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Politique Publié le mardi 11 octobre 2011 | Le Nouveau Navire

Secteur maritime et portuaire de Côte d`Ivoire 100 jours après la fin de la crise, quel bilan ?

© Le Nouveau Navire
Le Port Autonome d`Abidjan
La crise militaro-politique a provoqué des bouleversements du tissu portuaire, du monde maritime, de ses acteurs, de leur organisation (communauté) et de leur relation économique avec leurs différents partenaires. A l`heure du bilan dit des "100 jours des activités et acquis gouvernementaux", dans quel état se trouve le secteur maritime et portuaire…
Après le premier séminaire gouvernemental pour définir la matrice d`actions de chaque ministère, le gouvernement s`est à nouveau retrouvé, pour évaluer les axes stratégiques qui devaient guider les plans d`actions sectoriels des 35 ministres du gouvernement Ouattara.
Bien que la relance de l`économie a occupé une bonne place au cours du séminaire gouvernemental, on se doute fort qu`en raison des impératifs de la sortie de crise, les points de la sécurité et de la réconciliation nationale ont dominé les débats. Toutefois, le secteur maritime et portuaire constituant le poumon de l`économie en Côte d`Ivoire, on est donc fondé de savoir comment se porte ce secteur après la fin de la crise politique.

Aller plus loin après Yamoussoukro…

Première piste de réponse à cette interrogation, on notera en priorité, les états généraux de la mer organisés par le gouvernement par le truchement de la direction générale des affaires maritimes et portuaires (DGAMP) du 15 et 17 septembre 2011 à Yamoussoukro. Ces assises, ont permis de faire un état des lieux exhaustif du secteur.
Sur papier, des engagements majeurs ont été pris. On citera comme points saillants des travaux de Yamoussoukro : l`adoption d`un nouveau code maritime afin de doter le secteur d`un cadre juridique plus approprié; le financement de la politique maritime en Côte d`Ivoire par le biais de la création d`un fonds à même de permettre aux acteurs du secteur de développer leurs activités et enfin, l`affirmation d`une volonté politique en vue de la création de compagnie de navigation maritime.
Comme on le voit, les états généraux de la mer constituent à n`en point douter un excellent point d`encrage des actions du gouvernement en faveur des acteurs du secteur maritime qui n`ont pas bénéficié d`un tel plateau depuis au moins 50 ans.
Toutefois, les patrons du milieu soutiennent que les assises de Yamoussoukro ne doivent pas occulter le marasme dans lequel baigne actuellement le secteur. De l`avis d`un chef d`entreprise, la reprise est difficile : "Ce n`est pas facile. Pour le moment, il n`y a que les grosses entreprises étrangères qui tournent. Elles ont vu la crise venir et grâce à leur connexion dans l`hexagone, elles ont pu se préparer pour éviter de couler…ça n`a pas été le cas pour les petites boîtes. Dans un monde économique de forte compétitivité, c`est difficile que des sociétés qui ont fonctionnés au ralenti et même pas du tout pour certaines, durant cinq mois de crise, puissent reprendre facilement ? Il faut absolument que l`Etat nous aide…"

L`appui de l`état réclamé…

Quand on évoque l`exonération fiscale, l`une des mesures d`urgence prise par l`Etat pour aider les entreprises au sortir de la crise, certains chefs d`entreprises du secteur la juge insuffisante. Ils estiment leurs pertes énormes durant la crise. A savoir, perte de clientèle, donc difficultés de trésorerie, inflation des charges de fonctionnement. “La Solution” que leur propose le gouvernement est inadaptée.
Des patrons ont même jugé discriminatoire la mesure d`aide directe dont aurait bénéficié certaines entreprises françaises ; "Pourquoi on ne ferait pas pareil pour les entreprises nationales de la plate-forme portuaire. Puisque tous connaissent notre poids dans la balance de payement de l`Etat ? " a dénoncé un de nos interlocuteurs avant de poursuivre: "Vous savez que notre secteur est l`un des plus gros employeurs du pays. Aujourd`hui, avec les difficultés que nous avons connus nous sommes obligés à notre corps défendant, de procéder à des mesures de licenciement et de mise en chômage technique… en attendant mieux." Des propos qui contrastent avec la récente déclaration du Chef de l`Etat qui souhaite que le secteur privé soit en première ligne pour résorber le chômage en Côte d`Ivoire.

Les activités portuaires encore au ralenti…

Les deux ports de Côte d`Ivoire ne sont plus sous sanction de l`Union Européenne. Une situation qui avait bloqué le trafic de ces deux places fortes de l`économie nationale. Le trafic portuaire reprend donc peu à peu son cours normal. Mais une petite visite sur les quais montre que les choses sont encore au ralenti. Les acteurs du secteur portuaire justifient cet état de fait comme la conséquence du détournement du trafic portuaire d`Abidjan en direction de certains ports de la sous-région pendant la crise. "C`est un effet boomerang que nous subissons. Pendant la crise, les opérateurs économiques qui fréquentaient nos ports ont été contraints d`aller ailleurs. Et là-bas, on leur a fait des facilités pour les fidéliser. C`est la loi du marché. Et même si le Port d`Abidjan est le mieux loti en matière d`infrastructures et propose, par rapport à ses concurrents, un faible coût de transit, le racket sur nos routes continue de freiner l`élan des opérateurs économiques habituels d`Abidjan. C`est une réalité. La Côte d`Ivoire n`a plus l`exclusivité du fret qui part vers les pays de l`hinterland par exemple…" a confié un acteur de la plate-forme portuaire.
Il est évident que durablement, Abidjan reprendra sa place de leader portuaire de la sous-région. Mais ce ne sera possible qu`aux seules conditions de l`instauration d`une paix durable dans le pays, et surtout par l`éradication complète du racket, un fléau qui a pris une ampleur désastreuse sur nos routes avec l`avènement des Forces Républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI).
On note également que la santé des activités portuaires se mesure avec le thermomètre de la fréquence des navires qui mouillent dans les ports. La main d`œuvre docker est à l`évidence liée à cela. Or aujourd`hui, ils sont encore nombreux les dockers qui se plaignent de ne pas travailler à plein temps: "On vient chaque matin mais ce n`est pas tout le monde qui a la chance de monter sur les bateaux qui viennent… Dieu est grand ça va aller…" a affirmé un docker, les yeux dans le vide. Ce n`est donc pas encore l`affluence dans nos ports.
Comme remède à court terme, les acteurs du secteur maritime, souhaitent que le gouvernement engage une offensive commerciale et diplomatique au plus haut niveau en direction de l`extérieur. "Il faut aller dire à nos partenaires de l`extérieur que la page de la guerre est tournée et que la Côte d`Ivoire est à nouveau fréquentable. Les nouvelles autorités portuaires devraient à leur tour s`engager sur la même voie…" Conclura un observateur avisé de la plate-forme portuaire. En attendant, 100 jours après la fin de la crise, le secteur maritime et portuaire se tourne encore les pouces.
Diomandé Sekouba
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