’y a même pas un droit de regard. Une rocambolesque affaire.

Par le décret 2003/ 397 du 23 octobre 2003, l’Etat a créé la société de construction du Pont de Jacqueville(Socojac). Dans l’article 2 de ce décret, il est indiqué que la Socojac a pour objet exclusif, « la conception, le financement, la construction, l’exploitation et l’entretien d’un pont à péage sur la lagune Ebrié reliant les deux sections revêtues de la route Abidjan-Jacqueville, de ses voies d’accès et des installations accessoires ». A la création de cette société, Mme Coulibaly Sita, ingénieur des travaux publics, alors représentant le Bnedt en Guinée, a été invitée à rentrer illico pour la diriger. Rentrée au pays, elle a été nommée Directeur général et présentée aux populations de Jacqueville lors d’une cérémonie comme la tête à couper si d’aventure le pont ne venait pas à voir le jour. A la prise de fonction du conseil d’administration de Socojac, les administrateurs ont constaté une ambigüité dans le rôle que doit jouer l’Ageroute dans la construction du pont. Au sein de l’Ageroute, en effet, a été créée une structure qui joue le même rôle que la Socojac baptisée « Unité de gestion du projet ». En fait, une sorte de doublon. Malgré tout, la Socojac a été installée dans ses bureaux aux Deux Plateaux. Aucun décret n’a dissous cette structure créée par le gouvernement. Mais curieusement, lorsqu’en 2008, l’appel d’offres pour la construction du pont a été lancé avec l’Ageroute comme autorité contractante, la Socojac a été tenue à l’écart. Elle a été royalement ignorée pour des raisons obscures. L’argument évoqué par la direction de l’Ageroute pour exclure la Socojac est que ce sont les bailleurs de fonds qui auraient décidé de la mise à l’écart de cette société créée uniquement pourtant pour la construction du pont. Mais après vérification, les responsables de Socojac ont découvert que ni l’Uemoa ni la Boad n’y étaient pour rien. C’est comme si la Socoprim, créée pour la construction du troisième pont Riviera Marcory, est mise de côté au moment du lancement et de l’exécution des travaux. Ainsi avec toutes ces opportunités en matière d’ingénierie et de financement extérieur, les responsables de Socojac, sont réduits à se tourner les pouces. Mais le plus difficile à comprendre c’est pourquoi, après avoir exclu Socojac de la construction du pont de Jacqueville, il lui est refusé de conduire d’autres projets annexes comme l’aménagement des deux rives (Songon et Ndjem) à partir de financements nord-américains. Plusieurs partenaires sont prêts, en effet, à investir et à se faire rembourser par péage dans des projets comme le pont de Vridi Canal, ceux de Beugredon, de Couvé, de Braffédon, l’autoroute reliant Abidjan à partir du canal de Vridi, Toukouzou et Grand Lahou, avec une route Irobo Toukouzou et une route Songon Ndjem. Des sociétés comme Hatch, Tranding international développement Agency, Jackon sont prêtes à se lancer dans des projets qui vont revaloriser la cote. Hélas ! Tout est bloqué par la tutelle. Pourquoi ? Y a des choses pas claires. Vivement que l’autorité compétente jette un coup d’œil sur ce qui se passe avec Socojac. Nos courriers déposés à l’Ageroute et auprès du Fonds d’entretien routier(Fer) pour comprendre cette situation et bien d’autres actes bizarres sont restés sans suite. Entre autres bizarreries, on constate que des bons de commandes adressés par le Pca du Fer, Jean Claude Kouassi, à des sociétés différentes ont le même numéro de compte contribuable, le même numéro de registre de commerce, la même adresse géographique et postale, pour des travaux portant sur plusieurs centaines de millions de Fcfa. Ça va exploser.

Traoré M. Ahmed