Escadrons de mort et assassinats politiques de 2002 à 2010 / Séka Séka avoue : Voici les tueurs

Le caïd est passé à table. Arrêté le samedi 15 octobre dernier à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny de Port-Bouet alors qu’il se rendait en Guinée, celui qui est connu et reconnu comme le parrain des escadrons de la mort, est passé aux aveux à l’issue de près d’une dizaine d’auditions. Selon des informations en notre possession, l’ancien aide de camp de Simone Gbagbo n’a pas fait de mystère pour livrer des noms de ceux avec qui il a tué des Ivoiriens depuis l’éclatement de la rébellion jusqu’à la crise post-électorale. Parmi les noms de ses acolytes qu’il a cités, il y en a de célèbres et aussi d’anonymes. Séka Séka a en effet cité comme faisant partie des escadrons de la mort, le Général Dogbo Blé Bruno, ancien commandant de la Garde républicaine. Ce dernier a été mis aux arrêts quelques quatre jours seulement après la capture de Gbagbo dans une de ses garçonnières dans la commune du Plateau. Aux dires de Séka Séka, le Général de Division Guiai Bi Poin, ex-Directeur de l’Ecole de la Gendarmerie et tout aussi ex-patron du CeCOS, figure en pôle position sur la liste des tueurs sans visage qui ont endeuillé des centaines de familles ivoiriennes. Guiai Bi Poin a d’ailleurs été mis aux arrêts le samedi 20 août dernier et détenu au camp commando de Koumassi après la découverte d’un charnier à l’Ecole de gendarmerie d’Abidjan. Le ‘‘Rougeot’’ et son Centre de commandement des opérations de sécurité (CeCos) ont été épinglés de nombreuses fois par les organisations de défense des droits de l’Homme. Sur la longue liste des complices de l’ex-aide de camp de Simone, figure le colonel Adou Donga, ancien chef de cabinet du Général Kassaraté Edouard Tiapé, ancien Commandant supérieur de la Gendarmerie nationale. Adou Donga Denis, 50 ans révolus, plus connu par ses intimes, sous le sobriquet de ‘’ADD’’, a été mis aux arrêts mercredi 27 juillet au petit matin, plus précisément à 1 heure du matin, alors qu’il se trouvait dans un hôtel d’Abidjan. Il était reproché selon nos sources, à cet officier supérieur, de tenir des réunions secrètes avec des mercenaires dans le but de déstabiliser le régime du président de a République. Aussitôt mis aux arrêts, il avait été conduit au camp de gendarmerie de Koumassi. Commandant du Groupe d’escadron blindé (GEB), le Commandant Jean Noël Abéhi est l’un des fers de lance des tueurs à gages de Gbagbo. Le lundi 16 mai, alors qu’on s’y attendait le moins, pour ne dire pas du tout, l’on apprend que l`un des irréductibles officiers restés fidèles au président déchu Laurent Gbagbo, a été reçu en audience par le Premier ministre et ministre de la Défense Guillaume Soro, chef de l`ex-rébellion des Forces nouvelles. Pendant environ deux heures, le chef de l`Escadron blindé de la Gendarmerie, accompagné de quelques uns de ses éléments, s`est entretenu avec le chef du gouvernement, sous l`œil témoin du patron de la réconciliation nationale, accompagné pour la circonstance, de Nanan N`Goran Koffi II, chef de canton Fafoué, et chef de Bouaké: «Le commandant Abehi qui a eu à livrer des combats contre d`autres Ivoiriens, est venu se mettre à la disposition de la République. Les débats ont été francs, les vérités ont été dites et il y a eu la repentance», a déclaré le président de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation. Poursuivant que «le retour de Abehi dans la République est un signe. Je ne peux pas prétendre apaiser les cœurs, si ce n`est Dieu qui peut le faire. Je demande aux Ivoiriens de prier pour la réussite de ma mission», avait dit Banny. Le Lieutenant Dorgelès N’Guessan, membre du groupe de sécurité portuaire de San Pedro, et le Capitaine Roland Yao Kouakou Kan, chef du bureau des ressources humaines de la première légion mobile d’Agban, ont été aussi cités par Séka Yapo Anselme dit Séka Séka.
Yves-M. ABIET