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Économie Publié le mercredi 28 septembre 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Enquête express / Fonctionnaires à plein temps, transporteurs par occasion

Dans l’univers des véhicules personnels transformés en moyens de transport

Se déplacer à Abidjan n’est pas chose facile. Cela n’est plus à démontrer. Rien qu’à voir les longues files d’attente dans les gares routières et gares des taxis en commun, l’on s’aperçoit tout de suite de l’irréfutable réalité que constituent les déplacements en zone urbaine, et surtout dans une agglomération d’une démographie galopante. A Abidjan, la solution momentanée a été trouvée aux différentes pénuries de véhicules de transport en commun. Cap sur une trouvaille sans nulle pareille…

On a tendance à le dire, «Abidjan c’est technique». Une expression trouvée à juste titre pour qualifier et décrire le vécu quotidien des Abidjanais qui n’ont d’autres choix que d’innover à défaut de périr. Le secteur du transport comportant d’énormes difficultés dues certainement à l’insuffisance des véhicules, mais aussi au désordre que connaît ce secteur, des fonctionnaires ont décidé de «prêter main forte aux transporteurs», en mettant à disposition de la clientèle leurs véhicules.

Fini les temps de grâce avec les auto-stop

Il y a eu une époque en Côte d’Ivoire et notamment à Abidjan où la fraternité l’emportait sur toute autre attitude au point où l’on se rendait mutuellement service. Aux heures de descente, on pouvait voir des personnes baisser un tant soit peu leurs vitres pour interroger
d’autres, sûrement des personnes en attente d’un véhicule de transport
en commun, au sujet de leurs destinations, afin de les y conduire si tel est que leur chemin convergeait. Et c’est avec amabilité que l’on se portait volontiers de conduire, souvent même jusqu’au domicile de son compagnon d’un soir, l’individu où les personnes qu’on venait d’embarquer dans sa voiture. Aujourd’hui, cette époque est révolue.

La conjoncture, provoquée par la dévaluation du franc CFA y est sûrement pour quelque chose. «Avant on avait plaisir à transporter de jeunes élèves (filles comme garçons), qu’on prenait de retour du travail, au Plateau», nous explique Assémien, un fonctionnaire à la retraite. Et le sexagénaire de poursuivre : «C’était des occasions pour nous d’exhorter ces enfants au travail, afin de s’acheter un jour une voiture. On est plus attentif souvent à ce que nous dit un inconnu que ce que nous disent nos propres parents», confessa-t-il nostalgique.
Avec la crise économique, les gens sont devenus de plus en plus individualistes et surtout très intéressés.

Leurs choux gras, les heures de pointe

Aux heures de pointe, ils (fonctionnaires et agents d’Etat qui s’adonnent à cette pratique), s’approchent des gares de véhicules de transport, proposent leurs services aux coxers (des jeunes chargés de réguler les gares, d’entretenir la clientèle et de l’orienter), afin de prendre avec eux certains clients qui leur payeront ce service.

Certains parmi eux sont souvent méconnus des jeunes coxers, mais beaucoup sont par contre des abonnés à cette pratique. Une fois le deal établi, ils reversent le chargement (somme variable en fonction des tarifs) aux coxers. Et hop ! Vous voilà dans un véhicule personnel comme on le dit si souvent ici, dont souvent vous ne vous imaginez même pas y avoir accès un jour. Il y en a de tous les genres. Des grosses cylindrées aux véhicules modestes en passant par des tacots.

Tout y passe.

Avantages et inconvénients

Interrogés sur ce néo-phénomène, ceux qui l’exercent ainsi que les transporteurs et les coxers, sont unanimes : «ça permet d’oxygéner le secteur du transport. Moi je le fais toutes les fois que je vais au travail. Donc six jours sur six, si je me rends au travail, je passe à la
gare et je récupère des clients avec bien sûr le pourboire des jeunes.
Ça me permet bien entendu d’arrondir mes fins de mois. Je suis très casanier et quand je ne suis pas au travail, je reste à la maison. Donc c’est cet argent qui me permet de m’acheter du carburant», a dit Kouamé Kouassi, agent d’assurance. Traoré Moussa est transporteur de wôrô-wôrô (véhicule de transport en commun), à la gare des Deux Plateaux ‘’Mobil’’. Il pense que c’est même salutaire pour eux ainsi que les clients : «Pendant les heures de pointe, les clients sont trop. Et c’est difficile de répondre à la demande. Ces fonctionnaires nous permettent de desservir notre clientèle aisément», a fait savoir le chauffeur. Pour Jules, jeune coxer, ils payent souvent mieux que les transporteurs eux-mêmes. «Les ‘’boss’’, avec eux on gagne plus parce qu’ils n’aiment pas avoir les problèmes de monnaie avec leurs clients.

Donc ils nous donnent le surplus», a fait savoir ce coxer. M. Guigui, lui, estime que loin de le faire à but lucratif, il privilégie plus l’aspect social. «Moi, j’ai mal quand je vois de longues files d’attente dans les gares. Je fais ce que je peux en permettant à certains de rentrer un peu plus tôt chez eux», avoue-t-il. Du coup, outre l’avantage socio- économique qui s’en dégage, il y a aussi un précieux temps que ces «bons samaritains» font gagner. Mais Abel Affoumou qui a déjà bénéficié de ce service, estime que les clients devraient être un peu plus courtois avec ceux-ci et surtout préparer la monnaie, car ils ne sont pas des transporteurs. «Certains clients font exprès pour ne pas avoir la monnaie sur eux et cela crée des désagréments après. D’autres par contre, demandent trop à ces hommes. Ils ne sont pas indulgents et demandent qu’on les dépose parfois où un transporteur professionnel ne l’aurait jamais fait», nous a-t-il confié. Il faut dire cependant que même les transporteurs à plein temps et transporteurs occasionnels contribuent au bien-être des populations. Celles-ci méritent que ce secteur soit assaini pour la sécurité des usagers et que les coûts de trajet soient revus à la baisse.

A Dedi
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